ITW : THE ANGRY CATS

 

ITW de THE ANGRY CATS

ITW préparée et réalisée par Dominique Boulay
Photos : © Jean-Fabien

Les groupes hexagonaux à forte personnalité et à création musicale de qualité n’étant, hélas, pas monnaie courante, il était donc logique que je prenne rendez-vous avec Fred, Chris et Tom, ces musiciens pour qui Liberté rime toujours avec Contestation et Rock’n’Roll…!

    
Pourriez-vous tout d’abord vous présenter individuellement et musicalement? Ya-t-il eu un avant pour chacun des membres de Angry Cats?

Fred ALPI : Chant-guitare, né en Suède puis a grandi à Amiens où il commence à jouer du punk-rock dans son premier groupe dès 14 ans. Il part ensuite pour Bruxelles et Berlin où il est bassiste de Sprung aus den Wolken, groupe mythique de la scène industrielle. Sa route le mène ensuite à Paris où il chante pendant cinq ans des classiques de la chanson française dans le métro et dans les rues, avant de se consacrer à son propre répertoire en français. Il sort ainsi quatre CD, dont deux sous la forme d’un duo de blues acoustique, en français, avec le guitariste Gilles Fegeant. Il participe également en tant que guitariste au combo punk Brigada Flores Magon avant de se lancer dans l’aventure de The Angry Cats, d’abord sous forme d’un trio de reprises de standards de rockabilly, qui va s’ouvrir ensuite musicalement en jouant son propre répertoire, en anglais, influencé autant par les grands classiques du rock’n’roll que par d’autres courants du rock allant du punk au hard-rock en passant par la musique industrielle ou le Texas blues.

Chris GIANORSI : Batterie. Niçois d’origine, Chris se prend d’amour pour les tambours depuis son plus jeune âge et son style éruptif rappelle celui de certains batteurs de power trios légendaires des années 70. Il a, par le passé, accompagné Chinaski ou Raoul & The Crazy Dogs.

Tom DECAESTECKER : Basse. Tom voit le jour au coeur des brumes flamandes. Avant de jouer de la basse à la suite d’un voyage initiatique en Amérique du Sud, il fut guitariste et chanteur de blues. Il a longtemps joué de la basse dans Guarapita, groupe de ska-punk.

     
Qui est Tristan MAZIRE, du Studio Garage, Paris? Comment êtes-vous entrés en contact avec lui?
Outre le fait que Tristan et Tom se connaissent depuis plus de 10 ans, car ils assuraient la basse-batterie dans Guarapita, Fred et lui ont déjà travaillé ensemble sur son dernier album solo. C’est également lui qui a enregistré et mixé le premier 4 titres éponyme de The Angry Cats, sorti fin 2012. On peut presque considérer que c’est le quatrième membre du groupe, notamment parce que c’est également lui qui réalise les clips. Il est extrêmement talentueux, tant au niveau du son qu’à celui de l’image, et ça nous aide beaucoup. Il travaille désormais au Studio Garage, studio mythique du rock underground français, qui possède une table de mixage API 2482 de 1972, très rare, avec tous ses composants d’origine. C’est la console et le lieu parfait pour faire des prises live, on s’y sent comme à la maison, l’acoustique est incroyable. C’est un lieu propice à la création et idéal pour capter les moments magiques d’un enregistrement.
Tristan fait partie de la nouvelle génération d’ingénieurs du son qui a grandi en plein essor du numérique, mais avec une grande connaissance de l’analogique. Il s’investit dans la production des morceaux, et nous avons toujours des discussions intenses avec lui sur la direction artistique qu’on veut prendre. C’est avec lui que nous choisissons quel son et quelles émotions nous voulons donner à nos morceaux.


De même, qui est Drew CAPPOTTO, du Studio Vérité Sound, New York City? Comment êtes-vous entré en relation avec lui?
Cela fait plusieurs années que nous travaillons avec Drew Cappotto. Il avait déjà masterisé notre premier EP, car nous voulions éviter l’écueil du son «à la française», qui privilégie, pour des raisons culturelles, les mediums et les aigus tout en réduisant les graves. Drew travaillait avant au légendaire Studio Masterdisk, qui proposait en plus, des conditions très intéressantes pour les groupes indépendants. Il a, depuis, monté son propre studio de mastering et nous continuons à travailler avec lui, car il comprend exactement quel type de son convient à notre musique.


Quel est le concept qui se cache derrière une histoire que vous écrivez en temps réel…? Que voulez-vous dire par là?
Nous avons choisi de sortir très régulièrement des EP 4 ou 5 titres plutôt qu’un album tous les trois ans. Ça permet à la fois au groupe et au public de prendre conscience, en temps réel, de l’évolution de notre musique, parce que cela correspond au rythme naturel de sa propre création.


