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Après les problèmes d’addiction du batteur Phil Rudd à la méthamphétamine, la mise au placard du chanteur Brian Johnson pour surdité galopante, l’annonce de la retraite du bassiste Cliff Williams, et la perte des deux frères aînés – dont Malcolm – du guitariste Angus Young, qui aurait cru qu’AC/DC réussisse le pari fou de se reconstruire? Enregistré à l’été 2018, Power Up (“mise sous tension”) est majoritairement composé de chansons datant des sessions de Black Ice (2008). Balayons d’un revers les poncifs des critiques (“ça sonne toujours pareil”) et des fans (“c’est ce qu’on veut entendre”). “Through The Mists Of Time”, classique instantané au beat d’intro pas si évident, démontre que si Back In Black (1980) était un hommage à Bon Scott, Power Up en est un autre à Malcolm Young. “Kick You When You’re Down”, bande-son pour baston de bar ou blockbuster Marvel, sonne comme la revanche d’Angus Young, à qui on a reproché de louer les services d’Axl Rose (Guns n’ Roses) sur les 23 concerts de la tournée Rock Or Bust que Brian Johnson n’a pu assurer. En contrepartie, “Money Shot”, variante de “cum shot” à l’origine du genre bukkake, compense le riff moisi par le verbe fleuri. Brian Johnson, qui se mord encore les doigts d’avoir couru le Star Mazda Championship 2008 sans protections auditives, peut remercier Stephen Ambrose (l’inventeur des moniteurs intra-auriculaires) et sa nouvelle technologie audio à conduction osseuse: à 73 ans, il chante comme à la grande époque. AC/DC, seul candidat viable à sa propre succession, sauve 2020 par la même occasion.
Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, December 10th 2020