11 GUYS QUARTET – Small Blues & Grooves

Vizztone
Blues
11 GUYS QUARTET - Small Blues & Grooves

En 1970, il advint un miracle. En effet, tandis que les Beatles abdiquaient et que l’Angleterre s’abîmait dans le heavy-rock sur lequel avaient fini par échouer cinq années consécutives de blues-boom, depuis Boston, Massachussets, un fier combo sonnait la fin de la récré. Oh, ils ne firent pas tout de suite grand bruit d’emblée à l’international, mais le périmètre était désormais circonscrit: hors Little Walter, Eddie Floyd, Don Covay, John Lee Hooker, Wilson Pickett et les Valentinos, point de salut! C’est fort de ce viatique que le J. Geils Band entreprit de convertir les hérétiques qui révéraient de fausses idoles, au prétexte que celles-ci s’abîmaient dans des soli de près de vingt minutes. Las, au terme de cette salutaire croisade, ce valeureux sextette signa (par inadvertance?) le tristement fameux pacte faustien. Et tandis que sa musique s’affadissait en conséquence pour se soumettre aux canons du marketing, l’issue fatale intervint comme il se doit. Si ses membres ne sombrèrent pas tous dans la misère pour autant, l’essence de ce Boston rhythm n’ blues sound semblait dès lors irrémédiablement perdue. Le guitariste Jay Geils et l’harmoniciste sorcier Magic Dick tentèrent bien de reprendre les choses à leur compte en fondant Bluestime avec Mudcat Ward (bassiste des Bluetones de Sugar Ray Norcia), mais hormis deux ultimes disques sous ce sobriquet, l’affaire semblait définitivement pliée. La Nouvelle-Angleterre avait certes essaimé entre temps quelques remarquables formations (les Bluetones précités, mais aussi Roomful Of Blues et consorts), mais du blend initial de la bande à Geils, nibe. Que dalle, plus rien ou presque… Sauf que colporter pareille allégation relève quasiment du négationnisme: en 1985, un quarteron de puristes à la discothèque toute aussi bien pourvue publia un premier album sur le label (alors émergent) Tone-Cool. Ces types se faisaient appeler le 11th Hour Band, et on retrouvait chez eux l’essentiel de ce qui constituait la couleur et l’éthique du J. Geils Band des débuts: un harmonica alerte et inventif, empruntant aux deux Walter (Jacobs et Horton) la quintessence de leurs jeux respectifs, un guitariste se cantonnant essentiellement à la rythmique (mais toutefois capable de raids éclairs ravageurs), et une section rythmique groovy à souhait. Ce sont bien ces quatre mêmes types qui constituent encore le 11 Guys Quartet actuel. Du diddley-beat millésimé (“Hey Daddyo”) au Southside shuffle, et de la rumba louisianaise au swamp blues traînard façon Harpo (“Swamp Ride”), Paul Lenart (guitare), Richard Rosenblatt (harmonica), Bill Mather (basse) et Chuck Purro (batterie) déroulent avec panache et nonchalance 14 instrumentaux propres à secouer n’importe quel moneymaker. Chaleur du son, justesse du jeu et connaissance intime du territoire: bon sang, n’était-ce pas là l’essentiel, au départ de cette aventure? Merci Messieurs, de nous le rappeler à bon escient!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 8th 2019

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11 GUYS QUARTET – “Small Blues & Grooves”: une formation et un album à retrouver sur le site web du label Vizztone, ICI

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