Revolted: une révolte blues en acoustique

                      Revolted: une révolte blues en acoustique

 

Préparée et réalisée par Alain Betton

Réalisée le 13 février 2010, au ‘Pitchtime’, à Dourdan (91)
Photos : © Alain Betton
 
 
Jesus Volt, the Rock’n'roll Damnation & Blues Redemption: voilà comment se présente le combo hors normes qu’est Jesus Volt. Hors des sentiers battus, tout près de leur repaire, trois de ces loups aux dents longues, quelque peu apprivoisés autour d'un festin acoustique, sortent de la meute sous le pseudo de ‘Revolted’. J'ai retrouvé dans leur tanière Lord Tracy, El Tao et Lenine Mc Donald pour cet entretien d’après concert.

 
AB: Et si on commençait tout d’abord par revenir en quelques mots sur Jesus Volt.
El Tao: Cela tombe bien, car tu as ici réuni autour de toi le trio initial formé en octobre 1998. C'est comme cela que l'aventure Jesus Volt a débuté, avec Lord Tracy au chant et à l'harmo, Lenine Mc Donald à la basse et moi même à la guitare. A nos tous débuts, nous faisions appel à des musiciens occasionnels pour nous accompagner en concerts et c'est ainsi que Magic Doudous nous a rejoint à la batterie pour notre premier album, ‘Always Drunk Never Sad’ sorti en 2000, et nous sommes restés inséparables depuis.
 
AB: L'illustration de votre deuxième album, ‘Electro Button Funky CoXXX’ représente une madone avec un enfant dans ses bras. En prenant en compte le nom du groupe et cette couv de CD, y aurait-il à faire un quelconque rapprochement avec la religion…?
Lord Tracy : Non, absolument pas. Il n’y a aucune volonté, même sous-entendue, de nous relier à la religion dans ce choix. L'idée était tout simplement d'associer au nom du groupe celui d'un personnage connu. Nous aurions pu nous appeler ‘Hitler Volt’, par exemple, mais cela aurait fait désordre et, en plus, nous refusons également tout lien politique. Et puis il aurait fallu se faire couper les cheveux et se laisser pousser la moustache, alors non merci (rires)…! Sérieux, la popularité de Jésus nous semblait bien appropriée et puis Volt est le symbole de l'énergie, et de l'intensité. On trouvait que cela sonnait bien et c’est comme ça que nous sommes devenus les apôtres de l'électricité (rires)…!

 
AB: Votre musique mélange le blues, le rock, le funk et l'électro. Comment la définissez-vous exactement?
Lord Tracy: On nous a déjà classé électro-blues, par exemple. Mais en allant dans ce sens on peut dire aussi que notre musique est peut-être trop blues pour être rock, ou trop rock pour être blues. Personnellement, je ne sais pas, et peu importe. Nous ne cherchons pas à définir notre musique, ni à être cloisonnés dans un style particulier. Notre musique est un ‘moment sur le moment’ et se doit d'être en perpétuel mouvement. Chacun de nous apporte par le biais d'influences musicales diverses, son envie, sa créativité, son originalité, et tout cela aboutit à cette alchimie qui est la nôtre.
 
AB: Quel est ton secret pour entretenir cette voix si particulière?
Lord Tracy : Aucun, car je considère que la voix est un instrument à part entière. Il m'arrive aussi de me faire aider par des personnes de langue maternelle anglaise pour travailler mon intonation et les rimes de mes textes.
 
AB : Quelle est ta vision et ta conception du blues?
Lord Tracy : Sans hésiter, je te dirais tout d’abord que John Lee Hooker est pour moi l'ambassadeur du blues. Il n'est pas le seul, c’est sûr, mais il représente ce côté festif du blues qui me fait vibrer, car le blues c'est avant tout la fête. Petit rappel, si tu me le permets: la majorité de cette communauté noire réunie dans les clubs, au début du siècle dernier, était originaire d'Afrique et n'oublions pas que ces gens ont le rythme dans le sang. Chez eux, la passion transpire à fleur de peau. Alors ils se retrouvaient ensemble dans ces clubs, oubliant le côté sombre de la vie, dans le but de faire la fête en musique, bien sûr, mais aussi pour la bouffe, la boisson et le sexe. Ce que je veux dire, c’est qu’il faut toujours garder ce côté fun et ne pas se prendre au sérieux. C'est comme ça que nous concevons le blues.

