Mike Lécuyer : De Montparnasse à Montréal

A l'occasion de la sortie du CD ‘19 777 879’ (compilation de ses 3 disques vinyles parus à la fin des années 70 et qui n'avaient jamais été réédités – CD chroniqué ici…), Paris On the Move s’est penché sur le parcours de Mike Lecuyer, que l'on connait depuis quelques années déjà comme le créateur de la Chaine du Blues et le présentateur du Tremplin du festival Blues sur Seine.

XXème siècle : le passé

Dans les années 60, le jeune Mike fréquente le lycée Lavoisier, près du ‘Quartier Latin’ (il en parle dans sa chanson ‘Où est donc le bon vieux temps ?’), le Golf Drouot et joue dans plusieurs groupes influencés par les groupes anglais et le blues américain.

Au début des années 70, il décide, après la parution d'une lettre-article sur les groupes français qu'il avait envoyée au magazine américain Rolling Stone, de créer un mensuel : ce sera ‘Pop 2000’, avant de lancer un hebdo, ‘Maxi-Pop’, mais le choc pétrolier de 1973, fatal à bon nombre de petites entreprises, mettra un terme à sa carrière d'éditeur.

Mais Mike n’a jamais été du style à garder les deux pieds dans le même sabot. Parallèlement à diverses collaborations auprès d’autres revues musicales, il commence à composer avec Bernard Zuang, son pote de lycée, quelques blues en français.

Dans le même temps, il signe chez Crypto-RCA grâce à Christian Décamps, leader du groupe Ange, qu’il connait depuis l’époque du mag ‘Pop 2000’, et il aide ce même Christian Décamps à trouver un éditeur pour son recueil de poèmes ‘Pour une poignée d’images’.

Son premier 45 tours aurait pu/du être ‘Frustration Blues’, composé à partir d'un texte de Claire Brétécher, mais au dernier moment l'autorisation lui est refusée. Ce seront finalement les deux titres ‘Des vacances’ et ‘Frankenstein Boogie’ qui seront pressés sur un premier 45 tours, en 1977, sous le nom de ‘Mike & sa Clique’. Un an plus tard, c’est sous son patronyme que Mike Lécuyer sort son premier 33 tours, ‘A 7 plombes du mat' blues’, qui contient plusieurs ‘pépites’ comme ‘Gare du Nord’ (désigné ‘espoir de l'été’ 1978 sur RTL) et ‘Une tonne de blues’ (avec Mauro Serri), ‘Où est donc le bon vieux temps’ (adaptation d'un titre des Kinks), ‘Jusqu'au plafond’ avec Lionel ‘Le Révérend’ Raynal, ‘Je n'ai même plus de fric pour faire un flip’ (avec Bernard Zuang) et l’excellent ‘Oncle Paul’ (avec Christian Décamps aux claviers). Des problèmes entre Crypto et RCA font que le disque est très mal distribué et Mike Lécuyer décide de produire lui-même son prochain album, avec Richard Loury, patron du Studio 20 près d'Angers, et l’incontournable et indispensable Christian Décamps. Ce sera donc ‘Partie Libre’, sorti en 79, avec des ambitions artistiques plus marquées (arrangements de cuivres ou de cordes sur certains titres) : deux superbes compositions de Mauro Serri (‘Dépression nerveuse’ et ‘Cours petit, cours’), un country-folk de Bernard Zuang (‘Montparnasse’) et le titre final en forme d’apothéose-jam-orgie sonore, ‘Samedi’. Mais le blues originel s’est égaré dans des chemins de traverse (variété, folk-rock, disco) et PHILIPS décide en 1980 de revoir à la baisse ses productions indépendantes. Revoilà le bon Mike en quête d'un nouveau contrat discographique, mais ses recherches et les propositions reçues ne débouchent sur rien de concluant.

XXIème siècle : le présent et le futur 

La suite, Mike nous l'explique : "J'ai alors ‘hiberné’ musicalement pendant près de 20 ans, sans toucher un instrument de musique, que j'avais d'ailleurs tous revendus ! Je me suis pris de passion pour le Macintosh et la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) et ensuite le multimédia, ce qui m'a fait retourner en studio pour enregistrer des commentaires et des habillages sonores. Ce fut le premier déclic. Ensuite, vers la fin des années 90, je crée deux sites internet, puis la Chaine du Blues, et je découvre une "nouvelle scène blues française" tout à fait étonnante et dynamique. C'est le second déclic, la claque qui me réveille ! Je prends en charge le Tremplin du festival Blues sur Seine (qui va fêter ses 10 ans) et je participe à quelques concerts et jams à Paris (à L'Espace Blues, le Club Drouot et le One Way) et au FestiBlues, à Montréal, où je chante devant 20.000 personnes. Une expérience inoubliable (que l'on peut voir ci-dessous, sur youtube) ! Je participe ensuite à la création de W3 bluesRadio (émissions BluesFr et Rock & Presse) et enfin, ultime folie, le label Bluesiac (chez Brennus Music, distribution Muséa) pour défendre toujours et encore le blues (en) fr."

Sur ce label, créé pendant l'été 2008, il n'y a pour l'instant qu'une seule référence mais le catalogue va s'étoffer dans les mois à venir et soyons sûrs que d’ici un an ou deux, un ‘vrai’ nouveau CD de Mike Lécuyer verra le jour. En attendant,  profitez déjà de sa compilation, disponible sur www.bluesiac.com et chroniquée ici….

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris On The Move Blues Magazine

 
Mike Lécuyer