‘Oil City Confidential’: le film hommage à Dr Feelgood


               
                         ‘Oil City Confidential’: the Dr Feelgood story. Un film à voir absolument!

Chronique : Lucie Lebens

Encore étudiant, Julien Temple filme les répétitions et les concerts des Sex Pistols, qu'il suit pendant trois années. C'est le début d'une carrière principalement vouée à sa passion musicale. Le jeune britannique fait ses débuts comme réalisateur en 1980 avec ‘La Grande escroquerie du Rock’n’Roll’, documentaire sur les… Sex Pistols. Au fil des années, il ne cessera de collaborer, de différentes manières (clips, documentaires, comédies musicales…), avec des pointures répondant aux noms de Paul McCartney, David Bowie ou les Rolling Stones.

Oil City Confidential’ est, à ce jour, son dernier documentaire, la musique y incarnant un prisme au travers duquel sont passées au crible les conditions sociales et culturelles de l’époque. Temple ne fait pas dans la langue de bois pour en parler: ‘Avec ces films, nous posons des questions sur notre époque. Pourquoi cette passion s’est-elle éteinte? Aujourd’hui, ce sont les artistes les plus fades qui se trouvent un public avec la vogue des émissions type Nouvelle Star.’

Ce film a le mérite de remettre sous la lumière médiatique Dr Feelgood, groupe incarnant avec brio le chaînon manquant entre les 60’s et le Punk, à une époque où la musique progressive d’Angleterre faisait légion. Pas étonnant quand on regarde les patients des premiers concerts du Docteur: Johnny Rotten , Joe Strummer (qui avoue avoir choisi une Fender Telecaster pour suivre les traces de Wilko Johnson) et même une certaine Diana pas encore sous les feux de la rampe…!

Clem Burke, batteur de Blondie, raconte qu’à son retour d’Angleterre, en 1975, il eut l’idée d’apporter ‘Malpractice’ lors d’une fête new-yorkaise. Ce deuxième album du Doc tourna toute la nuit sur la platine, rendant maboules les Richard Hell, Johnny Thunders, Ramones, MC5 et autres grands de la scène Punk américaine.

A bas les concerts clinquants et autres extravagances, place aux fondamentaux, avec costumes/cravates de rigueur! La musique, rien que la musique, pour le plus grand plaisir du public qui avait, à cette période, davantage l’habitude des grands concerts impersonnels dans des lieux à dimension surhumaine. Lee Brilleaux (chant), Wilko Johnson (guitare), Sparko (basse) et The Big Figure (batterie) vont remettre les pendules à l’heure en l’espace de deux albums et de centaines de concerts électrocutants, redonnant au Rock ses lettres de noblesse. Wilko Johnson: ‘Nous étions complètement inconnus jusqu'à ce que nous trouvions des dates dans des bars à Londres. Dès que nous avons commencé à jouer là bas les gens étaient surpris. Notre manière de jouer et notre son, personne ne faisait comme nous!’.

Oil City Confidential’ retrace la genèse et l’apogée du groupe, ponctué d’extraits de films noirs anglais, tels ‘Brighton Rock’, de John Boulting (1947), ou ‘The Criminals’, de Joseph Losey (1960). Comme le déclare Wilko à propos de Julian Temple: ‘J’ai tout de suite vu que sa vision du film dépassait le groupe’. Canvey Island, bourgade de l’estuaire de la Tamise, moitié cité balnéaire, moitié port industriel, et surtout repère du groupe, n’est pas oubliée: place aux docks et aux docs!

L’aventure Feelgood s’arrête pour Wilko en 1977, suite à un désaccord sur le quatrième LP, ‘Sneakin’ Suspicion’. Wilko: ‘Malheureusement [avec Lee], nous nous sommes jamais reparlé depuis. Nous n’avions pas d’animosité envers l’autre, mais on ne s’est plus jamais revu. Il y a eu des circonstances ou l’on aurait pu se croiser, des rendez vous qui avaient été planifiés mais ca ne s’est jamais concrétisé. Lee est mort et c’est très triste [voix émouvante]. Lee aurait adoré le film. C’est un hommage approprié pour lui et Feelgood.’
Hommage d’autant plus frappant que l’on voit un Lee Brilleaux, de part la qualité des images et la sincérité des propos, très proche du public. Ces archives deviennent tellement troublantes qu’elles nous font oublier que cela fait déjà seize années qu’il nous a quittés…

Lucie Lebens
www.DrFeelgood.Fr