 
AB : Et si je te dis musique rock, maintenant, cela signifie quoi, pour toi? Quelles sont tes influences?
Lord Tracy : AC/DC, sans aucune hésitation…! Ils appartiennent au patrimoine du rock au même titre que James Brown à celui du rythm'n’blues et à la soul. Mais y’a aussi des modèles outre-manche qui nous ont influencés, comme Deep Purple, The Who, The Rolling Stones, Les Zeppelin, Rory Gallagher,… qui sont les figures de proue du mouvement rock et hard rock. A l'instar de ces groupes, on a toujours l'envie irrésistible sur scène de donner en permanence le meilleur de nous même. Cela nous conduit à nous lâcher et à jouer sans retenue. Tu entames un morceau, le public te suit, c'est la transe et tu ne peux plus t'arrêter. Ca c’est rock.
 
El Tao : Une remarque, Alain, toutefois. Dans la musique actuelle, je trouve qu’il y a un manque, car le solo de guitare a tendance à disparaitre. Des titres de plus de 10 minutes, comme ‘Child in Time’, de Deep Purple, ou ‘Stairway to Heaven’, de Led Zep, ne sont plus d'actualité et n’ont pas vraiment d’équivalence, de nos jours. Tout ce qui passe sur les ondes, actuellement, est bien trop calibré. C’est formaté pour rentrer dans une durée d’écoute déterminée, et puis tant pis pour la créativité.
 
Lord Tracy : Imagine-toi le mec de la radio devant son micro. Il balance la musique et meuble déjà l'intro pour continuer ses bavardages. Alors comment veux-tu qu'il place ses obligations de spots publicitaires sur des titres interminables pour lui….? Passer un titre comme ‘Stairway to Heaven’ en intégralité c’est un coup à se faire virer…(rires)…!
 
AB : Vous commencez à avoir une certaine notoriété hors de l’hexagone. Comment analysez-vous cela par rapport au public français?
Lord Tracy : Nous avons nos fidèles en France, mais je reconnais que notre côté artistique peut parfois déranger la culture française, qui est avant tout latine. De toute façon, chanter en anglais est primordial pour accéder au public étranger et notre expérience de la scène nous a permis d'entamer des tournées en Allemagne, Belgique, Hollande, Espagne, Itali et même Australie. C'est d’ailleurs au cours de ce périple australien, en 2004, que Tony Cohen nous a remarqués et a ensuite produit notre album ‘In Stéréo’, sorti en 2006. Mais je dois dire que le public allemand et hollandais, fervent de groupes comme Motörhead, apprécie vraiment nos prestations. C’est d’ailleurs aux Pays-Bas, à Hardewijk, que nous avons enregistré notre ‘live’, ‘Hallelujah Motherfuckers!’. Tu sais, l’important est de jouer, ici ou ailleurs, dans des pubs ou dans des salles, mais jouer.

 
AB : Après la reconnaissance de la presse et du public pour cet opus ‘Live’, quels sont vos projets de nouvel album?
Lord Tracy : Nous y travaillons actuellement tous ensemble, comme à notre habitude, mais sans avoir fixé de date précise de sortie.
 
AB : Lenine Mc Donald, si ce n'est pas indiscret, pourquoi as-tu quitté Jesus Volt?
L Mc D : J'ai décidé de me séparer du groupe en 2007, pour des raisons personnelles, l'usure et la fatigue aidant. J’avais aussi déménagé, et je vis maintenant en pays de Loire. J'ai alors éprouvé le besoin de me retrouver, d'écrire également pour aboutir à un nouveau concept. Je rentre d’ailleurs en studio très prochainement pour l'enregistrement de mon premier album solo, accompagné d'El Tao à la guitare et de Virginie Bianchini aux claviers. Mais cela n'empêche en rien le fait de retrouver mes amis de Jesus Volt pour jouer ensemble lorsque l'occasion se présente.
 
Lord Tracy : Tu sais, jouer en acoustique, reprendre des standards du blues, laisser une part à l'improvisation comme nous l'avons fait ensemble ce soir implique également une prise de risques qui est loin de nous déplaire. C'est quelque part un vrai retour aux sources. Et puis faire ce que l'on a envie de faire quand le moment est venu, sans se poser de questions, telle est notre devise!