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Troisième opus du quartet toulousain, ‘La Danse du Koala’ est sans conteste l’album de la consécration. Révélés par ‘Aléas Quartet ‘, en 2005, un opus mêlant compositions originales et reprises de Om Kalthoum et Rabib Abou Khalil, notamment, le groupe confirme son style original au travers d’un second CD, ‘Jazz Oriental’, un album ‘live’ dont le titre résume à lui seul là où le groupe est allé puisé ses influences.
Avec ‘La Danse du Koala’, le quatuor a non seulement effectué la synthèse musicale de toutes ces années de quête, mais il est allé plus loin encore, puisant au plus profond de lui-même ce qui en fait sa couleur, sa personnalité, son originalité.
Cette couleur, elle vous est offerte dès les premières notes du premier morceau, ‘LucAnouk’, avec ces sons occidentaux, orientaux, balkaniques qui se superposent tels des rayons d’arc en ciel. Des rayons qui illuminent l’intro de ce morceau avant de fusionner les uns avec les autres dans de superbes envolées, comme celle de ce sax qui brille tel un soleil majestueux. Le rythme chamanique de la guitare vous happe et vous vous laissez embarquer sur les presque sept minutes d’une embarcation qui se laisse porter par la houle. Vous êtes sur mer et dans les airs à la fois, vous êtes en occident et en orient, magie des notes qui vous enveloppent pour ne plus vous lâcher.
Magiciens des notes, les musiciens qui composent Aléas le sont, incontestablement: Cyril Laurent, au saxo, est aérien et léger, subtil et fin lorsque l’atmosphère du morceau l’exige, sachant être présent et même envahissant quand nécessaire, à l’instar de Stéphane Guinonie aux guitares et au ney. Côté rythmique, Mathieu Jardat à la basse et contrebasse ainsi que Xavier Guinonie (batterie, percussions et steel drum) se montrent d’une justesse qui frise la perfection, libérés de toute influence pesante et avec ce feeling propre aux rythmiques novatrices.
Au travers de quelques titres tels ‘Tolosa Semaï’ et ‘Ethio-Groove’, c’est même son âme que le groupe vous dévoile tant il vous fait frissonner de plaisir. Sans doute deux des plus beaux titres de jazz novateur entendus depuis pas mal de temps. Deux titres aux rythmes bien différents, avec un groove endiablé pour le second, et qui démontrent que Aléas est aussi à l’aise, et reste totalement lui-même, quel que soit le pouls du morceau. Un pouls qui bat lentement sur ‘Tolosa Semaï’ et qui s’accélère sur ‘Ethio-Groove’. Un pouls que vous sentez battre tout au long des huit compos alignées ici et dans lesquelles figurent quelques très belles envolées, dont ce superbe solo de guitare électrique sur ‘La Danse du Koala’, morceau qui a d’ailleurs donné son nom à ce troisième album.
Un petit joyau que cet album dont, personnellement, j’aime aussi beaucoup la qualité du graphisme, signé Seb Cazes. Un regret, un seul, peut être, que cet excellent album ne soit pas accompagné par un livret dont les notes et les photos auraient pu apporter un éclairage intéressant à tous ceux qui ne connaissent pas l’histoire, et l’âme, d’Aléas.
Et tant mieux si cela rime avec Aléas, car le combo le mérite: Chapeau bas!
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Le quatuor est composé de Stéphane Guionie aux guitares, de Cyril Laurent aux saxophones ténor, soprano et baryton, de Mathieu Jardat à la basse et à la contrebasse, et de Xavier Guionie à la batterie, au steel drum et aux percussions. Le côté fratrie n’aura échappé à personne, même en y mettant de la mauvaise volonté! Ceci étant balayé d’entrée, ce disque, je vous l’assure, est un formidable vecteur de voyage. L’utilisation du steel drum nous plonge immédiatement dans l’univers des steel band de Sainte Lucie et autres îles des Grenadines. Une atmosphère toute particulière se construit petit à petit puisqu’à côté de cette rythmique exotique, c’est une guitare acoustique au timbre davantage méditerranéen qui s’impose sur le fond sonore d’un sax qui entraine l’ensemble de manière très rythmée et syncopée. Et d’ailleurs plus qu’une invitation aux déplacements planétaires, celui-ci est davantage une acceptation de toutes les différences musicales possibles.
Les sonorités des musiques répétitives à la Terry Riley ne sont pas loin! Car le paradoxe réside, peut-être, dans le fait que bien que dense et fourni, l’univers musical de ce groupe évoque un certain minimalisme qui en constitue la richesse. Ce qui nous fait aussi penser à la musique jouée la nuit au fin fond de l’Indonésie…
Le deuxième morceau mélange les influences évoquées dans le premier en y rajoutant des influences orientales. De même que le troisième qui commence par des similitudes avec ce qui a précédé, tout en faisant la part belle à des sonorités qui proviennent d’Asie. Impossible de s’extraire des influences venant de toute la planète lorsqu’en tant que musicien dans l’âme, on demeure ouvert à tout ce qui vous est proposé de si belle manière.
Il émane une grande sérénité de ce disque car il s’installe, au fil des morceaux, comme un certain fatalisme musical qui s’impose presque naturellement. Une certaine musicalité tranquille qui permet d’écouter ce disque à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. Et un morceau comme ‘La danse du koala’ vient comme corroborer mes propos. Sans doute la raison cachée qui explique que c’est également le titre de l’album…
Toutes les sonorités nouvelles que l’on attend, espère, ressent, arrivent inéluctablement et ces garçons ont le don de nous les faire accepter de manière toute naturelle. Le fil conducteur de cet opus est sans aucun doute l’accueil que l’on se doit de faire à tout ce qui est ‘nouveau’.
‘Jeux d’os’ surprend davantage, en cela qu’il semble être le contraire de tout ce que j’ai écrit précédemment car s’il vient nous perturber dans l’univers dans lequel nous nous sommes installés, il prouve aussi combien les musiciens savent s’adapter et gérer la nouveauté au sein de cet ‘album concept’. Chose qu’il nous faut apprendre en même temps qu’eux, d’ailleurs. Et nous avons quitté là l’univers à minima pour pénétrer dans quelque chose de plus riche, de plus dense, où le rationnel touche du doigt l’irrationnel.
Un album qui ne ressemble à aucun autre est certainement la preuve qu’il est en train de se passer quelque chose sur la planète Jazz. C’est ce dont nous sommes certains avec ce disque…!!!
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine