ITW : Red Beans & Pepper Sauce

Interview des Red Beans & Pepper Sauce réalisée par Dominique Boulay
Photos : © Jean-Luc Bouazdia, Pepleg-Phazzz et Sylvie Bosc Photographie

La sortie du nouvel opus des Red Beans & Pepper Sauce constituant un événement majeur de l’actualité Blues hexagonale, il était donc logique et nécessaire de les rencontrer pour vous les présenter.

Nous allons commencer par les préliminaires d’usage. Je vais vous demander de résumer en quelques lignes le CV de chacun d’entre vous, ainsi que votre passé musical. Je sais déjà que certains d’entre vous ont plusieurs cordes à leur arc…

Laurent Galichon joue de la guitare, de la basse et de la batterie. Il a étudié la musique à l’IMFP à Salon de Provence et après quelques années comme guitariste dans des tribute bands à Jimi Hendrix ou à Eric Clapton, il fonde Red Beans & Pepper Sauce. Depuis sa création, en 2010, il y tient les rôles de guitariste, auteur, compositeur, graphiste, photographe, bookeur, etc. Il s’essaye aussi à la production et réalise les 2 premiers albums du groupe: “Le Gardien”, en 2010 et “Who Made The Sauce?” en 2012. Passionné du travail de l’image et de la vidéo, il réalise également de nombreux clips pour le groupe, leurs visuels de communication ainsi que les pochettes des 4 albums sortis depuis 2010. Il s’occupe également de la com du projet, avec la réalisation du site officiel du groupe et la gestion des différents réseaux sociaux qui permettent de suivre le groupe sur le net (Facebook, Youtube, Twitter).

Serge Auzier joue depuis les 90’s comme pianiste, organiste, choriste dans de nombreux groupes du sud de la France. Il participe à de nombreux albums comme compositeur, arrangeur ou ingé son. Il travaille dans des styles rock, blues, et parfois métal. Il participe également à plusieurs tribute bands à Pink Floyd et Joe Cocker, entre autres.

Denis Bourdié a commencé à jouer dans le grand sud dans le milieu des 80’s. Musicien multi-instrumentiste, il joue de la basse ou de la guitare dans divers groupes et divers styles, allant du latino-reggae au rock 70’s en passant par divers tribute bands à Santana, Canned Heat, Eric Clapton et quelques autres encore. Il travaille aussi dans le son en live et en studio et participe à la production du deuxième album du groupe “Who Made The Sauce?”.

Niko Sarran a participé comme musicien ou réalisateur à une quarantaine d’albums à ce jour. Il a travaillé avec divers artistes tels que Louis Winsberg, Dominique Di Piazza, Guy N’Sangué, Bob Brozman ou Wolf Mail, pour n’en citer que quelques-uns, et dans divers styles: jazz, blues, musique électronique, rock, funk et world Music. Il rejoint le groupe en 2014 et réalise les 2 albums “Hot & Spicy” (2015) et “Red” (2017).

Jessyka Aké étudie la musique et le chant au Centre Régional de la Chanson à Béziers et après avoir chanté dans divers groupes dans le sud elle gagne la capitale pour travailler dans de nombreux projets comme lead ou choriste. Elle devient la voix des Red Beans en 2012. D’abord simplement interprète sur “Who Made The Sauce?” en 2012, elle commence à participer à l’écriture des mélodies sur quelques titres de “Hot & Spicy” en 2015 pour finalement s’impliquer dans tous les titres de “Red” en 2017. Elle travaille également sur la com du groupe et la distribution.

Laurent, tu es compositeur et guitariste, mais tu réalises aussi des clips, tu réalises les pochettes de vos albums… Est-ce que ce sont des choses que tu as étudiées ou bien es-tu un réel autodidacte?
Laurent : J’ai étudié la musique au conservatoire de Béziers puis à l’IMFP à Salon-de-Provence où j’ai suivi des études plutôt tournées vers le Jazz, même si mes influences principales sont le Rock et le Blues. Pour tout ce qui concerne la réalisation de clips, la photo, la réalisation des pochettes ou encore le travail sur la communication et le booking, je suis absolument autodidacte. Aujourd’hui on apprend beaucoup de choses grâce à Google (rires)…!

