ITW de Lucky Lindy

                             ITW de Lucky Lindy 

Préparée et réalisée par Frankie Bluesy Pfeiffer
Réalisée le 12.03.2010
Photos : © Frankie Bluesy Pfeiffer
http://www.myspace.com/frankiebluesy

Fallenfest 2010. Salle de l’Elysée Montmartre. Les groupes se succèdent sur scène, avec un peu moins d’une demi-heure accordée à chacun pour montrer ce qu’il a dans le ventre. Cinquième formation à passer, les Lucky Lindy détonnent par leurs instruments, déjà, et puis par le style et la tenue des musiciens. Guitares, basse, ukulélé, mais aussi violon, scie, glockenspiel, grosse caisse de fanfare, casques d’aviateurs, tout surprend mais contribue à faire de ce set un moment d’exception dans la ligne musicale de ce Fallenfest.
Nous avons rencontré pour vous Loïc et Thomas, les deux chanteurs-guitaristes-auteurs-compositeurs-multi-instrumentistes de cette formation. Deux garçons bien barrés, deux personnages, deux artistes originaux et talentueux d’une formation qui donne l’impression de jouer à six, sept, voire huit musiciens.


FB : Combien êtes-vous en réalité dans le groupe ?

Thomas : Je crois qu'on est 4…
Loïc : Un peu plus, car la moitié est schizophrène…! (rires)

FB : Qui joue quoi?
Thomas : Léo s'occupe de la contrebasse, du violon et de la scie. Et il est aussi très bon guitariste, peut-être même meilleur que moi.
Loïc : Y’a Benoit, le gars bizzarr dans l’fond, qui tape sur une grosse caisse fanfare ornée de plein de trucs étranges, comme des casseroles, des cloches et bientôt un gong.
Thomas : Pour ce qui est du chant, c'est moi et Loïc. J'ai aussi une guitare et un Glockenspiel (enfin, ce qu'il en reste!), mais je joue aussi du piano, un peu de batterie et bientôt de la trompette.
Loïc : Moi, je dispose dans mon arsenal d'une guitare sèche Takamine, une guitare nylon, un ukulélé ainsi qu'un banjo que j'essaye maintenant d'intégrer au cours des répètes. En fait, nous sommes tous multi-instrumentistes. J'ai toujours eu envie de toucher à plein d'instruments et mon rêve c'est d'avoir une pièce remplie d'une multitude d'instruments et de m'amuser toute la journée avec. Pour en revenir à Benoit, c’est également un très bon guitariste et je pense lui refiler le rôle de ukuléliste pour pouvoir me mettre à l'accordéon.

FB : Quelques mots sur vous, votre parcours musical…
Loïc : Je suis un musicien autodidacte. Je me suis très vite tourné vers la guitare acoustique et la musique folk car mon voisin de palier est un vrai psychopathe et donc pas moyen de jouer les Hendrix sans qu’il appelle les flics…! J'ai aussi quelques projets musicaux annexes, mais dans aucun de ces projets je n'ai trouvé la cohésion et l'énergie que je ressens dans Lucky Lindy! Je veux contribuer à l’équilibre et à la force créatrice à ce groupe. Côté chant, je suis également très porté sur les harmonies.
Thomas : Moi, je suis pianiste à la base, et plutôt musique classique. Mais je suis aussi chanteur et guitariste. Dans ma période ado boutonneux j'ai commencé par le ‘metal’ mais c'était pas vraiment convaincant. On a tous eu des débuts difficiles, non? (rire) Ensuite, je me suis orienté vers le rock et avec des amis j'ai fondé Lips Sound, un groupe qui joue toujours. Et puis j'ai rencontré Loïc. J'ai vu qu'il était plus barré que moi et je me suis dis que ça devrait fonctionner à bloc (rires).
Loïc : Quant à Benoit, on est pote depuis un bon bout de temps maintenant. Je l'ai rencontré sur les spots de skate, quand j'avais environ 16 ans. A la base, il était batteur dans un groupe de punk rock pour teenagers appelé Mastacide et ensuite il est parti dans une grosse phase reggae. Il écoutait Steel Pulse en boucle, pendant des années, jusqu'à ce qu'il découvre la folk music. C’est là qu’on l’a fait venir, pour nous apporter son sens du rythme métronomique et pour cadrer notre imagination plus ou moins réaliste.
Thomas : Léo, c'est mon frère. Il a eu, comme moi, des débuts plus ou moins bons dans le metal mais c'est à la base un très bon violoniste de musique classique. Je pense qu'on peut le voir comme étant le meilleur improvisateur du groupe. Avec lui, les concerts ne sont jamais les mêmes, mais ça sonne toujours juste.