Et depuis combien de temps existe ce trio incandescent?
Sous sa forme actuelle, depuis début 2012. Comme nous le disions plus haut, le groupe avait d’abord été créé pour travailler des reprises, un peu comme un Side-project pour ses différents membres. Mais comme il est progressivement devenu un véritable groupe à part entière, il lui fallait des musiciens totalement impliqués et disponibles, ce qui est le cas avec Chris, Tom et Fred.

 

Depuis combien de temps tournez-vous dans l’hexagone, et autour?
Comme les Angry Cats ont vocation à être avant tout un groupe de scène, nous tournons pratiquement en permanence depuis nos débuts, en essayant d’aller jouer le plus souvent possible à l’étranger. La France reste un pays qui manque de clubs pour jouer du rock, un peu spécialisé dans les bars et les festivals. Et le format club de 200/300 places nous convient mieux.

C’est donc ce qui explique pourquoi seulement 5 titres… C’est quand même frustrant d’en écouter si peu à la fois!
Oui, mais comme nous venons de te le dire, nous préférons sortir régulièrement des EP plutôt que d’attendre plusieurs années pour sortir un album. Nous demeurons ainsi plus dans l’urgence, et c’est aussi cette tension qui est l’une des caractéristiques de l’identité du groupe. Les fans peuvent écouter les deux EP existants l’un après l’autre, cela fait presque un album du coup.

     
Comment Fred trouve-t’il l’inspiration pour les textes de ses chansons?
Le contenu de ses textes nait de sa vision du monde. Mais il n’y a pas que cela, les discussions que les membres du groupe peuvent avoir sur de nombreux sujets l’inspirent également. Parce qu’en fin de compte, The Angry Cats, c’est d’abord et avant tout une aventure humaine où l’amitié joue un rôle essentiel. C’est en raison de cette complicité qu’il y a, à la fois un regard politique libertaire et critique indéniable sur le monde tel qu’il est, mais également des références à des situations beaucoup plus personnelles, voire intimes. C’est ce mélange de colère et de sensibilité qui leur donne ce caractère spontané, quel que soit le sujet abordé.


Quelles sont vos sources d’inspiration musicale?
La force du groupe et son originalité viennent de la diversité de nos parcours musicaux. Cela explique que nos inspirations individuelles couvrent un champ très large qui englobe tout ce que le rock et le blues ont pu produire depuis leur naissance. Nous nous sommes rendu compte que nous aimions particulièrement les trios, dans différents styles, car ils permettent à tous les musiciens de prendre toute la place qu’ils veulent, tout en laissant les autres prendre la leur. Leur proximité permet l’interaction, la spontanéité et l’improvisation, ce qui nous convient parfaitement. Musicalement, nous sommes aussi capables de nous inspirer de musiques qui pourraient sembler très éloignées du Rock’n’Roll, comme la musique expérimentale ou les musiques ethniques. Mais l’énergie qui habite tout ce que nous créons est celle du rock depuis ses origines, toujours empreinte d’une bonne dose de révolte et de jubilation.


Quelles sont vos références en ce domaine ?
Nous n’avons pas de modèles ou d’idoles à proprement parler et nous ne sommes pas fans inconditionnels d’un groupe en particulier, même si nous avons des admirations sincères. Si nous devions citer trois groupes qui font l’unanimité chez The Angry Cats, et dont la synthèse pourrait d’ailleurs qualifier la musique du groupe, ce serait The Stray Cats, The Clash et Led Zeppelin. La réalité est que, comme les trois groupes cités, nous nous inspirons de nombreux styles différents tout en revenant toujours au Rock. Il y a bien sûr d’autres groupes, actuels ou anciens qui nous marquent plus que d’autres, de par leur démarche et leur son. Notamment Queen of the Stone Age ou Triggerfinger. Ceux là créent de nouvelles sonorités tout en gardant les fondamentaux de blues évidentes. Il y a bien sûr des groupes légendaires ancrés dans notre langage musical, comme les Rolling Stones, les Who ou encore Jimi Hendrix.


Pourquoi ne pas chanter en français et inventer un Bar Rock Tricolore?
Le rythme du Rock’n’Roll est trop rapide pour la syntaxe du français et c’est une langue sans accents toniques qui plus est, difficile à faire swinguer, du coup. C’est peut-être possible, mais l’anglais s’y prête quand même bien plus naturellement. Et cette langue facilite aussi notre démarche visant à jouer ailleurs qu’en France. Alors que la chanson française est souvent bien accueillie à l’étranger, le rock en français ne l’est que très rarement, parce que ça ne souffre pas la comparaison avec l’anglais.


Etes-vous musiciens professionnels?
Nous ne sommes pas musiciens professionnels, même si nous consacrons pratiquement un temps plein à cette activité.