Comment trouves-tu l’inspiration, aussi bien dans l’écriture des textes que dans les lignes mélodiques et les riffs?
Laurent : Je n’ai pas de recette. Parfois c’est la guitare à la main, parfois c’est sous la douche. En général il s’agit de riffs de guitare ou de basse, et ensuite c’est ce que j’ai appris lors de mes études de musique qui me permet de réaliser des arrangements. Évidemment, pour tous les musiciens c’est la même chose, c’est la culture musicale qu’on s’est construite au fil des années qui influence directement l’écriture. Pour les textes, je n’hésite pas à aller étudier les textes des groupes que j’ai beaucoup écoutés, à la recherche de tournures de phrase et d’expressions, car c’est un anglais différent de celui qu’on apprend à l’école.

Quelles sont tes guitares favorites, acoustiques et électriques?
Laurent : Il y en a plein, et je n’ai pas forcément les moyens d’avoir sous la main toutes celles que je voudrais. La Strat est peut-être ma préférée pour sa polyvalence et ce son cristallin reconnaissable en quelques notes. J’utilise actuellement une signature John Mayer qui m’a plue dès que je l’ai eue en main. Mon addiction à Led Zeppelin fait que j’ai toujours aimé également les Gibson Les Paul, et avec Red Beans je joue sur une LP des années 2000 que j’ai un peu modifiée. J’utilise également parfois en studio une Telecaster qui est un peu la guitare ultime pour moi. Je veux dire que parfois quand tu as testé sur un morceau plusieurs configurations avec différentes guitares et différents amplis et que rien ne fonctionne vraiment, alors tu peux être sûr que ta bonne vieille Tele ne te laissera pas tomber. Pour moi, ç’est un peu la guitare couteau-suisse ou la guitare de survie! Après, il y a toutes ces guitares de légende qu’on a envie de toucher un jour comme la Les Paul 54 ou une Strat série L. Je joue aussi d’un dobro électrique sur quelques titres sur scène. Et concernant les acoustiques, je joue assez peu avec, en fait. Je suis vraiment un geek de la guitare électrique. J’ai une Martin et un dobro bois-métal à la maison, pour quand ça me prend.

Et quels sont les guitaristes que tu préfères ?
Laurent : Hendrix, Page, Clapton, Blackmore, Beck, Gibbons… C’est très classique, en fait, mais tu peux en rajouter plein, avec déjà les 3 King et Albert Collins pour les anciens, et puis Derek Trucks, Gary Clark Jr, John Mayer ou Joe Bonamassa pour les actuels. Et j’ai aussi une grande admiration pour Eddie Van Halen, même si je ne suis pas du tout dans ce registre. Un gars comme The Edge m’a également beaucoup touché, même si c’est plus en tant que compositeur et arrangeur que réellement comme guitariste.

Existe-t-il un leader, au sein des Red Beans & Pepper Sauce, ou bien fonctionnez-vous en démocratie directe?
Laurent : On fonctionne comme dans la démocratie nord-coréenne (rires). Plus sérieusement…, il n’y a pas de règle gravée dans le marbre, on discute de tout. Et même si je suis un peu celui qui drive le truc, je ne lâche pas les chiens s’il y en a un qui n’est pas d’accord avec moi.

Niko, tu es batteur mais aussi producteur, et non seulement des deux derniers opus de Red Beans & Pepper Sauce mais aussi de Marvelous Pig Noise et Wolf Mail. Comment concilies-tu le fait d’être producteur de vos propres créations et le producteur d’autres groupes?
Niko : La production est une aventure qui se renouvelle en permanence, tout comme la création. D’ailleurs, la production c’est de la création, au même titre que la composition. Donc je peux faire sans problème table rase de tout le passé et m’orienter sur le projet du moment sans aucune référence avec les productions précédentes.

N’as-tu pas envie, parfois, de piquer des idées chez les autres et de te les attribuer pour le groupe dans lequel tu es batteur? Blague à part, il doit fortement être question d’éthique en la matière…
Niko : En tant que “chercheur” je suis toujours tourné vers l’avenir, et donc pas besoin de me servir du passé. La batterie ou la production sont pour moi deux outils de création identiques et tout aussi passionnants.

