Révélée par l’intensité de ses concerts, Sophie Hunger est actuellement l’artiste la plus diffusée sur France Inter. Elle revient en France du 16 au 21 mars 2009 pour plusieurs concerts à La Boule Noire (Paris) que vous recommande vivement Paris-Move.
Sophie Hunger est née le 31 Mars 1983 à Bern, en Suisse. Enfant, elle vit à Londres puis à Bonn, en Allemagne, villes où son père diplomate entre en fonction. Son éducation musicale aura été sommaire. A l’âge de 9 ans elle commence à étudier le piano, mais sans insister. Chez elle, difficile de parler en effet d’une révélation artistique précoce puisque ses premiers pas de chanteuse, dans un groupe de pop rock, remonte à 2002 alors qu’elle avait 19 ans.
Elle compose sa première chanson à 23 ans ; puis quelques mois plus tard, enregistre un album chez elle, à Zurich, sur lequel figure des ébauches de ‘The Tourist’ et ‘Beauty Above All’ , réenregistrées depuis pour ‘Monday’s Ghost’. Le titre de cet album auto produit, ‘Sketches On Sea’, lui sera inspiré par ‘Sketches For My Sweetheart The Drunk’ de Jeff Buckley. À l’époque, Sophie écoute en boucle la version d’Hallelujah de Jeff Buckley.
Bien qu’elle ne se réclame d’aucune tradition particulière ni ne cherche à profiter du sillage d’aucun maître ou modèle, tout chez elle tend à rejoindre un certain absolu spécifique au folk comme au rock ; celui qu’ont traqué avant elle des chasseurs de beauté aussi éminents que Bob Dylan, Kurt Kobain ou Jeff Buckley précisément. Avec très souvent la même conséquence : qu’un nouvel artiste se lance dans l’aventure, en acceptant la part de risque que comporte le fait de mettre en scène ses propres extrêmes, et immédiatement on a l’impression en les écoutant que tout vient de commencer, que c’est le début de l’histoire qui est en train de s’incarner sous nos yeux. C’est cette impression que communique Sophie Hunger.
Première expérience en studio pour la jeune femme, ‘Monday’s Ghost’ a été enregistré avec ce mélange d’urgence et de parfait contrôle déjà à l’œuvre dans ‘Sketches On Sea’. Tout fut réalisé en deux semaines au studio ICP à Bruxelles, la production du disque revenant à Marcello Giuliani, complice d’Etienne Daho, de Jane Birkin et du trompettiste Erik Truffaz.
Les musiciens qui accompagnent la chanteuse n’ont pas été recrutés mais constituent un vrai groupe :
« Je ne pourrais pas me produire sur scène, ni enregistrer en studio, sans connaître les gens qui jouent avec moi, j’ai besoin de leur confiance pour y arriver. Les musiciens présents sur l’album sont ceux avec qui je suis en permanence : Christian Prader à la flûte, à la guitare et au piano ; Michael Flury au trombone. C’est Marcello Giuliani qui joue la basse. » Depuis un batteur, Julian Sartorioz, et un bassiste, Balz Bachmann, sont venu compléter la formation. Sophie joue quant à elle du piano, de la guitare et de l’harmonica sur l’album. Dans l’alliage d’harmonies folk et d’instrumentations rock que propose Monday’s Ghost, s’invitent ainsi des tonalités inédites, celles rugueuses de l’allemand sur Niemand , celles ambrées des cuivres sur Shape ou Monday’s Ghost, ajoutant ici une note jazz , là une touche d’expressionnisme central européen.
Les chansons de Monday’s Ghost ne racontent pas d’histoires à proprement dit, mais procèdent par impressions. Chacune possède toutefois cet éclat particulier qui permet d’y retrouver un reflet de soi-même et de sa propre histoire.
«Voilà pourquoi des chansons comme Shape, Drain Pipes ou Teenage Spirit concernent l’idée de forme et de contenu. Je suis fasciné par cette pulsion qui anime chacun d’entre nous. Qu’il s’agisse de bâtir des maisons et des immeubles, ou de construire des phrases avec des mots, tout relève d’une même nécessiter à combler un vide, à s’extraire d’un gigantesque chaos intérieur. Une chanson procède de la même démarche. On part du vide, ou d’un magma informe d’idées, d’émotions et de mots, et l’on en fait une chanson. C’est fascinant ! »
Ce regard, Sophie le porte avec la même acuité sur elle-même comme sur tout ce qui l’entoure, ne se dérobant ni au vertige des questions profondes (‘Rise and Fall’ s’inspire par exemple d’une nouvelle de Hebel), ni à la confrontation avec certains souvenirs amers. C’est lorsqu’il affronte la réalité qu’un artiste touche vraiment au but. Et de cette mise à l’épreuve volontaire, Sophie va tirer ‘Beauty Above All’, une des premières qu’elle ait écrite et sur laquelle elle s’est ‘fait la voix’, mais aussi ‘The Tourist’ ou ‘Birthday’. Elle y insuffle cette sincérité sans concession sur des mélodies qui touchent par leur simplicité. Pourtant quand dans Boat Is Full son regard vient se porter sur son pays natal, la Suisse, c’est encore armé de la même intransigeance :
«‘Le bateau est plein’ fut l’expression employée par un leader ultranationaliste pour justifier la fermeture des frontières aux étrangers. Or si quelque chose me rattache à la Suisse aujourd’hui, c’est plutôt ma volonté de ne pas me conformer à son climat ambiant, de rejeter son étroitesse d’esprit, son manque d’ouverture vis à vis des autres et du reste du monde. Mais en même temps, je me sens responsable de mon pays et de mon peuple. Sinon je n’aurais pas écrit une chanson comme celle-ci. »
C’est bien ce mélange d’intégrité et de maturité qui fait de Sophie Hunger une chanteuse à part et de ‘Monday’s Ghost’ un album dans lequel, paradoxalement, chacun se retrouvera, l’adolescent fan de Nirvana comme l’amateur de voix mûries par la vie, celle de Madeleine Peyroux ou de Tom Waits par exemple. Et c’est lorsqu’un tel accord se produit, qu’un disque cesse d’être un disque de plus pour devenir une bonne nouvelle.
Sophie Hunger sur le net: www.myspace.com/sophiehunger
Regardez la vidéo d’A Matter of Sounds
Sophie Hunger