| Swing Blues |
Suite des continuing adventures of Al Basile, cette nouvelle livraison se réfère à la “dernière main” que s’accordent les joueurs de poker avant d’abattre leurs cartes. Les corrélations aux jeux d’argent sont un thême et une allégorie courants dans le registre du blues, et s’appliquent souvent à des métaphores liées tant au destin qu’aux sentiments. C’est encore le cas cette fois, puisque ce brave Al y narre autant qu’il la commente une aventure amoureuse crashée en moins de huit mois, entre une jeune allumeuse et un vieux beau sur le retour. Autobiographie? Chroniqueur rompu à l’analyse de ses contemporains, Al Basile n’en dira pas davantage, mais cet album se distingue par bien des angles des quinze autres qu’il a enregistrés en son nom propre. Pilier fondateur des fameux Roomful of Blues, ce chanteur et trompettiste a beau être réputé pour ses capacités d’arrangeur de cuivres, son cornet n’apparaît in extremis que sur l’ultime plage, et s’avère bien le seul instrument à vent en lice. La trame narrative s’appuie en effet sur la solide section rythmique que constituent le bassiste Brad Hallen et le batteur Marc Texeira, laissant la part ô combien belle aux claviers rutilants d’un Bruce Bears impérial. Que ce soit à l’orgue ou au piano, ce dernier enrobe, soutien et enjolive les compositions de Al Basile d’arrangements aussi sobres que soulful à souhait. À l’arrivée, ce disque, qui n’aurait déshonoré ni Dr. John ni Tom Waits, relève assurément du high standard au regard de la production actuelle. Lyrics inclus, voici donc une nouvelle occasion d’apprécier l’un des derniers poètes du blues actuel au sommet de son art. Un très grand album de narrative swing: roulage d’épaules, spleen de gueule de bois, jalousie et désespoir – Shakespeare blues on the loose again!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 28th 2020
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PS : Si d’aventure vous devez recruter un pianiste blues, demandez lui au préalable ce qu’il pense de ceci: d’Otis Spann et Memphis Slim à Eddie Boyd et James Booker, une véritable Bible en soi!