TD Lind – rencontre au Divan du Monde

                           TD Lind – rencontre au Divan du Monde

Interview préparée et réalisée par Anne Marie Calendini et Dominique Boulay
Traduction : Josée Wingert

Lorsque mon ami Fawzi Meniri, de Live Nation, m’avait proposé de rencontrer Emma Soriano, j’avais accepté l’invitation avec grand plaisir et lorsqu’après notre entrevue cette charmante jeune femme m’a fait écouter LD Lind, j’ai souhaité rencontrer ce garçon là. Absolument. Et cette rencontre fur une vraie découverte, comme on aimerait en faire plus souvent. Une rencontre avec un artiste plein de talent et d’une gentillesse remarquable.

PM : Pour commencer, et parce qu’ils sont encore trop peu à te connaître en France, les présentations d’usage.
TD Lind :
Je suis TD Lind, je suis anglais mais je vis aux Etats Unis depuis pas mal de temps, déjà. J’ai vécu une dizaine d’années au Kentucky et j’ai récemment déménagé à New York. J’ai aussi passé ces six dernières années à Los Angeles. Auparavant, j’avais pas mal voyagé et j’ai même vécu quelque temps à Paris, il y a de cela vingt ans. J’habitais rue du Ranelagh, à Passy, à côté de la Maison de la Radio. J’y ai vécu 3 ou 4 mois, je ne sais plus exactement. Je jouais au Duc des Lombards, pas loin de la très belle église Saint Eustache.

Et quelques mots sur tes albums?
TD Lind :
Le premier s’intitulait Let’s Get Lost. Je l’avais fait à LA et je jouais de la guitare dedans. J’ai fait ensuite un deuxième album, mais que l’on n’a pas réellement produit, et puis il y a eu Outskirts From The Prosper et le single qui en était extrait, ‘Push Over Boy Blues’. C’est un album que nous avons fait en trois jours: le premier jour en janvier dernier, le deuxième en août et le troisième en novembre. On jouait quatre ou cinq chansons par jour, en ‘live’, et tout s’est fait en trois prises maximum. Les musiciens étaient tellement bons qu’on aurait même pu se contenter de deux prises, mais j’ai préféré faire une troisième prise à chaque fois (sourire).

Qui sont ces musiciens?
TD Lind :
Le bassiste s’appelle Brian Barbier et le batteur Tim Spier. Et puis y’a mon partenaire, Aaron Robinson, pianiste et guitariste.

Peux-tu nous rappeler ce que signifie le titre de ce morceau?
TD Lind :
Hé bien c’est ce que tu ressens lorsque tu es très épris d’une femme qui t’en fait voir de toutes les couleurs. C’est impossible pour toi de la quitter, et pourtant elle sait te faire souffrir aussi.

Et le titre de l’album?
TD Lind :
C’est quand tu es à deux doigts, tout près de ce que tu voudrais avoir, mais que tu ne l’as pas. Ce que tu cherches à obtenir, en général, c’est l’aisance, le bien être, et quand tu n’arrives pas à obtenir ces choses là, tu te sens ‘en marge’. C’est exactement ce que je ressentais lorsque j’étais à Los Angeles. Je voyais toutes ces vedettes, ces célébrités, cette aisance et cette opulence, et moi je me trouvais à côté tout à côté de cela sans pouvoir y accéder. Et quand tu travailles dur et que rien ne se passe, alors tu te dis que tu n’y arriveras pas. Et puis il y a tellement de personnes qui recherchent la même chose, qui marchent dans la même direction, qui ont le même rêve et qui ne l’atteignent jamais. Ils demeurent en marge de cette prospérité qui ne semble pas être pour eux.

Ce que nous avons apprécié dans cette galette, c’est la diversité des genres musicaux. Le premier morceau, par exemple, Push Over Boy Blues, est très jazz manouche, avecun excellent jeu de guitare…
TD Lind :
Moi, je fais juste la rythmique. Les parties plus difficiles de guitare, c’est plutôt lui, Aaron Robinson.

Et toi, Aaron, tu es américain, n’est ce pas?
Aaron Robinson :
Oui, je suis américain et j’accompagne TD durant cette tournée promo. Ce soir, par exemple, nous serons deux à jouer sur scène: guitares seulement ou guitare et piano. Nous avons laissé les autres musiciens qui sont sur le disque, Brian et Tim, au pays (sourire).

Le deuxième titre, ‘Black Dress’, m’évoque Donovan…
TD Lind :
C’est vrai que j’aime beaucoup Donovan et que cela a du m’influencer, quelque part.

Le troisième, ‘Coming Home’, est du pur folk britannique…
TD Lind :
Exact…!!!

Mais tu joues aussi du rock électrique, comme sur ‘Head Over Heels’.
TD Lind :
Comme tu l’as dit, je joue de plusieurs genres musicaux. J’aime toutes les musiques. Aussi bien en acoustique qu’en électrique. Je n’aime pas me limiter à un genre, à un style de musique.

Le sixième, ‘What Will Become’, fait penser à Elvis lorsqu’il chantait du country.
TD Lind :
Hé oui, car je suis un grand fan d’Elvis Presley. J’adore le rock’n’roll et des artistes comme Willie Nelson.

C’est vrai que cela sonne plus country que rock!
TD Lind :
En fait, c’est un pur hasard et comme une erreur survenue dans le studio! Quand on l’a enregistré, on l’a fait sans fioriture, dépouillé, et au moment du mixage, l’un des ingénieurs du son a trouvé que cela serait mieux si on le faisait sonner comme ça. Et comme cela colle parfaitement avec la tonalité du disque, on a gardé ce son là pour ce titre.

