ITW d’Ilene Barnes: une voix, et quelle voix!ITW d’Ilene Barnes: une voix, et quelle voix!

                           Ilene Barnes: une voix, et quelle voix!

Interview préparée et réalisée par Dominique Boulay
Photos: Anne Marie Calendini

C’est à la fin de l’été 2010 que l’occasion m’a été donnée de rencontrer une grande Dame de la musique, Ilene Barnes, dont la voix vous colle des frissons pas possibles. Le rendez-vous avait été fixé dans Paris, à côté de la Bastille, au Café de L’Industrie, pour être plus précis.

PM: Cela fait une dizaine d’années que tu fais des disques. Raconte-nous comment tout cela a commencé?
Ilene Barnes (IB):
J’étais déjà dans le milieu du jazz, auparavant, et ce depuis quelques années. Tout s’est passé très simplement, lors d’une rencontre et d’une discussion dans un ascenseur où se trouvait mon futur producteur, Antoine Chouchani, alors qu’il se trouvait un jour chez Sony, le label avec qui j’avais signé quelques temps auparavant. Tout a réellement commencé dans un ascenseur, pour être très franche. Antoine avait déjà un enregistrement de ma voix où on m’entendait chanter un negro spiritual, à capela, mais il était là pour un autre artiste. Et dans l’ascenseur où nous nous trouvions, il y avait trois grands responsables de chez Sony de l’époque. Et l’un d’entre eux a demandé à Antoine s’il avait quelque chose de nouveau à leur faire écouter. Il leur a dit qu’il était là pour une grande artiste mais qu’il avait éventuellement quelqu’un d’autre à leur faire écouter. L’une des trois personnes lui a proposé de passer le voir dans son bureau pour lui faire écouter cet autre artiste, il a écouté, il a aimé et il m’a fait signer. Et voilà! C’est ainsi que tout a commencé, dans un ascenseur (rires).

PM: Et depuis, tu as enregistré six albums…
IB:
Oui, le dernier est effectivement le sixième.

PM: Avec le recul, maintenant, quelles sont les grandes différences entre cet album et le tout premier, que tu as enregistré?
IB:
Il y a énormément de différences. Le premier album que j’ai fait chez Sony est très peu connu. Il s’appelle ‘Set You Free’ et est sorti en 2000. Il a été fait avec de très gros moyens de production mais j’avais très peu de chose à dire concernant la production de ce disque. C'est-à-dire que j’ai écrit des chansons. D’ailleurs, au début, il ne devait en figurer qu’une de moi, sur cet album, et en fin de compte, j’en ai mis dix sur douze. La proportion a été complètement inversée. La difficulté, vois-tu, quand tu as de gros moyens, c’est que tu confies ton ‘bébé’ à des gens qui ont une plus grande expérience que toi, tu leur fais aveuglément confiance et tu n’oses pas trop dire les choses. Et ce que j’ai fait, moi, ce n’était pas du tout un caprice, c’est juste que ce que l’on faisait, au début, ne me ressemblait pas trop. Cela avait vraiment la griffe de la personne qui produisait. Et ce que j’ai voulu changer n’était pas imputable au producteur, qui est vraiment quelqu’un de très grand. Après cela, on a donc décidé de faire rideau! On a décidé de recommencer presque à zéro et j’ai réécrit de nouvelles chansons pour un nouvel album. C’est devenu ‘Time’, que j’ai réalisé avec le même producteur que mon dernier album. C’est vraiment une personne avec laquelle je suis sur la même longueur d’ondes. On a beaucoup de choses en commun. Je crois que l’on se connait suffisamment bien, maintenant, et c’est pour cela que je suis revenu avec lui et que j’ai fait mon dernier opus chez lui, avec lui. ‘Time’, en 2003, est l’album qui a vraiment lancé ma carrière, je pense.

PM: Question piège, un peu, car comment définirais-tu ta musique?
IB:
C’est un peu de tout…, du rock, du folk, du blues, de la soul, du jazz,…

PM: Te considères-tu comme une song writer?
IB:
Oui, vraiment, même si je ne sais pas si song writer me convient mieux que poète, parce que je considère les textes de mes chansons davantage comme des poètes. Il faut dire que je n’ai pas de formation de song writer, mais que cela m’est tombé dessus comme ça, à vrai dire.

