N’étant pas un grand fan de compiles, je me suis mis ce ‘A Dixiefrog Night Blues’ de côté et me le suis glissé dans le lecteur un soir de pleine lune, tandis qu’au loin des voisins s’engueulaient comme des loups affamés sous les rares nuages de fin d’été. Poussant les potards à fond, j’ai tendu l’oreille à ce foutu CD, me disant que bon, fallait bien, même si le principe de la compile, etc., mais dès le premier titre, punaise, j’ai accroché. Faut dire qu’ils ne pouvaient mieux faire, les gens de chez Dixiefrog, en envoyant d’entrée ce ‘Big Country’ de l’indien Wayne Lavallee. Une chanson extraite d’un album qui pèse son poids de cris, de larmes et d’espoir de la population indienne et que Paris-Move vous a chaudement recommandé.

 

A suivre, une des plus belles chansons signées du bluesman touareg, Amar Sundy: ‘L’Halem’, extraite de son superbe album, ‘Sadaka’. Rien à dire, l’enchaînement est nickel, parfait, entre Wayne Lavallee et Amar Sundy. Ca vous décolle le superflu et vous regardez la lune dans les yeux. La voix d’Amar est aussi limpide que son jeu de guitare et on sent déjà le souffle chaud du vent du désert qui souffle sur la banlieue parisienne. J’ai du sable dans les cheveux et je regarde vers le nord, là où brille la lune. ‘Crazy Times’ me chante Bjorn Berge. Un titre qui va figurer sur son prochain album et qui est l’une des 8 surprises proposées par la grenouille sur cette compile qui, du coup, n’en est plus vraiment une. C’est bon, je m’excuse.

 

Autre surprise, la chanson interprétée en français par le chanteur et harmoniciste Nico Wayne Toussaint et qui annonce un très bel album à venir, et que je vous recommande de pré-réserver sur le site de Dixiefrog.

 

J’avoue, je craque pour la voix et le jeu de guitare de Neal Black, et cette ‘Black Girl’ est de ces titres assassins qui vous font grimper aux rideaux. La voix est râpeuse comme un vieux rabot qui arrache tout sur son passage et ça vous remue les tripes. C’est intense comme le cœur d’un volcan et c’est beau, tout simplement beau. Un must, et que l’on devrait passer en boucle sur les radios…!

 

Et dire qu’après ça, Dixiefrog vous offre ‘Taj Mahal’, interprété par le monument de l’harmonica qu’est Jean-Jacques Milteau, puis ‘La collectionneuse’, par le grand Bill (Deraime, pour les incultes!), avant de vous en remettre une couche du Bjorn Berge avec ‘Drifting Blues’, puis le Milteau à nouveau, avant Eric Bibb et un ‘Wayfaring Stranger’ à vous coller des frissons.

 

Et après ça? me direz-vous… Hé bien, après ça vous avez Jean Chatron, Pura Fe’, Mighty Mo Rodgers, Tom Principato, Leadfoot Rivet, avant un petit retour vers Eric Bibb et Wayne Lavallee. Avec un choix de chansons à vous faire regretter de ne pas avoir acheté cette compile plus tôt car avec cette nuit du blues made by Dixiefrog vous aurez en main la plus belle galette d’ambiance musicale soft pour toutes vos soirées d’hiver, et d’été, aussi, en regardant la lune dans les yeux. Une galette qui vaut toutes les compiles soit disant ‘lounge’ qu’on tente de vous vendre pour les fêtes de fin d’année. Non, si vous ne devez en acheter qu’une, c’est celle-ci, ou alors achetez-en deux, pour offrir la seconde à ceux que vous aimez.

 

Et pour vous le prouver, je vous renvoie à l’avant dernier titre de ce superbe CD, au titre déjà évocateur, ‘All The Love In The World’, chanté par Billy Price et accompagné par ‘maître’ Fred Chapellier à la guitare. Un titre qui devrait figurer au panthéon des chansons d’amour, comme le fut ‘Love Is All’, de Roger Glover.

 

Un disque magistral, qui s’impose de lui-même. Indispensable.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer