Portrait de Laurent David by Thierry Docmac (Bayou Blue Radio – Paris-Move)
Le 3 janvier 2020
Thierry: Bonjour Laurent. Allez, on se fait un petit portrait, juste en ce début d’année.
Laurent David: Avec grand plaisir !
T: Commençons par le commencement… Est-ce la basse qui t’a choisi ou toi qui as choisi la basse?
Laurent David: Il se trouve que c’est la basse qui m’a choisi. Depuis ma jeune enfance j’ai toujours été attiré par les claviers en tous genres, et j’ai ensuite été très impressionné par le jeu de guitare picking d’un ami écossais de mes parents. C’est alors que je leur ai demandé de m’offrir des cours et ils m’ont inscrit en guitare classique dans une école de musique, dans l’Aisne, à Hirson, petite ville de Thiérache. En parallèle, je jouais les claviers dans un groupe de lycée, dans lequel il y avait un bassiste. Par un grand hasard, on m’a prêté une vieille basse et j’ai travaillé tout le repertoire du groupe dans lequel je jouais. J’ai ainsi pris la place du bassiste d’origine qui venait d’arrêter la basse au même moment. Je suis resté scotché à cet instrument depuis. Tout ça entre 1988 et 1990.
T: peux-tu nous raconter ce qui t’as fait devenir musicien?
Laurent David: Le hasard. J’adore me fier au hasard et décider à posteriori des directions à prendre. Et inconsciemment, je me mets toujours dans des situations qui ferment les portes que je ne veux pas passer. Faire de la musique une profession impose qu’aucune autre façon de gagner sa vie n’est disponible, car toute autre voie professionnelle est plus facile et plus confortable que la vie d’artiste.
T: nous allons aussi parler de tes influences multiples que l’on trouve sur toutes les productions de ta maison de disques ALTER-NATIV (site web ICI), car le rock n’est jamais bien loin, tout comme d’autres formes musicales. Qu’est-ce qui te fait vibrer particulièrement pour arriver à produire des concepts aussi originaux?
Laurent David: Ca va paraitre un peu naïf, mais j’essaie de garder l’esprit d’un enfant lorsque j’écoute de la musique: il arrive un âge où nous apprécions l’art en fonction de notre entourage social. J’essaie de casser ce principe en me fiant avant tout à mes sentiments. Aussi, quand il est question de musique, je suis insensible au texte des chansons, aux discours ou à la littérature autour d’une oeuvre sonore: je suis tombé dingue de Bob Marley, Deep Purple, Edgar Varèse, Mirella Freni, Meshuggah ou Danyel Waro pour les mêmes raisons: les effets qu’ils me font ressentir. Alors, je transmets ça naturellement dans mes créations, j’imagine.
T: en attendant ton prochain album, on reste sous le charme du précédent “Naked”. A l’évidence, pour chaque création tu aimes tout maîtriser, que ce soit la production ou le graphisme. Pour quelle raison?
Laurent David: C’est un sujet très interessant ! Mais contrairement à ce que tu laisses entendre, je ne contrôle pas tout: quand il s’agit de production, je suis très corporatiste et donne une entière liberté aux différents acteurs des productions. Quelques exemples: pour “Naked”, le graphiste et photographe Peurduloup a utilisé un montage photo de sa création, et le mix a été réalisé librement par Antony Soler. Pour “SHIJIN”, chaque musicien a créé sa propre partie, Antoine Delecroix a mixé sans aucun avis ou contrôle de ma part, et la pochette a été réalisée AVANT la musique.
Concernant le prochain album, avec le trio KILTER, nous avons tous les trois composé et enregistré sans aucun effet, et Marc Urselli a mixé exactement comme il l’entendait.
T: En tant qu’artiste, comment te définirais-tu?
Laurent David: Entremetteur. Je suis passionné des musiciens comme je le suis des alpinistes. Je réunis des équipes, je choisis un versant à gravir et j’observe l’évolution de l’aventure.
T: En dehors de tes projets personnels on te retrouve sur des projets majeurs comme ce magnifique groupe SHIJIN. Est-ce un besoin, dans ce cas, d’aller de temps à autre vers cette forme de jazz fusion exquise, mais plus classique, pour nourrir tes créations futures, ou juste le plaisir de jouer avec des musiciens hors normes?
Laurent David: Je suis toujours partant pour participer aux projets dans lesquels un Leader pense que j’y ai ma place, comme par exemple sur le dernier album d’Yvan Robilliard. Cependant, SHIJIN, c’est une de mes productions, alors je peux te répondre autrement: j’ai décidé de produire ce groupe car depuis quelques temps, Stéphane Galland et moi avions envie de rejouer ensemble, Malcolm Braff et moi nous nous étions bien entendus sur l’enregistrement d’Andromeda Anarchia’s DARKMATTERS, et j’avais eu une excellente connection avec Jacques Schwarz-Bart pendant nos concerts improvisés sur New York.
T: Ton nouvel album “Kilter” sort bientôt, alors à toi de jouer, de nous le raconter ici en français dans le texte, car la prochaine fois que tu en parleras avec nous, ce sera sur Bayou Blue Radio, et en anglais dans le texte, donc…
Laurent David: Cela fait maintenant plusieurs années que je m’intéresse à la fusion de deux genres antinomiques: le jazz et le métal. Après 3 albums avec M&T@L, composé de Maxime Zampieri et Thomas Puybasset, j’ai voulu explorer le genre avec des musiciens New-Yorkais passionnés comme moi par ces deux champs musicaux: Kenny Grohowski, actuel batteur de John Zorn et du groupe de black metal “Imperial Triumphant”, et Ed Rosenberg III, saxophoniste et créateur du groupe de Jazz-Metal “JerseyBand”. Le repertoire s’est créé dans les clubs New-Yorkais dans lesquels nous avons ajouté pièce par pièce les compositions qui sont sur l’album. Après la sortie d’un EP, l’album sort le 28 février, et je pense que l’objectif est atteint: une sorte de Jazz-Doom hyper puissant, plein de détails à découvrir et de riffs envoûtants! Et puis on a la chance d’avoir deux invités qui ont apporté une touche d’imprévu non négligeable: Per Nilsson, actuel guitariste soliste de Meshuggah, et aux screams et growls, la chanteuse Andromeda Anarchia.
T: Laurent David en concert, ici ou aux USA, c’est où? c’est quand?
Laurent David: Grâce au Triton, aux Lilas, nous allons préparer le show du 27 février pour la sortie d’album, et nous enchaînons sur une tournée européenne et ensuite une tournée autour de NYC, avec notamment la sortie d’album à NUBLU, le 9 mars.
T: Merci, Laurent, pour nous avoir autorisé ce portrait! Le premier de l’année 2020!
Laurent David: Mais le plaisir est pour moi!
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Retrouvez la chronique de l’album “Naked” par Thierry Docmac, sur PARIS-MOVE, ICI
Un album classé “indispensable” par la rédaction commune de Bayou Blue Radio & Paris-Move
Un album à retrouver également sur le site du Label Alter-Nativ, ICI