FB : Qui a fondé le groupe Lucky Lindy?

Loïc : J'ai fondé Lucky Lindy avec le grand frère de Benoit, qui a ensuite quitté le groupe pour rejoindre les Lovely Rita.

FB : Comment vous êtes-vous ensuite tous retrouvés?
Thomas : Moi et Loïc sommes dans la même école d’ingé son. On a mis du temps à se croiser, mais quand je l'ai vu un jour prendre une guitare et jouer, je me suis dis qu'il avait un truc vraiment différent des autres. On a alors commencé à jouer ensemble, en mélangeant nos compositions. Léo, mon frère, s'est greffé au groupe pour apporter, à la base, une touche plus ‘Irish’ avec son violon. Pour ce qui est de Benoit, nous étions arrivés à un point où notre musique nécessitait plus de rythme, plus d'explosivité et étant ami de longue date de Loïc, il n'y avait que lui pour ce rôle.

FB : Et Léo, ce n’est pas surtout parce que c’est ton frangin, Thomas?

Thomas : A la base, c’est comme je te le disais. Nous l'avions intégré parce que c'était un bon violoniste et que ça faisait un peu Irish, avec un violon. Mais reconnais que c'est classe d'avoir son frère dans le groupe, non? Ca fait Tokyo Hotel…! (rires)

FB : Pourquoi Benoit n’est-il pas derrière une véritable batterie?
Loïc : Parce qu'on est fauchés comme les blés…!!! (rires) En réalité, j'ai eu un coup de cœur pour le groupe Bowerbirds, qui utilise cet instrument dans leur premier album, et ça a influencé notre décision dans le choix d’une grosse caisse de fanfare.
Thomas : Au final, il a agrandi sa batterie en lui donnant un style entre le Velvet Underground et Patrick Watson, en rajoutant des casseroles. C'est vraiment ‘son’ instrument, mais peut-être qu'un jour il aura une batterie plus…classique. On verra…

FB : N’était-ce pas non plus pour voyager plus léger, cette grosse caisse de fanfare?
Loïc : Avec tout le bordel qu'elle comporte, la grosse caisse de Benoît est quasi plus encombrante qu'une batterie classique, et en plus, cela ne va pas en s'arrangeant…! (rires)

FB : Comment pourrait-on qualifier votre musique?

Thomas : C'est dur… Loïc : Je vais essayer…(rires). Disons que notre musique est avant tout une musique qui vient du cœur, et peut importe l'étiquette qu'on nous colle. Nos inspirations sont tellement diverses et variées qu'il serait impossible de dire d’où vient vraiment notre son. Folk, avant tout, car nous jouons acoustique, mais avec cette liberté de partir dans toutes les directions inimaginables, et c'est ce qui fait notre force principale.


FB : Dans quel bac pourrait-on alors retrouver un premier CD de Lucky Lindy?

Thomas : Le bac ‘indé’, entre Patrick Watson et C.S.N. &Y. Mais seulement parce que l'on joue en acoustique. Nos ‘live’ sont bien plus rock.
Loïc : De toute façon, il nous mettrons où ils veulent. Mais si, pour le faire, ils me demandent un jour de faire la liste des artistes qui m'inspirent, je risque de leur remplir 6 pages… (rires). Alors je préfère me taire.

FB : Qui a insufflé le ‘son’ du groupe, ce son si particulier sur certaines de vos compos?
Thomas : C’est moi et Loïc qui composons, mais tous les autres participent aussi à ce son, bien évidemment. Loïc : Disons que notre son tient en grande partie de l'alchimie des nos différents styles.

FB : Thomas et Loïc, vous êtes tous deux les chanteurs de ce groupe. Comment vous arrangez-vous et vous répartissez-vous les rôles entre vous?
Thomas : C’est très simple, cela dépend des chansons. La majeure partie est composée par Loïc, c’est donc lui qui est le ‘lead’ sur celles-ci et moi, je m'occupe de l'harmonie, et inversement pour celles que je compose.

