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Impossible de ne pas évoquer d’entrée La Petite Sirène de 1,25 m de haut qui repose statufiée sur un rocher baignant dans la Mer du Nord tout à côté d’une promenade pédestre, à Copenhague, et qui avait pour vocation de chanter pour charmer les marins et mieux les voir s’échouer sur les récifs. Agnès Obel, elle aussi, nous envoute et nous possède grâce à la légèreté de ses notes de piano et le timbre d’une voix qui n’en finit pas de nous draper dans un linceul où l’atmosphère est chargée de brume et empreinte d’une mélancolie certaine. Cela ne nous fera certes pas nous perdre dans une quelconque apocalypse maritime mais, au contraire, nous plongera dans une quiétude réconfortante. Douze morceaux qui voient se mêler balades et mélodies chantées, ainsi que trois instrumentaux, ‘Falling and Catching’, ‘Lauretta’ et ‘Wallflower’.
Nous voilà immergés dans une nébuleuse complètement romantique où la jeune musicienne danoise nous entraîne au gré des 52 blanches et des 36 noires qu’elle effleure de ses longs doigts graciles. Elle a composé onze des titres de ce premier album qui en compte douze, avec un seul emprunt, mais de taille, puisqu’il est signé John Cale!
Tous les textes, écrits par Agnès Obel, figurent dans le livret accompagnant la galette et les images qui apparaissent derrière les mots sont de ces paysages nordiques dans lesquels l’artiste a baigné toute sa vie durant, ou presque, puisqu’elle demeure maintenant à Berlin. Ces textes sont rédigés sur le mode de confidences dont elle nous fait part, comme en aparté, tout doucement, dans les coins sombres d’une immense demeure un peu froide. Cinq d’entre eux sont à la première personne du singulier alors que deux autres seulement, s’adressent à quelqu’un d’autre. A vous comme à moi. Un seul suggère le collectif et le pluriel, c'est-à-dire moi et quelqu’un d’autre. C’est dire si ce qu’elle voulait nous dire est important, car choisir de parler de soi sur un mode aussi intimiste n’est pas toujours aisé. Et cela en dit long sur la femme qui nous dévoile son intimité de manière si délicate.
Trois violoncelles accompagnent l’artiste dans ses pérégrinations musicales et un guitariste surgit ponctuellement sur ‘Brother Sparrow’.
Laissez-moi vous glisser en guise de conclusion, que s’il y a des disques qui sont indémodables et d’autres indispensables, celui là est, pour le moins, indéfinissable et inclassable. Mais une chose est certaine, vous ne pourrez plus vous en passer, car les chansons de cette beauté septentrionale subjuguent, hypnotisent et ravissent! Un pur plaisir des sens.