PM: Selon toi, pour écrire des textes, il faudrait avoir une formation de song writer?
IB:
Je ne sais pas… En tout cas, au niveau de la formation musicale, je n’en ai aucune ! Par contre, au niveau de l’écriture, je n’ai pas, non plus, de formation, mais j’écris depuis que » je suis toute jeune. J’ai toujours eu envie et j’ai toujours adoré écrire. J’ai toujours dit à mes parents, et ce depuis l’âge de sept ans, que je serais écrivain à Paris. C’était l’un de mes buts depuis mon plus jeune âge. Je ne savais pas encore que cela serait lié à la musique. Et c’est devenu cela !


PM: Tu as changé pas mal de choses, comme par exemple tes musiciens…
IB:
J’ai changé beaucoup de choses par rapport à ce que je faisais précédemment et puis j’ai pris un peu de recul, ces derniers temps. J’avais donné plus de 400 concerts entre 2004 et 2009 et j’avais besoin de beaucoup de repos. Cette pause a été la bienvenue dans ma vie. J’en ai profité pour apprendre la guitare, car c’est un instrument que j’adore. Cela faisait longtemps que je voulais en jouer et j’avais commencé à en jouer avec ma formation précédente… Et puis je me suis dit que c’était aussi le moment d’apprendre les bases de la guitare basse. J’ai commencé à travailler sérieusement et je me suis améliorée à la guitare. Le problème, quand tu tournes tout le temps, c’est que tu n’as pas l’occasion d’approfondir et d’améliorer les choses. En ce qui concerne ma nouvelle formation, j’ai conservé mon pianiste, tout d’abord, et puis j’ai aussi pris un percussionniste, qui est français mais qui a travaillé beaucoup au Mali avec une grande artiste traditionnelle, et qui fait aussi beaucoup de musique contemporaine. Avant, le groupe était très orienté latino-cubain mais j’ai éprouvé le besoin de changer, parce que je devenais trop marquée dans un style précis…

PM: Trop typé?
IB:
Oui, c’est exactement le mot que je cherchais.

PM: Pourquoi parle t’on d’un nouveau ‘spectacle’, à l’occasion de la sortie de ton nouvel album, ‘Three Sides’ ?
IB:
Parce qu’il s’agit vraiment d’un nouveau spectacle!

PM: C'est-à-dire que ce n’est pas seulement un concert mais bien un spectacle, avec l’idée d’un petit quelque chose en plus?
IB:
Exactement. C’est vraiment un spectacle dans le sens plein du terme. Tu sais, je viens du théâtre et puis j’ai aussi fait beaucoup de danse. Pendant plus de quinze ans. En ajoutant donc toutes ces expériences, cela devient du spectacle. Ce n’est pas simplement moi, assise avec ma guitare sur un tabouret. Je me lève, je danse pour les spectateurs, je fais des improvisations. Tu vois, c’est vraiment un spectacle!

PM: As-tu acquis ces formations en France?
IB:
Non, aux Etats Unis, avec le doyen du département Théâtre du collège où j’ai effectué mes études. Lui, il avait déjà une longue carrière derrière lui. Il avait commencé avec Sundance, avec Robert Redford. Et puis j’ai également travaillé avec d’autres personnes importantes dans le milieu du spectacle, comme avec une grande danseuse qui a fait toute sa carrière à New York. J’ai pas mal travaillé également avec un professeur de musique classique.

PM: Revenons à Darell Bell qui est celui qui a produit ‘Times’ et ce nouvel album…
IB:
Lui est davantage dans l’univers du Rap ou du Hip Hop. Ce que l’on ressent d’ailleurs dans les rythmiques qu’il nous a apportées. Antoine va t’en dire deux mots, parce que je sais qu’il connait davantage le personnage. Je sais qu’il a travaillé avec Puf Daddy, par exemple.

Antoine Chouchani: En fait, Darell est très spécialisé dans le Hip Hop. Ce n’est pas quelqu’un qui a produit des tas d’artistes, et ce qui nous intéressait, c’est qu’il amène le folk d’Ilene vers autre chose. Qu’il fasse bouger la musique d’Ilene et qu’il l’entraine vers quelque chose de nouveau.

