ITW préparée et réalisée par Dominique Boulay
Traduction: Josée Wingert
Photos: © Meghan Aileen Schirmer
C’est à l’occasion de la sortie de son nouvel album, ‘The Reflection‘, produit par lui-même, que j’ai croisé la route de Keb Mo à Paris, juste avant qu’il ne parte pour l’Allemagne effectuer la promotion de son nouvel album.
Que réponds-tu à ceux qui disent que ton dernier album est un disque de Blues?
Que ce n’est pas vraiment un disque de Blues! En fait, j’ai tout simplement réuni un certain nombre de chansons pour constituer un album, sans chercher à le placer dans tel ou tel style de musique. Je savais que j’allais faire quelque chose d’inhabituel, mais ce qui importait pour moi c’était de faire quelque chose d’intègre, qui sonne vrai, simple et honnête. J’avais envie de renouveler et d’élargir mon univers musical.
De t’ouvrir de nouvelles perspectives…
Oui, tout à fait, de m’exprimer différemment en musique. Je me sens libre de faire ce que je veux et c’est important de rester libre, dans la création.
Cela veut aussi dire que tu es prêt à toucher un nouveau public? Que c’est un nouveau challenge?
Tu as raison, cela fait effectivement partie de ma démarche. Et je ne sais pas encore si cela se fera ou pas. Nous verrons bien… C’est en quelque sorte un nouveau défi.
Tu as invité un certain nombre d’amis pour faire ce disque. Comment cela s’est-il passé?
La chanteuse songwriter India Arie, le chanteur songwriter Vince Gill, le bassiste Marcus Miller, le saxophoniste Dave Koz et le guitariste David T. Walker sont des amis, alors cela s’est donc fait tout à fait naturellement. Je les connaissais tous bien avant de faire ce disque et c’est d’ailleurs ensemble que nous avons décidé de mettre les compositions dans cet ordre bien précis, et l’emplacement des invités sur les morceaux s’est opéré pareillement.
Comment t’est venue l’inspiration, pour ce nouvel album?
Souvent, ce qui se passe, c’est soit le sujet ou soit la mélodie qui arrive en premier. Parfois ce ne sont que des bribes de mélodie… Alors je joue tout d’abord quelques riffs et après, on y va! Comme instrument, je prends le plus souvent la guitare acoustique, mais parfois il m’arrive de m’asseoir devant le piano, même si je ne suis pas un excellent pianiste. L’avantage du piano, vois-tu, c’est que c’est très linéaire. On voit tout devant soi, tandis qu’avec la guitare, c’est plus en toi que tu sens les choses. Bien sûr, lorsque je commence quelque chose au piano, cela ne peut se faire que chez moi, à Nashville, alors qu’avec la guitare tu peux être inspiré n’importe où, dans un train, dans un car, dans un endroit ou un autre.
On peut donc dire que certaines choses naissent chez toi.
Absolument, d’autant plus que j’ai fait installer un studio, à la maison. Je peux donc me mettre au travail dés que l’inspiration arrive et dès que je me sens prêt à travailler.
Est-ce que cela veut dire que tout le nouvel album a été enregistré à la maison?
Oui, nous avons tout fait à la maison: enregistrement, mixage et masterisation.
Tu appelles les amis, ils arrivent, vous jouez, et voilà…
(rire) Exactement! Ceci dit, parfois je peux aussi me déplacer et aller chez les uns ou les autres, mais à la condition qu’ils aient eux aussi de quoi enregistrer chez eux. Sinon, c’est vrai que je fais tout à la maison. Et c’est vraiment très pratique, chez moi, puisqu’il y a un piano, des guitares, des amplis…tout ce qu’il faut pour faire un bon album.
Cela doit être également très facile de trouver de bons musiciens, lorsque l’on habite à Nashville?
Ha oui! T’as raison, c’est la chose la plus aisée qu’il soit! C’est une ville incroyable et qui n’existe presque que ‘par’ et ‘pour’ la musique!
Tu es aussi acteur, exact? Tu as fait des films et tu as joué pour la télévision.
Oui, c’est vrai, j’ai tourné un documentaire sur Robert Johnson en 1998, et j’ai joué dans la série ‘Le Blues’ de Martin Scorcese, entre autres, mais c’est évidemment être musicien qui est pour moi le plus facile!
Est-ce que l’on peut dire que tu es un artiste socialement engagé?
Oui, bien sûr, et c’est une qualification que j’assume complètement. Je suis un militant anti-nucléaire convaincu, j’ai travaillé dans le mouvement ‘Voter pour changer’, pour appeler à voter Obama.
J’ai rencontré Mark Johnson, il y a deux ans. Tu as travaillé avec lui, il me semble…
Ah oui, c’est un mec vraiment extraordinaire! Tu me dis qu’il était à Paris il y a deux ans? Et où se sont-ils produits, avec les musiciens de Playing For Change?
A la Cigale.
Mark est vraiment un très bon ami. Je l’ai aimé tout de suite, dès qu’on s’est conu. Je l’ai rencontré grâce à Jackson Browne, et je me suis impliqué dans les actions de Playing For Change depuis 2005. C’est vrai que Jackson Browne est un musicien qui fait de la musique folk, mais moi, je le considère surtout comme un songwriter.
Et toi, te considères-tu comme un songwriter?
Oui, je pense que c’est ainsi que l’on peut me considérer.
Est-ce que cela veut dire que tu as un message, ou des messages, à faire passer?
Je pense que oui. C’est comme les journalistes qui utilisent la presse ou Internet dans le but d’aider les gens à comprendre ce qui se passe autour d’eux. Hé bien, mon support à moi, c’est la musique et mes chansons. Je fais la même chose qu’eux, mais en utilisant un autre média. Ecrire des chansons, c’est une vraie responsabilité. Les gens écoutent ce que tu dis, regardent ce que tu fais. Les mots, c’est quelque chose qui est chargé de beaucoup de pouvoir…
As-tu le temps de t’impliquer dans des actions éducatives avec les enfants, comme le font d’autres artistes comme Joe Bonamassa, par exemple?
Je participe à des ateliers ouverts au public, ateliers sur l’écriture musicale et sur l’élaboration de paroles de chanson, et il m’arrive également de parler de la grande et longue histoire du Blues. Je parle aussi des grands musiciens de cette musique. J’aime bien pouvoir enseigner quelque chose. Tu éprouves un super ressenti lorsque tu transmets des connaissances ou des émotions. Et j’essaie de le faire le plus souvent possible. Encore faut-il avoir le temps de le faire, et ce temps là me manque…
Penses-tu qu’Obama a des chances pour un second mandat?
Je ne sais pas, mais cela va être intéressant comme élections. Ce que je voudrais, ce que j’aimerais, surtout, c’est qu’il y ait un changement dans les mentalités. Il faudrait plus de compassion dans ce monde.
Qu’est ce qui s’est passé lors de l’induction d’André Agassi à l’International Tennis Hall Of Fame en 2011?
C’est vrai que je joue au tennis et j’ai donc été très honoré et content d’être invité à participer à cette cérémonie en l’honneur d’André Agassi. Mais moi, je n’étais là que pour y jouer de la guitare et chanter! (rire).
Keb Mo sera en concert en France en juillet 2012 :
le 9 juillet à Vienne
le 15 juillet au Parc Floral de Vincennes
le 16 juillet à Cahors
le 30 juillet à Marciac