ALABAMA 3 – Step 13

Submarine Cat Records
Electro-Americana
ALABAMA 3 - Step 13

Contrairement à ce que leur nom pourrait faire accroire, Alabama 3 ne sont ni au nombre de trois, ni à proprement parler des adeptes d’un certain rock sudiste. Ou alors du sud de Londres, puisqu’ils tiennent depuis un quart de siècle leur QG dans le quartier de Brixton (rendu célèbre par Paul Simonon sur le “London Calling” de Clash). De fait, hormis un harmonica de ci (sur la coda du single “Yolanda”, ou en interplay sur l’enlevé “Petronella Says”), et une furtive lap-steel de là, on serait le plus souvent en peine de déceler de significatives traces d’Americana dans le brouet disco-glam que dispense cette formation chérie des charts indés anglais. Le “Whacked” d’ouverture scelle ainsi les épousailles de T.Rex et Giorgio Moroder (imitation des chœurs de Flo & Eddie incluse), tandis que “The Lord Stepped In (Taking Back Control)” renvoie autant aux Happy Mondays qu’à Dépèche Mode dans le registre “secoue moi ça et passe la monnaie”, et que le proto-electro-ragga “Rise Up Brother Rise” n’aurait pas déparé un album de Frankie Goes To Hollywood. Le cotonneux et sophistiqué “Tranquilize Yourself Britannia” détone du lot, avec les ambitions orchestrales auxquelles prétend sa majestueuse intro, de même que les tex-mex country ballads façon Willy DeVillle “Everytime I See A River” et “They Shoot Horses” (menées au piano bastringue et à la steel-guitar), ainsi que les délicates “Somebody Somewhere” et “Lifted”. Pour le reste, aussi frénétiques et calibrées que les acid-house raves auxquelles elles semblent destinées, nombre des 13 plages de ce 13ème album des Alabama 3 (on se croirait à “Des Chiffres Et Des Lettres”!) s’arriment à la propension historique des jeunesses britonnes au binge-drinking de fin de semaine. En cela, Alabama 3 semble en tout point le reflet de son époque: tandis que le support CD ou vinyle ne pèse plus guère dans son escarcelle, cette formation émarge sans complexe au streaming, casant au passage un maximum de ses titres sur des B.O. de films, documentaires et séries télé. Principal revers à ces procédés, il devient de plus en plus hasardeux de s’enfiler un de leurs albums d’un seul trait… Dommage, car le chouette “Song For Aubrey” conclusif s’avère en définitive la seule véritable incursion country du lot: mea culpa ou parodie?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 1st 2021

::::::::::::::::::::::

ALABAMA 3 – Step 13: un album à commander ICI