 

C’est donc plus une passion qu’autre chose, ou bien espérez-vous un jour vivre de votre art?
C’est déjà ce qui nous fait vivre, car c’est une énergie à nulle autre pareille. Nous aimerions naturellement pouvoir avoir plus de temps encore pour nous y consacrer totalement, et effectivement ne pas être obligés de devoir passer autant d’heures à travailler par ailleurs. Mais nous sommes conscients que de ne pas être professionnel peut aussi permettre de conserver une certaine liberté artistique, en n’étant pas contraints de jouer à tout prix juste pour pouvoir survivre. Ce qui tue parfois certains artistes aussi. C’est l’éternel débat! Si un musicien veut gagner de l’argent avec son instrument, il est contraint de jouer pour des artistes de variété qui ont le vent en poupe, au jour le jour, en cavalant après le prochain qui aura du succès. Dans ces conditions, c’est vrai que cela devient juste un boulot, et que cela peut s’éloigner de la passion. Avec le groupe, nous, nous vivons la musique par passion et sans compromis. C’est ce qui nous permet de faire de la Musique, Notre musique!


Que faut-il penser de la ‘Gueule cassée’ en cover?
Il faut la regarder à la fois comme une illustration du titre du CD ‘Rock’n’Riot in Town’ et comme une référence à des artistes comme Francis Bacon, David Lynch ou David Cronenberg.


Quelle signification donnez-vous au titre du disque?
‘Rock’n’Riot in Town’ est un appel à l’insurrection, qui semble de plus en plus nécessaire quand on voit la direction que prend actuellement la société, prise en otage par le capitalisme le plus cynique et son corollaire, les haines nationalistes et réactionnaires.


Qu’exprime la photo du verso de la pochette, la solitude du Rocker dans la ville ou le besoin de déambuler la nuit?
C’est une photo extraite du clip ‘Fly Away From The Nightmare’ réalisé par Tristan pour accompagner la sortie du CD. Ça exprime effectivement une certaine solitude et une allusion au cauchemar qu’est parfois devenue la vie dans ce monde contemporain.


Vous seriez donc davantage des ‘performer’ plutôt que des musiciens de studio?
C’est vrai que nous sommes avant tout un groupe de scène! Parce que c’est là que non seulement nous nous exprimons le mieux, mais parce qu’également c’est là que nous donnons et prenons le plus de plaisir. Mais c’est vrai aussi que les expériences que nous faisons en studio, assez denses car nous enregistrons dans des conditions quasi-live, en peu de temps, nous permettent de découvrir d’autres aspects de la création musicale. Le fait d’être confronté à la réalité de sa façon de jouer d’un instrument ou de chanter permet un retour sur soi, parfois cruel car sans pitié, qui donne l’occasion d’évoluer tout en ouvrant des perspectives.

     
Quels sont les lieux où vous aimeriez vous produire?
Nous aimerions nous produire dans le monde entier, parce que nous aimons voyager et la vie de tournée. Mais que ce soit en tant que spectateur ou en tant qu’artiste, nous apprécions particulièrement les salles de taille moyenne, entre 200 et 1000 personnes. C’est dans ces endroits que nous aimerions jouer. Les conditions techniques permettent de s’y exprimer pleinement tout en conservant un contact direct avec le public.


Aimez-vous les chats?
Oui, d’ailleurs Chris habite chez son chat…! (rires)


Ne boivent-ils que de lait?
Sensibles aux plaisirs des sens, il leur arrive aussi de savourer d’autres boissons, toujours avec modération bien sûr…!


Pouvez-vous nous parler du clip, sur le plan technique. Comment cela s’est déroulé. Et aussi sur le plan artistique: l’ambiance. Que raconte-t-il?
Nous avons consacré beaucoup de temps à la préparation du clip, que ce soit pour le synopsis, les repérages, ou même les choix des optiques pour le grain de l’image. C’est Tristan qui a réalisé et coordonné le tout, et afin d’avoir la qualité qu’il voulait, il a choisit de travailler à la fois avec un cadreur, Emile Cervia, et David Bauhsira, de chez Stances, pour l’étalonnage. Nous sommes allés faire des prises très tôt le matin, au lever du jour, pour avoir la lumière adéquate, et nous avons concentré le tout sur un week-end, toujours dans le but de conserver la tension nécessaire à l’atmosphère du clip.
Sur le fond, il illustre le titre ‘Fly Away From The Nightmare’ qui raconte une histoire qui pourrait nous arriver à toutes et tous, celle de cette envie de fuir le cauchemar d’une société qui oblige à un rythme de vie étouffant et sans perspectives. D’où ces blessures morales successives symbolisées par les bandes d’adhésifs qui viennent déformer le visage, et donc la personnalité du personnage principal.
Keep on Rockin’!

      
Quelques conseils signés Dominique Boulay:

Le mieux pour vraiment connaître ce groupe, c’est de venir l’écouter et le voir en concert!
Pour en savoir plus, et notamment connaître les dates des concerts, voici quelques liens:
Le site du groupe: www.theangrycats.com
Leur page Facebook : www.facebook.com/TheAngryCats
Mais leur musique s’écoute également ici : http://theangrycats.bandcamp.com
Et leurs clips se visionnent ici :
http://vimeo.com/theangrycats
et
http://www.youtube.com/theangrycatsparis

 

 

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