Quels sont tes batteurs de référence?
Niko : Je n’utilise normalement aucune référence en matière de batterie, ni en matière de batteur. D’ailleurs même si je suis influencé par plein d’entre eux, le plus grand hommage que je puisse leur rendre c’est surtout de ne pas les copier.

Etes-vous musiciens professionnels ou pas encore?
Oui, on vit tous de la musique. On joue tous dans d’autres groupes à côté de Red Beans, mais c’est ce projet qui constitue notre activité principale à tous en termes de temps et d’investissement. Et c’est ce qui fait que c’est une très belle aventure.

Depuis le début de vote carrière vous mélangez différents styles de musique: Jazz, Funk, Soul, Rock. Pensez-vous avoir trouvé avec ce nouvel album votre direction musicale, ou êtes-vous encore tentés par d’autres styles?
On a tous des influences très larges et très variées, alors ça se ressent forcément dans notre musique. Mais cet album a une direction nettement plus rock que les albums précédents, même si “Hot & Spicy” en 2015 allait déjà un peu dans ce sens. Avec le temps, le mélange des personnalités musicales des uns et des autres fait que la direction musicale de Red Beans & Pepper Sauce se resserre et qu’on finit par aller tous dans le même sens, après avoir essayé plein de choses.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur Pierre Andissoa?
Pierre était le chanteur-harmoniciste des Marvelous Pig Noise, mais aussi d’Orange Blues et de Hush. C’est un grand musicien, un grand chanteur et harmoniciste de blues. On travaillait un morceau sur lequel on avait vraiment très envie de l’inviter à souffler dans son harmo, et comme ça s’est passé merveilleusement bien on a enchainé sur un deuxième titre avec lui. Il est pour moi une des références du circuit blues en France et je suis ravi d’avoir pu travailler avec lui.

Il y a une certaine cohérence dans les titres de vos albums: Who Made The Sauce?, Hot & Spicy, Red. Y-a-t-il une règle derrière cela?
Non, il n’y a pas de règle, on travaille à l’instinct. Mais quand on s’éloigne trop de notre sujet, on le sent. Pendant l’écriture d’un album il y a parfois des titres qui partent à la poubelle si on n’arrive pas à en faire quelque chose qui nous ressemble. Il y a parfois aussi des titres qui finissent par disparaitre des setlists. Et petit à petit l’identité se précise.

Jessyka, toi qui chante et compose, n’est-ce pas trop difficile de ne travailler qu’avec des mecs?
Jessyka : Non, ce n’est pas trop difficile (rire). J’arrive toujours à donner de la voix pour me faire entendre, et ces messieurs assumant leur côté féminin, du coup, je ne me sens pas lésée (rires).

Et comment trouves-tu l’inspiration, toi aussi?
Je puise mon inspiration au fil des rencontres, des découvertes musicales, des échanges et des partages qui peuvent se produire sur scène ou dans la vie. Et la ville de Paris, où je vis actuellement, est une source d’inspiration inépuisable.

Que pouvez-vous dire, avec un peu de recul, de vos albums précédents?
On a pris beaucoup de plaisir à les écrire, à les enregistrer, puis à les jouer sur scène. A chaque sortie on a l’impression d’avoir progressé, et je suis très fier qu’on n’ait pas l’impression d’écouter à chaque fois le même album. C’est très intéressant de les écouter par ordre chronologique, ça permet de suivre notre évolution. C’est comme un voyage où chaque album représente un morceau de la route qui nous mène au prochain.

Question piège, un peu: le dernier est-il meilleur que les précédents?
En tous cas, c’est toujours ce qu’on espère à chaque nouvelle sortie. On progresse forcément dans l’écriture, dans le jeu, dans la réalisation. Les nombreux concerts qu’on a donnés nous permettent également de mieux nous connaitre. On passe du temps ensemble sur la route, on sait ce qu’on peut attendre les uns des autres. Et au moment d’écrire la musique, je sais que je peux compter sur le son très fat de la basse de Denis, sur l’inspiration de Niko pour renouveler sans cesse ses riffs de batterie. Je sais que le jeu très rock de Serge sur les claviers va venir m’apporter une puissance et une richesse que je n’aurai pas avec une deuxième guitare. J’essaye aussi de lui écrire des parties qui vont lui permettre de nous envoyer des solos épiques. Avec Jessyka on passe beaucoup d’heures en studio à travailler également les mélodies. A chaque album elle s’implique davantage et apporte dans l’écriture un sens de la mélodie que je n’ai pas. Elle a d’ailleurs signé toute seule sur cet album la très jolie mélodie de “Flyin’ High” dans une direction Soul où je n’aurai pas pu aller. Bref, avec le temps et les heures de travail en commun, on ne peut que progresser.