PM: A qui aimerais-tu être comparée?
IB:
(rires) Quelle question…, mais allons-y. Par contre, tu veux le savoir au niveau du style de musique ou bien au niveau de la personnalité…?

PM: Les deux, musique et personnalité…, puisque tu le proposes…
IB:
(sourire) Mais ce ne sont pas forcément les mêmes personnes pour les deux…! En fait, il y a trois niveaux d’influence. Au niveau de la couleur de la voix, de la tessiture, je dirai Nina Simone. Parce qu’elle a toujours fait partie de mon environnement. Elle m’a forcément influencée par sa manière d’utiliser sa voix, l’intonation et le timbre de sa voix. Quelqu’un d’autre qui m’a influencée par le style de ses chansons et que j’ai eu la chance de rencontrer, cette année, c’est Stevie Wonder. J’ai eu la joie de le rencontrer pour les Victoires de la Musique. Je suis restée dans son entourage pendant trois jours et j’ai traduit l’une de ses chansons en français. Il m’a beaucoup influencé quand j’étais petite et j’ai eu le bonheur de lui faire écouter les chansons qui m’ont influencée. J’en avais les larmes aux jeux… Et enfin, une autre personne qui m’a marquée de manière inconsciente, car il n’y a pas de hasard, et je dirai même qu’il y a toujours un lien, c’est l’artiste que j’ai choisi quand j’ai commencé la guitare. Ma prof de guitare m’avait dit: apporte ta chanson préférée. Je suis arrivée avec ‘House of the Rising Sun’, que je viens de reprendre dans mon dernier album, et donc la prof m’a appris à la jouer. Et en 2004, Eric Burdon, sans savoir tout cela, m’a pris, en première partie, pour une vingtaine de dates en Allemagne. L’occasion m’a ainsi été donnée de côtoyer un mythe. J’étais dans l’entourage de l’un des derniers à avoir parlé avec Jimi Hendrix avant sa mort. C’est le genre de chose qui n’existe plus, maintenant, dans le relationnel entre les gens, dans la vérité et l’authenticité des échanges. Et là, je me suis trouvée avec l’un des mythes de cette époque et qui, pourtant, demeure pourtant incroyablement humain. Et ça, vois-tu, je ne le dis cela généralement que de très peu de personnes… Pour tout te dire, j’envisage même de faire un duo avec lui dans mon prochaine album.

PM: C’est justement ce qui m’a interpellé sur ton album, ta reprise de ‘House of the Rising Sun’ et cette référence à Eric Burdon et aux Animals, car tout cela renvoie aux années 60 et à ce qu’ils avaient apporté à la musique.
IB:
Oui, et pendant cette tournée, en Allemagne, c’était très fort. Justement parce que les Allemands ont su conserver précieusement les souvenirs de cette époque révolue. Il y a comme une vénération de ces formations. Mais ce qui est touchant, chez Burdon, c’est qu’il a conservé une dimension très humaine. Il ne se voit pas du tout comme une icône-superstar. Il ne se vit pas comme la légende vivante d’une espèce d’âge d’or et cela, c’est une qualité qui me touche beaucoup, qui me motive et m’inspire pour faire un duo avec lui.

PM: Revenons à ton nouvel album, justement, et cette reprise de ‘Big Yellow Taxi’, de Joni Mitchell. On t’a, d’ailleurs, souvent comparée à elle…
IB:
(rires) Oui, j’ai entendu ça…

PM: Peut-être à causes de ses expériences artistiques audacieuses. Elle s’est rapprochée notamment de Charlie Mingus et elle a tiré son folk vers le jazz.
IB:
Oui, c’est vrai ce que tu dis. Et je n’avais jamais pensé à cela. Il y a son parcours musical, mais il y a aussi ses textes engagés. On la dit très militante. Moi, je ne suis pas militante car dans le mot militant, il y a le mot militaire. Et je suis contre la guerre… Mais Joni Mitchell est très engagée et cela me touche. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi cette chanson, qui a une trentaine d’années, mais qui demeure pourtant très actuelle. Ces textes pourraient avoir été écrits aujourd’hui. On y parle de raser des forêts, des endroits magnifiques pour y installer des supermarchés, des garages ou d’autres choses comme ça. C’est un thème qui reste très actuel. C’est d’ailleurs le cas de nombreuses chansons des années 60, si tu regardes bien. Et cette chanson risque d’être d’actualité pour une longue période, encore… Sans être complètement engagée sur les questions de l’environnement, je me sens néanmoins très concernée à ce propos. Et j’essaie, à mon niveau, de faire mon maximum pour participer. Sans le crier, non plus, car si tout le monde le fait, cela deviendra presque une question de marketing, au bout d’un moment. Et cela, je n’en veux pas. Je préfère agir dans mon coin. Dans cette chanson de Joni Mitchell, tout est très bien et très justement dit. Je pense même que ce serait difficile de faire mieux de nos jours. C’est la raison pour laquelle je préfère une reprise plutôt que faire moins bien.

