ITW de Lionel Raynal, dit ‘The Reverend’
ITW préparée et réalisée par Alain Betton
Réalisée le 23.01.2010 au Rest'Ovalie, à Marcoussis (91)
Photos: © Alain Betton
C'est au début de ce millénaire, en l’an 2000, que débute la carrière de Lionel Raynal en tant que Reverend. Durant 6 années, avec son groupe, le "Reverend Blues Gang", Le Reverend va illuminer la scène blues-rock française.
Trois albums vont également couronner ces années de productivité et d’intensité musicale, à raison d’un opus par an entre 2002 et 2004:
– ‘Still Alive & Blue’, en 2002
– ‘Superstition’, en 2003
– ‘Yours "Live", en 2004
En 2007, Le Reverend prend une nouvelle orientation et sort sous son nom seul, The Reverend, un album salué par la presse et le public, ‘I Have A Dream’.
Après une période de silence, notre Reverend national est de retour, avec une nouvelle formation: The Reverend & The Saints.
C’est ce Reverend retrouvé qui m’a convié à sa table, en compagnie de tous ses musiciens, avant le concert que le groupe donne au Rest'Ovalie, à Marcoussis.
Ne vous fiez pas aux apparences, ses lunettes noires masquent le regard franc d'un homme généreux avec un cœur énorme, aussi énorme comme son talent.
AB : Après ces mois d'absence, c'est un immense plaisir de retrouver l'icône du blues-rock français avec ton nouveau groupe.
TR (The Reverend): Effectivement, c'est la joie retrouvée de jouer à nouveau devant mon public après avoir traversé une période très noire de ma vie.
AB : Tu accepterais de nous dire quelques mots sur cette période?
TR : Oui… J'avais subi beaucoup de pression avec mon premier groupe, le Reverend Blues Gang. Ce que je veux dire, c’est que l’on perd la spontanéité de jouer et la motivation, sans trop s'en rendre compte. Et puis un beau jour, tu te retrouves un genou à terre. Ton état s'aggrave, et s'ensuit la perte du moral,… la dépression, et irrémédiablement c'est la descente aux enfers. T’as les huissiers qui s'en mêlent, et c'est le trou noir. C’est là que tu comptes tes amis, et ils ne sont plus très nombreux. Je dirais même que la tendance est plutôt de te maintenir la tête sous l'eau. Je me suis retrouvé dans l'obligation de revendre mes guitares, et même ma Gibson Firebird. Il ne m'en reste plus qu'une seule, celle avec laquelle je vais jouer ce soir.
AB : Et maintenant?
TR : J’ai tourné la page, j’ai trouvé mes saints et je suis maintenant bien entouré.
AB : C'est la résurrection du Reverend.
TR : Le phénix qui renait des ses cendres.
AB : Ton groupe s’appelle "The Reverend & The Saints". Un nom qui est donc bien évocateur de ce concept de renouveau.
TR : Oui, car ce sont des saints pour moi, des amis fidèles qui m'ont aidés à me relever. Et puis ce sont des musiciens d'expérience, venant de divers horizons musicaux. Tu as ici Yannick Laguide, mon bassiste, un homme au grand cœur, un spécialiste du blues, Rudy Bousquet, guitariste qui a touché un peu à tout, du rock au blues en passant par le metal, et Olivier Bertin, mon batteur aux origines funk-soul. Nous nous sommes réunis en avril 2009 et avons réellement commencé à jouer à partir de septembre de l’année passée.
YL (Yannick Laguide, dit Ian): Ce n'était pas évident au début de tout coordonner. C'est un investissement en temps et en travail collectif, comme se réunir pour les répétitions plusieurs fois par semaine. Moi, je gère également le planning du groupe. Il faut trouver les lieux et les dates pour se produire. De plus, je joue également avec le "Chicago Line Blues Gang" et aussi avec Philippe Grancher. Tu rajoutes à tout ça les occupations professionnelles et tu te dis qu’il faut en vouloir, et nous en voulons…!
AB : Et toi Lionel, as tu également des obligations professionnelles?
TR : Bien sûr, je suis éducateur. Je participe à la réinsertion de personnes en grandes difficultés. Des gens qui viennent de milieux différents, des jeunes et des moins jeunes, qui sont dans la détresse et ont besoin d'aide. Certains portent même des bracelets électroniques. Je me retrouve souvent les accompagnant dans la nature, dans les champs. Tu vois, cela me fait penser à la crise de 1929 et à tous ces bluesmen noirs, qui à cette époque jouaient dans les clubs mais qui, après la fermeture de ces derniers, se sont retrouvés dans l'obligation de cultiver un petit lopin de terre pour survivre. Je prends conscience de pas mal de choses et me dit que c'est ça aussi, le blues. Mais il faut relativiser et penser à l'avenir.
AB : L'avenir proche, pour toi, c'est maintenant la route, et des concerts?
TR : En ce moment, je me fais plaisir. L'envie de jouer, de faire ce qu'il me plait, rentrer dedans, faire plaisir au public. Retrouver les pubs, les bars, les cafés concerts. J'adore cela. Et aussi retrouver les festivals, à commencer par celui de Montereau, au mois de juin prochain.
AB : Sans oublier la sortie d'un nouvel album. Peux-tu déjà nous en dire quelques mots?
TR : Il y aura un album autoproduit qui verra le jour cette année. Nous y travaillons avec ferveur actuellement, sur des compositions originales. Le tout se fait, je dirai, en famille: j'écris et Ian, Rudy et Olivier apportent tout leur savoir faire pour les compositions. C'est musicalement fait ‘tous ensemble’, unis et réunis. Et puis c'est aussi une grande motivation de collaborer ainsi à plusieurs, tous ensemble. Un vrai plaisir, comme les autres plaisirs de la vie. Tiens, hier je me suis acheté un "gras double" que je vais me cuisiner demain (rires collectifs).
C’est sur cette touche d'humour culinaire que nous avons terminé notre entretien, l’heure du concert ayant sonné. Que vive ton blues-rock, mon Reverend, accompagné de tes Saints!
The reverend