Saga, c’est tout d’abord un nom, un nom qui claque comme celui d’un héros d’aventure, d’une saga, justement. Mais Saga c’est aussi une voix, moitié-éraillée moitié-râpeuse, dans laquelle vous retrouvez du Tom Waits mixé à du Fred Blondin, une voix qui ne passe pas inaperçue et qui vous ferait presque croire que le mec s’est donné un grand coup de rabot dans le gosier ou qu’il a fumé clopes et cigares façon Gainsbarre, mais puissance mille. Une voix qui chante des textes imagés, forgés à la Léo, Ferré bien sûr, celui de ‘Pacific Blues’, ‘Chanson Mécanisée’, ou ‘Les Anarchistes’. Une voix qui résonne, réveille, charme et grave son sceau dans le blues comme un tatouage sur la peau, à vie, dans la lignée de celle des Jim Morrison et Janis Joplin.
Natif de Montpellier, celui qui vibre pour John Lee Hooker entre pourtant au Cours Simon à l'âge de dix-sept ans. Il y côtoie de jeunes élèves qui deviendront des vedettes de séries télé, de cinéma, ou des comiques appréciés du grand public, mais eux-mêmes ne le savent pas encore. Le jeune comédien descend participer au festival d'Avignon, puis joue dans un répertoire plus classique, avec Jean-Pierre Kalfon. Quelques années plus tard il file sur Rome, où il enchaine les rôles et les succès à la télévision italienne. Parti sans connaître la langue, il l’apprend en pratiquant son art, et en appréciant le style de vie à l’italienne.
Un proverbe asiatique dit que ‘le hasard n’existe pas’. Ce n’est donc pas le hasard si, pour les besoins d'un spectacle où son rôle exige une performance vocale, Saga rencontre des musiciens pour l’aider à se préparer à ce challenge. L’un d’eux n’est autre que Paul Baile, un saxophoniste ayant joué pour Liza Minelli et Stevie Wonder. Paul Baile est touché par ce grain de voix très spécial et encourage Saga dans sa démarche musicale. Igor Bollender, compositeur et arrangeur qui signa notamment des arrangements pour Alain Bashung et Eurythmics, prend part au projet d’album qui prend forme. Ce sera le premier opus signé Saga: ‘Phoros Floues'.
Malgré la qualité d’écriture des textes et le soin apporté aux arrangements, malgré le soutien de radios indépendantes et de fans qui sentent que quelque chose de grand peut se produire, ce premier album ne connaît qu’un succès d’estime.
Déçu, sans aucun doute, mais sans rancune envers le ‘système français’, Saga s’installe pour de bon en Californie où ses chansons trouvent un public qui ne cesse de grossir après chaque concert. Le Frenchy plaît, et ses chansons interprétées en français passent sur les ondes de radios américaines. La langue n’est ni un obstacle ni un atout, mais tout simplement le lien entre Saga et son public.
Un label américain le remarque (hé oui !) et lui permet d’enregistrer un second album, ‘Face à Face’, qui connaît un beau succès et permet à Saga d’assurer en tournée les première parties de véritables stars, telles Al Stewart.
Entouré de musiciens qu’il désigne comme la ‘Saga Tribe’, il sillonne en 2000 la côte Ouest des Etats-Unis et connaît le succès que la France ne lui a jamais offert.
Mais le bonhomme sait que le succès, la musique, les tournées ne sont que peu de choses sans une vie personnelle épanouie. Sans hésiter une seconde, en 2003, il arrête tout, le temps pour lui de se consacrer totalement aux premières années de sa fille Luna, parce qu’il ne veut rien manquer. Une parenthèse qui s’ouvre et qui durera jusqu’en 2006, année où il recommence à laisser les mots venir en lui pour composer de petits tableaux qui deviennent, l’un après l’autre, des chansons. Avec son ami Paul McBurney, les morceaux prennent forme et aboutissent à un album acoustique intimiste, aux images douces et fortes à la fois: ‘Le Monde est têtu’, un album que Paris-Move vous recommande vivement et dont vous retrouvez la chronique ici…
‘Saga’: un terme dont le dico nous dit qu’il signifie ‘histoire’, ‘récit’, ‘légende’. Tout ce qu’est SAGA: une histoire, un récit, une légende,… mais aussi des chansons!
Crédits photos Saga en live : ©Bruno Pellerin
Frankie Bluesy Pfeiffer
Saga