PM: Il y a une troisième reprise, celle d’une chanson de Bob Dylan, d’un song writer…
IB:
(sourire) Oui, c’est un song writer, mais je ne m’identifie pas du tout à lui…, au niveau de sa voix, je veux dire… (rires). Mais ses textes font, pour moi, partie des meilleurs qui existent. Je ne sais pas toujours de quoi parlent ses chansons, mais il est assez délirant dedans. Il y mêle le présent, le passé, le futur, il nous emmène un peu partout et j’aime les chansons qui font voyager. C’est le cas des siennes, lorsque tu écoutes les textes.

PM: Ton nouvel album, donc, est en trois parties. Dans la première, il y a trois reprises, puis on trouve ensuite trois de tes chansons, que tu as reprises…
IB:
Oui, car je n’étais pas satisfaite du mixage de ces trois chansons et j’ai pensé que la touche de Bill Darren pouvait emmener ces morceaux là où je voulais. Je suis d’ailleurs contente du résultat.

PM: Et puis il y a cette troisième partie, celle qui reprend des morceaux enregistrés en live.
IB:
Exactement! Ce sont des chansons interprétées durant les tournées ou sur les festivals. Comme je te le disais, nous avons fait près de 400 concerts et pour cet album, nous avons choisi les morceaux les plus audibles, techniquement.

PM: Il n’y a pas de nouvelles compositions, à vrai dire, sur ce nouveau disque…
IB:
Non, c’est vrai qu’il n’y en a pas de nouvelles compositions. J’avais fait en 2009 un album studio et je pense que c’est bien d’avoir fait autre chose. J’avais justement envie d’aller plus loin avec mes chansons, prendre un peu de recul, car pendant ces 400 concerts, j’étais en train d’écrire, de tourner et de faire le disque en même temps. C’était trop! J’avais besoin de stopper un peu car sinon tu rentres dans un cercle vicieux: faire un disque, tourner et refaire un disque avant de repartir en tournée. Et du coup, tu n’as plus le temps de prendre du recul sur les choses immédiates qui t’entourent. J’avais besoin de m’arrêter pour vivre d’autres choses. J’avais besoin de temps pour moi. Il fallait que je me ressource. J’avais besoin de me retrouver dans mon jardin avec mes tomates, mes mauvaises herbes, mes artichauts,…et tout ça. Il me faut cela pour retrouver l’inspiration pour le prochain disque. Sans cette respiration, mes chansons ne pourraient pas être aussi ‘ouvertes’ sur le monde. Et puis en plus, j’ai décidé d’apprendre la guitare basse (sourire). L’apprentissage d’un nouvel instrument, cela prend du temps. J’ai aussi un peu changé le style dans lequel je joue de la guitare, car je me suis donné le temps de l’apprivoiser autrement. Ce qui a accru ma palette de couleurs.

Antoine: Il y a également autre chose, si je puis me permettre. Lorsque l’on a publié le disque ‘Here’s To You’, tout le monde a adoré ‘C’est La Vie’. Et quand nous sommes allés la refaire, c’est là qu’Ilene a joué ‘House of the Rising Sun’ devant moi. Je lui ai tout de suite dit que j’adorais vraiment la manière dont elle le jouait et c’est ainsi qu’on a rajouté cette reprise. Et puis nous avons fait un autre titre, et ainsi de suite. L’idée de départ, c’était ‘Two Sides’. Et comme on avait refait ‘C’est La Vie’, puis Eric Burdon et Joni Mitchell, on s’est dit pourquoi ne pas faire un EP avec d’autres titres, un EP de six titres. Et en rajoutant deux autres titres, on s’est retrouvé avec un album.