FB : Et y’a pas de souci, de conflit entre vous deux? Avouez…
Loïc : Au niveau de l'ego, on a tous les deux compris qu'on était très complémentaires. Il n’est donc pas question de conflit entre nous si on veut préserver notre force de création et d'émulation.
Thomas : Ce qui est bien, c’est qu’il n'y a pas vraiment de leader, dans ce groupe. Moi et Loïc, en temps que compositeurs, sommes un peu plus en avant, mais chaque membre est très important. Lucky Lindy, c'est avant tout quatre mecs qui font fusionner leur inspiration, et qui se font plaisir.

FB : Comment composez-vous vos morceaux?

Loïc : On compose en général chacun de son coté et on se montre mutuellement nos morceaux en répètes, on improvise dessus et on retient ce qui sonne le mieux. Je compose beaucoup plus que Thomas, c’est vrai, mais la majorité de mes morceaux partent à la poubelle et seulement quelques uns sont retenus. Thomas compose moins souvent que moi, mais à chaque fois, ses morceaux sont excellents. C’est comme cela qu’on arrive à 50/50, et ça nous va bien (rires).

FB : Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre processus de composition?
Thomas : Comme nous choisissons toujours les morceaux à l’unanimité, certains sont laissés de côté, ce qui ne fait pas toujours plaisir à celui qui l’a écrit, mais, d’un autre côté, c’est aussi la force de notre cohésion et notre manière de s’adapter aux autres membres du groupe.

FB : N’avez-vous pas l’impression d’être un peu décalés par rapport à la musique actuelle?
Thomas : C'est sûr que l'on ne joue pas du BB Brune et que certains de nos instruments sont atypiques mais je ne me suis jamais posé cette question, à vrai dire. Cette musique, c'est ce que l'on veut jouer et c’est ce qui nous motive. Loïc : Histoire de mettre les pieds dans le plat, je dirais que le paysage musical français est très pauvre et qu’il est donc dur de ne pas être en décalage par rapport à tout ce qui se fait dans l’hexagone, actuellement. Pour moi comme pour les autres, le plus important est de jouer la musique qu'on veut jouer et non pas d'adhérer à une tendance ou d'être à la mode sans se faire plaisir.

FB : Voilà qui est dit, mais ne pensez-vous pas que l’originalité poussée un peu loin, comme avec le glockenspiel et la scie, peuvent vous pénaliser?
Thomas : Non, je ne pense pas. On ne joue pas ces instruments pour dire qu'on les joue. S'ils sont présents, c'est parce qu'ils apportent un son. On ne cherche pas du tout à être original, on joue simplement la musique qu’on aime jouer.

FB : Quelle expérience tirez-vous du Tremplin Fallenfest?
Loïc : Le Fallenfest nous a permis de jouer sur des scènes sur lesquelles on n’aurait pas imaginé jouer quelques années plus tôt, et le fait de penser que j'ai joué sur les mêmes planches que mes idoles est assez excitant. Mais je pense néanmoins que le temps accordé pour chaque groupe est beaucoup trop court. Vingt cinq minutes… A peine le temps de te mettre en confiance, et suicide assuré pour les timides et les anxieux.
Thomas : C'est vrai, c’était un vrai plaisir de jouer sur ces scènes. Je pense aussi que nous nous sommes améliorés grâce à ce challenge, mais les sets très courts sont vraiment frustrants car les musiques des groupes sont assez différentes et le public n’a vu par exemple qu'un très court résumé de ce que nous sommes.

FB : Sincèrement, vous pensiez être les meilleurs, ou pas? Et pas de langue de bois, please.

Loïc : Très sincèrement, je pense que ce festival est plus destiné aux ados désirant avoir une première expérience scénique ‘assistée’. Avec le recul, je me dis qu’on était hors-contexte.

FB : Qu’est-ce qui te fait dire ca?

Thomas : La scène parisienne est très typée, et s'écarter du rock alternatif ou du metal n'est pas toujours compris…

FB : Vous ne l’avez pas vécu comme une énorme frustration?
Thomas : Non, pas du tout… FB : Votre premier CD, c’est pour quand? Thomas : Bonne question! L'enregistrement est en avril, mais on ne sait pas trop quand il sortira exactement.

FB : Qu’est-ce qu’il vous manque pour le sortir?
Thomas : Si par ‘sortir’ tu entends le vendre, c'est un label et une maison de disques qu’il nous faut, mais c'est surtout d'un manager compétent que nous avons besoin.
Loïc : Avec cet album, on espère faire parler de nous. On va donner le meilleur de nous-mêmes et le balancer partout où on pourra. La suite dira s’il plaira ou non. Et s’il sera le premier d'une longue série….

Lucky Lindy