ALAIN PELLETIER – VOYAGES

Chanson française
ALAIN PELLETIER - VOYAGES

“Le seul voyage qui vaille est celui que nous faisons là où nous sommes, toutes écoutilles au vent, quand notre but n’est pas de conquérir le monde mais d’être conquis par lui.” – Francis Cabrel

Avec ce deuxième album bien nommé dont ‘Voyages’ est l’intitulé, Alain Pelletier nous offre un passeport pour l’évasion sur ses terres de prédilection.
Cet auteur, compositeur, interprète, amoureux des rivages de Bretagne avec ce souhait d’en faire un jour son pays de Cocagne, avec bénédiction nous offre six de ses compositions.
Mais avant tout, ne laissons pas ces auto-stoppeurs sur le bord de la route, car ces musiciens, liés par l’amitié, prennent place aux côtés de Alain Pelletier dans ce magnifique Combi VW T1 qui sans équivoque est le symbole d’une autre époque où soufflait avec félicité un vent de liberté. Citons ces artistes, dévoués complices, qui partiellement ou ensemble, de leurs instruments ou de leurs voix, tout au long du parcours, à leurs talents laissent libre cours: Melissa Cox au violon, Dominique Lambert à la batterie, Julien Fabre à la basse, Véronique Rénier à l’accordéon, Paul Massiani à la guitare électrique, Sandra Bideaux et Mireille le Goff aux choeurs et au chants, François ‘Paco’ Togny aux percussions.
Album mis en image par le Nikon de Eric Le Hoenen.
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Dès ce premier titre, ‘J’aurais aimé la prendre avec moi’, l’émotion vous étreint, chaleureuse est la voix de Alain Pelletier, généreux sont ses accords de guitare. Bluffés, émerveillés vous êtes lorsque l’archer du violon de l’incontournable Melissa Cox vous emporte bien au delà des nuages. Vous êtes assis quelque part sur les bords d’une plage, bercés par les vagues turquoises en mer d’Iroise, rêveurs et interrogatifs cherchant à élucider un mystère.
“Enfouie dans le sable il y avait une pierre, un morceau de cette terre, mise à jour par la volonté de la mer, elle scintillait sous le soleil. Qu’avait-elle vécu depuis tout ce temps, quelle était son histoire d’avant. Venait-elle des rochers battus par tous les vents où d’ailleurs, d’un autre continent.”
Lorsque la voix de Alain Pelletier se fait voluptueuse, lorsque Monsieur Paul Massiani se lâche totalement de ses riffs incisifs, lorsque fusent les rondeurs de basse de Julien Fabre, lorsque maître de ses baguettes derrière fûts et cymbales de sa Santafe, Dominique Lambert se déchaine, compatissent les voix féminines de Sandra Bideaux et Mireille le Goff sur ce titre ‘Les vieux murs ont une histoire’: “Ouvrir la fenêtre, laisser entrer la lumière, ouvrir la fenêtre, réveiller les vielles pierres. Face au soleil, sortir du noir, les vieux murs ont une histoire….”
Ces musiciens jouent dans la cour des grands. Je vous assure qu’à l’unisson et à haut débit la dose de frissons est garantie. Cette chanson pourrait à la surprise générale bousculer l’ordre établi d’un Hit- parade. Mais pour cela, il faudrait que certaines radios cessent de nous bassiner à longueur de journée d’anesthésies accumulées et de niaiseries acidulées. Pour que retournent entre autres, un Benjamin Biolay ou un Julien Doré dans la cour de récréation d’une école, jouer aux billes avec copains et copines. Ceci étant dit et écrit, souriant un ange passe avec l’espoir de nous sortir de l’impasse!
Bon, revenons à nos moutons ou plutôt à nos oiseaux avec ce texte poignant, ‘Nijal evel evned mor’ (voler comme les oiseaux de mer).
“Vouloir quitter une terre sans aucune adresse pour amerrir.
Rejoindre cet autre Finistère, le découvrir avant de mourir.
Entre mer et nuages, vous les oiseaux si gracieux, si vous nous voyez sur cette plage, emmenez-nous vers d’autres cieux.”
