ITW de Habib Koité

ITW de Habib Koité

ITW préparée et réalisée par Anne Marie Calendini et Dominique Boulay
Photos : Anne Marie Calendini

Nous avions rencontré Eric Bibb fin 2011, quelques jours avant qu’il ne s’envole pour le Mali pour réaliser un projet avec le musicien malien Habib Koité. L’album est sorti chez Dixiefrog il y a quelques semaines et il nous fallait donc rencontrer celui qui a travaillé sur cet opus avec Eric Bibb, même si l’artiste ne pouvait nous consacrer que quelques minutes à peine.

Habib Koité: Je suis griot et musicien. Je suis fils de griot, c’est à dire que mon père et ma mère l’étaient avant moi. Au Mali, les griots sont ceux qui s’occupent du protocole, en général, aussi bien celui des mariages que celui des baptêmes ou des décès. Lors de ces évènements, ce sont eux qui prennent la parole à la place des personnes concernées, car ils connaissent l’histoire des familles, tout ce que les uns et les autres ont vécu. Mais aujourd’hui encore, le griot assure un autre rôle dans la société, celui de la médiation.

Et tu es musicien…
Oui, je suis musicien, d’une famille de musiciens. Mon père était guitariste, il a formé des groupes, mais il a également joué du banjo et de l’accordéon. Mon grand-père aussi était musicien professionnel et il existe d’ailleurs toute une légende autour de mon arrière-grand père, dont on dit qu’il sortait des notes et produisait une musique à nulle autre pareille. Jamais entendue avant lui et jamais rejouée après lui.

Tu joues de plusieurs instruments…
Oui, je joue surtout de la guitare, mais aussi du banjo et un peu de flûte.

Tu as sorti des albums avant celui que tu viens d’enregistrer avec Eric Bibb…
Oui, bien sûr, j’ai fait mes propres albums avec mon groupe. Mon groupe, c’est une bande d’amis avec lesquels je joue depuis déjà 20 ans maintenant. Et nous avons sorti 6 albums.

Comment vous êtes-vous rencontrés, avec Eric Bibb?
Nous nous sommes rencontrés pendant la promotion d’un album-compilation intitulé ‘Memphis to Mali’. Les producteurs voulaient qu’Eric joue en Live avec des guitaristes maliens et c’est comme ça que je me suis retrouvé à jouer en direct avec lui à plusieurs reprises. Nous avons passé du temps sur scène, oui, mais aussi pas mal dans le car, entre 2 lieux de concerts, à Los Angeles et aux alentours. Nous avons sympathisé car musicalement j’ai beaucoup aimé son jeu de guitare et j’ai aussi beaucoup aimé sa voix. Et je pense que lui aussi, il a apprécié ce que je faisais. Nous avons beaucoup parlé et vraiment, le courant est passé entre nous. Depuis, nous continuons à nous voir un peu partout dans le monde, en Australie, au Canada, car parfois nous jouons sur les mêmes scènes, mais pas ensemble. Et ce projet est issu de tout cela.

Comment vous êtes-vous organisés, sur le plan artistique?
Sur cet album il y a 13 morceaux et déjà, je ne peux pas te dire combien Eric en a fait, et moi aussi, car en fait, au début du projet, nous avions défini un plan de travail pour nous deux, c’est-à-dire que chacun viendrait avec trois anciens morceaux et deux nouveaux, et nous avions convenu qu’ensuite on réaliserait deux morceaux ensemble et enfin nous reprendrions une chanson d’un autre artiste. Nous avons choisi une chanson de Bob Dylan et nous l’avons travaillée et Eric l’a chantée comme un prince. Cette reprise de Bob Dylan m’a beaucoup apportée car cela faisait très longtemps que je ne reprenais plus de titre un peu rock cela m’a beaucoup plu de le faire. Et je pense que nos jeux de guitare sur ce titre sont très réussis, ils correspondent à ce que l’on a voulu transmettre de cette chanson.

Avez-vous déjà joué ensemble en France ou en Europe?
Non, nous n’avons joué ensemble qu’aux Etats-Unis et au Canada. Mais il est prévu que nous fassions une dizaine ou une quinzaine de dates, ici, en Europe, et après nous partirons aux Etats-Unis.

As-tu déjà rencontré Corey Harris?
Oui! Comme tu le sais, je vis au Mali, à Bamako, et j’ai eu l’occasion de recevoir chez moi pas mal de musiciens, comme Corey Harris, et c’est évidemment une grande fierté pour moi de recevoir ces artistes chez moi, non seulement parce qu’ils sont talentueux mais aussi parce qu’ils viennent de loin pour jouer chez nous, sur le continent africain. Quand Jackson Browne, par exemple, est venu chez moi, mes copains étaient aux anges de pouvoir le rencontrer, car ils l’adorent. Quand il est venu au Mali, nous étions tous fous de joie alors que lui ne soupçonnait même pas qu’il y ait un tel engouement pour sa musique. Depuis nous sommes devenus de vrais amis (sourire).

Merci, Habib, pour ce court moment que tu as bien voulu nous consacrer malgré tes très nombreuses obligations. Veux-tu rajouter quelques mots pour le public français?
Si je peux exprimer un souhait, c’est que le public français vienne nombreux aux concerts, car l’expérience du ‘Live’, car les concerts sont des moments uniques et privilégiés. Par fois avec des surprises, comme dernièrement où, avec Eric, nous avons joué tous les deux dans un festival de musique classique à Frankfort, et le public a adoré! C’était formidable! Un moment unique, comme l’est chaque concert, en fait. Alors je compte sur vous, public français, soyez nombreux à venir nous écouter et nous rencontrer!

Habib Koité