Cela te fait quoi de revenir comme ça en France?
TD Lind :
Cela me fait énormément plaisir, car j’adore la manière qu’ont les français d’aborder la musique. Il y a ici une telle intégrité vis-à-vis de la musique que faire une carrière en France, ce serait quelque chose d’énorme, pour moi. J’aimerais bien faire aussi quelque chose en Angleterre, parce que c’est mon pays natal. Et puis réussir aux Etats Unis me plairait également beaucoup parce que je vis maintenant là-bas, et que c’est une vraie source d’inspiration.

Comment composes-tu tes morceaux?
TD Lind :
Cela dépend. Parfois c’est la mélodie qui me vient à l’esprit, parfois ce sont les paroles. Chez moi il n’y a pas de règle préétablie. Cela dépend des circonstances. Et puis j’écris différemment les chansons selon que je suis avec une guitare ou au piano, car ces instruments suscitent des atmosphères différentes. Les chansons que j’ai écrites dernièrement ont été pour la plupart composées avec une guitare.

Aaron, le guitariste que tu es préfère t’il l’acoustique ou l’électrique? Et quelles guitares?
Aaron :
Moi, je joue surtout de la slide, de la Lap Steel guitar ou du Dobro.
TD Lind : moi, j’ai eu une Gretsch, mais maintenant je joue sur une Hoffner.
Aaron : Je joue aussi avec une Gretsch 1932, mais je l’ai laissée à la maison. Pour le concert de ce soir je vais utiliser une Martin qui date de 1927 et une National de1931.

Vous jouez depuis combien de temps ensemble?
TD Lind :
Depuis cinq ans nous jouons effectivement toujours ensemble. On avait fait le premier disque ensemble puis j’étais retourné en Angleterre. Mais dés que je suis revenu aux Etats Unis, on s’est remis à jouer ensemble.

Comment vous êtes-vous connus?
TD Lind :
En fait, lors de mon arrivée aux States, on s’est trouvé, par hasard, dans un café. Et depuis, on ne se quitte plus. Il est devenu comme ma nouvelle main droite (rire).

Passage unique en France, ce soir, au Divan du Monde?
TD Lind :
A l’exception de radios, oui, nous ne jouerons en France qu’au Divan du Monde, puis nous repartons immédiatement après pour promouvoir cet album aux Etats Unis. Mais j’espère que l’on aura rapidement l’occasion de revenir l’année prochaine.

Quel est votre agent?
TD Lind :
Nous sommes suivis par Live Nation. Ils sont fantastiques. Ils font vraiment tout pour que l’on nous aime en France. Et puis en France, les gens sont fantastiques. Passer en radio a été génial et en ‘live’ c’est complètement différent. Car il faut aussi faire quelque chose qui soit différent du disque. Il ne faut pas que le show soit la copie conforme de la galette, sinon pourquoi aller voir des artistes en concert…?

Et pourtant c’est ce que le public recherche, non? Pour voir sur scène des groupes comme Yes, Pink Floyd ou King Crimson et entendre en ‘live’ ce qu’on écoute sur disque…
TD Lind :
Oui, pour ce genre de groupes, oui, mais moi je suis un bluesman! Et en plus, je ne joue jamais de la même manière.

Tu considères donc que tu joues du blues…?
TD Lind :
Je ne sais pas, en fin de compte. Car j’ai le blues et le rock’n’roll en moi. Et je le joue selon les morceaux. En fait, je suis heureux quand c’est bon, mais mettre une étiquette sur la musique de quelqu’un, je ne sais pas faire

Etes-vous musiciens professionnels?
TD Lind :
Oui, mais auparavant j’étais jardinier. Hé oui. Et je l’ai été pendant une dizaine d’année. J’étais le jardinier d’Aaron…
Aaron : C’est vrai, il a été mon jardinier…!
TD Lind : C’est exactement l’histoire de ce disque et de son titre. Tu fais tout ce que tu peux pour atteindre ton but, sans jamais l’atteindre, sauf que pour le moment, dans ma vie, j’y arrive. J’étais jardinier pour pouvoir faire de la musique, et c’est vrai que maintenant je n’ai plus besoin d’être jardinier, car je suis arrivé à être musicien.

Avez-vous déjà eu tous deux l’occasion de jouer avec des gens que l’on connaît bien, en France?
TD Lind :
Quand j’habitais le Kentucky, j’ai eu l’opportunité de jouer avec Bad Company et Paul Rodgers. J’ai joué aussi avec Wilco et Brian Setzer. Et plein d’autres encore… Certains sont supers et d’autres ont leur caractère! C’est pour te dire pourquoi je ne te donne pas tous les noms (rire).
Aaron : Moi aussi j’ai joué avec des tas de gens, dans des tas de groupes. Et j’ai aussi mon propre groupe, Masse. Je joue et je compose beaucoup, mais sur l’album dont nous parlons ce soir, je ne suis ‘que’ musicien (rire). On n’a écrit ensemble que ‘Last Train To Redemption’.

Et toi TD, est ce que tu as toujours joué sous ton seul nom?
TD Lind :
J’ai eu un groupe lorsque j’ai fait mon second disque en Angleterre, mais comme il n’est jamais sorti, on peut donc dire que les disques américains sont sous mon seul nom.

Pour revenir un instant à Brian et Tim. Pourquoi ne sont-ils pas avec vous?
TD Lind :
Il y a eu quelques difficultés administratives pour leur venue, mais on espère vraiment que le groupe sera au complet l’année prochaine, lorsque nous reviendrons. C’est super important, parce que l’on travaille vraiment bien ensemble. On se connait très bien et on sait comment chacun joue. Ce serait vraiment super de pouvoir revenir tous ensemble.

Live Nation fera le nécessaire…
TD Lind :
Oui, j’en suis sûr, mais nous sommes un peu superstitieux. Alors nous croisons les doigts…

 

TD Lind