PM: Question indiscrète, mais où se trouve donc ta maison, pour qu’il y ait des artichauts et des tomates…?
IB:
Je ne te le dirai pas,…pour ne pas que tu viennes (rires).

PM: Je pense que c’est en Bretagne…
IB:
En fait, je suis en Bretagne et pas vraiment en Bretagne, quelque part au début de la Bretagne (sourire). Mes artichauts sont sucrés, et je ne comprends pas pourquoi (rires).

PM: Même si tu es très connue en France, penses-tu être (enfin) une vedette internationale?
IB:
En fait, j’ai joué un peu partout dans le monde, mais c’est vrai que c’est en France que je suis la plus connue. J’ai la nationalité américaine et je suis née aux Etats Unis, mais j’ai quitté les USA lorsque j’avais un an. La première langue que j’ai parlée, c’est le hollandais. J’ai appris l’anglais à 6 ans et j’ai du mal à savoir ce que c’est qu’être américaine, car j’ai très peu vécu là-bas. Et quand j’y suis, on me dit que je ne suis pas américaine, que je ne suis pas de chez eux. Je me considère d’ailleurs davantage comme une européenne. Les cinq premières années de ma vie, je les ai passées en Hollande. Après, je suis allée dans les écoles anglaises et j’ai donc plutôt une éducation à l’anglaise. A la différence de ma sœur qui est très américaine. Si tu nous vois ensemble, les différences sont flagrantes entre nous deux.

PM: Ce sont tes parents qui avaient des activités tournées vers l’international…
IB:
Mon père était diplomate et chercheur, responsable de l’OMS en Amérique du Sud et sur les Côtes de l’Afrique de l’Ouest.

PM: Ce qui t’a amené à beaucoup voyager…
IB:
Oui, beaucoup! Comme en Argentine, ou au Pérou. A la différence de mes cousins qui vivent en Virginie et pour lesquels l’idée de se déplacer à l’intérieur de cet état constitue déjà une expédition. Pour eux, prendre l’avion pour venir en France est quelque chose d’impossible, d’inimaginable. Ils ne sont jamais venus et je pense qu’ils ne quitteront jamais les Etats-Unis. Le copain de ma sœur, qui est chirurgien et chef d’un hôpital, est âgé de cinquante ans et n’a jamais quitté son pays. Comme tu le vois, c’est vraiment une autre conception de la vie que la mienne.

PM: As-tu, justement, des contacts avec des artistes américains?
IB:
Non, pas trop. Je fais énormément de tournées, principalement en Europe, et dans des salles plutôt intimistes. Je vais dans de petits bleds, dans des villes de petites tailles, où les américains ne vont pas forcément. Eux vont plutôt dans les grandes salles, quand ils viennent en Europe. Moi, je trouve que c’est une chance d’aller là où je vais, car je rencontre les gens dans leur quotidien. Je vois comment ils vivent et le lendemain d’un concert, quand tu te ballades, tu les rencontres et parfois ils t’invitent à aller chez eux. Ils t’offrent un verre, te font goûter leurs produits locaux, et aussi bien des huitres que du coq au vin! Ca, c’est le vrai contact avec la vie locale.

PM: Et as-tu des contacts avec des musiciens français?
IB:
Pas plus qu’avec les gens de même nationalité que moi (rires). Je n’ai de contact avec personne (rires). Non, bien sûr que j’ai quelques contacts avec des artistes français, mais la difficulté, c’est qu’en enchaînant autant de concerts les uns après les autres, je n’ai plus le temps d’aller les voir en concert. C’est dommage, car j’aimerais bien entrer en contact avec d’autres artistes. Parmi ceux que j’ai rencontrés, il y a Paul Personne, qui m’a d’ailleurs invité sur scène, et Little Bob, Maurane… Il y a aussi Bertignac. En réalité, je commence à avoir certains contacts (rire).

C’est sur ce rire de cette grande Dame de la musique que se terminera notre entrevue, après lui avoir assuré que nous viendrons la voir très bientôt, dans son nouveau ‘spectacle’, et que nous en ferons un compte-rendu dans Paris-Move.

Ilene Barnes