Ce texte porte à la réflexion car il possible de tracer une droite parallèle avec ces oiseaux qui s’envolent à tire-d’aile, celle des migrations humaines. De tous ces migrants qui comme les oiseaux fuient les prédateurs avec ce risque de périr un jour sur un rivage en milieu sauvage, dont l’avenir d’un futur n’est qu’incertitude dans ce monde en désuétude. Nous ne réécrirons pas l’histoire car avec toutes ces voies qui depuis des lustres se sont tues, sans vertu cette dernière se perpétue.
Changement de décor, vous êtes conviés non seulement pour un ‘Week-end à Montmartre’, avec ce titre, mais également pour un retour dans le passé, tant cette chanson restitue parfaitement l’âge d’or des théâtres et cabarets dans les années folles du milieu du siècle dernier. Tant le duo au chant, Alain Pelletier/ Mireille le Goff s’y prête, tant l’accordéon de Véronique Rénier vous y incite, comme l’ont fait vos parents ou grands-parents sur ces succès intemporels, de ‘La Bohème’ à ‘La complainte de la butte,’ enlacez vos compagnes ou compagnons, concubins ou concubines et laissez-vous aller pour quelques pas de danse.
“Week-end à Montmartre, allons nous promener au son de l’accordéon dans un bar de quartier. S’installer, tranquillement regarder tous ces gens qui passent, en buvant un café. Aux couleurs de l’automne, Paris s’est habillé, le soleil frissonne jusque dans nos pieds.”
Au gré du temps qui passe et que la nostalgie ressasse avec ce titre ‘Viens on s’en va’, Alain Pelletier est accompagné de tous ses musiciens précédemment cités. La voix d’une Dame de coeur, celle de Sandra Bideaux aux multiples intonations dans les différents registres où elle excelle, de vous elle prend possession, sensuelle elle vous ensorcelle: “Alors viens, on s’en va et là-bas, tu verras, rien ne se ressemblera, tout changera. Viens, on s’en va et là-bas, toi et moi, le temps on le ralentira.”
Sublime est cette dernière chanson, ‘Photo jaunie’, ballade intemporelle, complainte universelle. Emotionnel est le texte, sensibles sont les accords de guitares, subtil et envoûtant est le touché aux percussions de François ‘Paco’ Togny. “Ce visage jauni par les années passées me regardait et semblait me raconter l’histoire d’une famille, des êtres oubliés, la dernière guerre n’a pas eu de pitié. Difficile à croire que le bonheur ait pu être présent en cette demeure. j’écoute en vain le vent me raconter mais je n’entends pas les enfants crier.”
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Alain Pelletier est un poète, disciple des grands qui l’ont précédé. Chez lui, jamais le verbe n’est acerbe, toujours bienveillant, il compatit avec le sujet. Riche est la rime, féconde est la forme poétique car elle éveille les sens, sa créativité est synonyme de fontaine de jouvence. Ses textes content toujours une histoire où se superposent des images, reflets du personnage où l’on ressent sa sincérité et toute sa sensibilité.
Il est parfois difficile de classer un album dans un genre particulier, alors disons ‘chanson française’, mais au sens noble du terme pour cette galette ‘Voyages’. En fait cet album fait partie des ‘inclassables’, tant par sa mixité musicale, tant par sa diversité instrumentale, tant l’écriture privilégie la poésie.
Loin du monde surfait et préfabriqué des victoires de la musiques, loin du bassinage des médias télévisés et radiophoniques, nous avons en France un grand nombre d’artistes, de musiciens et de groupes qui, sans prétention, relèvent le défi et qui mériteraient bien un ou plusieurs accessits. Alain Pelletier et ses musiciens ont font partie.

Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef adjoint – Paris-Move

PARIS-MOVE, February 19th 2021

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Amis lecteurs de Paris-Move, osez la découverte et procurez-vous cet album, ‘Voyages’, ainsi que le premier opus, ‘Destination océane’, de Alain Pelletier dont vous retrouverez ou découvrirez la chronique ICI

Pour commander ‘Voyages’, rendez-vous sur la page officielle Facebook de l’artiste, ICI

Alain Pelletier & Friends – “Viens on s’en va” (Clip officiel):

Chaîne Youtube de Alain Pelletier: ICI