Au-delà de vos projets immédiats, scènes et festivals, avez-vous déjà des titres de prêts pour le prochain album ou des idées, tout du moins?
Oui, il y a pas mal d’idées qui sont restées en suspens pendant le travail sur cet album. C’est assez fréquent que je travaille sur un riff de manière assez brève et que je le mette de côté pour le laisser murir. Il y a d’ailleurs sur cet album des riffs qui dataient du tout premier album, en 2010, mais que je n’avais pas retravaillés depuis. Ça peut arriver qu’on bloque sur un truc, alors que si on laisse passer du temps les idées viennent plus rapidement. Et puis des fois, non.

Êtes-vous copain avec Internet et comment le considérez-vous, ami ou ennemi?
Mais c’est bien plus qu’un ami…! C’est internet qui nous permet de court-circuiter tous les intermédiaires qui se sont mis entre les artistes et le public depuis des décennies. Tout notre travail en autoproduction serait quasiment impossible à réaliser sans le web. Il nous permet d’exister sans avoir à attendre qu’une maison de disque décide subitement qu’on est bankable. Il nous permet déjà de travailler sur notre musique à distance, donc plus besoin d’acheter des heures de studios à prix d’or. Il nous permet de vendre notre musique en direct sans intermédiaire, et encore une fois, sans une maison de disques qui pourrait décider de nous mettre dans un tiroir parce qu’elle préfère se concentrer sur un autre de ses artistes. Il nous permet de communiquer sur notre actu et surtout de créer un lien très fort avec tous ceux qui nous suivent. De diffuser nos clips, ce qui, il y a 15 ans, signifiait être signé dans un label suffisamment puissant pour faire passer un clip sur M6 ou MTV. Bref, même si internet est un vaste océan et que la visibilité y est moins grande que quand t’avais un clip qui passait à la télé, il a au moins le mérite de laisser le public choisir ce qu’il veut regarder et écouter. Après, si les gens préfèrent regarder par centaines de millions des vidéos de petits chats plutôt que de la musique, je n’y peux rien. En plus, je préfère les chiens (rire).

Vos projets dans un futur proche ?
Déjà, il y a eu le concert de sortie d’album à Zinga Zanga à Béziers le 21 septembre dernier. On y a présenté le nouveau spectacle après une résidence de quelques jours où on a pu bosser sur les arrangements de l’album pour la scène, les lumières, le show, et tout le reste. Deux jours plus tard on a remis ça au Rockstore à Montpellier, puisque c’est avec Béziers notre deuxième maison. Ensuite, on part en tournée vers les Pays-Bas avec quelques escales en France. On travaille aussi actuellement sur une tournée en Allemagne et une date parisienne pour avant les fêtes de fin d’année. Les négociations sont toujours en cours à l’heure actuelle mais on l’annoncera dès que possible sur notre site, ici, et sur les réseaux sociaux où il est très simple de suivre toute notre actu, comme ici, sur notre page Facebook.

Merci à vous pour avoir répondu à nos questions, et tous les lecteurs de Paris-Move se joignent à moi pour vous souhaiter une très belle tournée et une belle date parisienne!
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Depuis que cette ITW a été réalisée, nous sommes en mesure de vous annoncer cette fameuse date parisienne des Red Beans & Pepper Sauce d’avant la fin de l’année!
Le concert des Red Beans & Pepper Sauce aura lieu le vendredi 6 Octobre au Nouveau Cap, 56 rue Auguste Renoir, 93600, Aulnay-sous-Bois!

Page facebook du concert: ICI
Billetterie: ICI
Pensez à réserver !!!!

Site officiel des Red Beans & Pepper Sauce: ICI