ITW de Gerry Lane

                                         ITW de Gerry Lane

Préparée et réalisée par Virgin B.
Réalisée par e-mail en septembre 2010
Photos : © DR

Cela figure en lettres capitales au centre de la page d’accueil de son site web et le bonhomme le dit, haut et fort: ‘A MAN WITHOUT THE BLUES IS A MAN WITHOUT SOUL’. Un homme qui n’a pas le blues est un homme sans âme. Une âme, des rencontres avec des zicos à faire rêver les fans, des expériences de vie et une créativité en sachant utiliser les outils proposés par la modernité, voilà Gerry Lane, un mec à découvrir, ou redécouvrir. Absolument!

VB: Quand as-tu su que tu voulais devenir chanteur?
GL:
J’ai toujours éprouvé le l’intérêt pour la musique. Je me demande si ce n’est pas vers les 7 ou 8 ans que je me suis dit que je pouvais être capable de jouer d’un instrument, du moins c’est-ce que m’ont dit ma mère et d’autres personnes. Mon père était un très bon chanteur mais je n’en ai pas vraiment le souvenir, car il est décédé peu de temps après mon septième anniversaire.

VB: Tu as commencé par jouer de l’accordéon. En as-tu pratiqué longtemps? Qu’est ce qui t’as décidé à te mettre à la guitare?
GL:
Oui, l’accordéon fut mon premier instrument. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis intéressé à la guitare, mais ma mère m’a acheté une guitare acoustique très bon marché lorsque j’avais 10-11 ans. C’était pour moi impossible d’en jouer car je ne connaissais rien des accords et des ouvertures,… Je ne savais vraiment à quoi ça servait. A la longue, j’ai joué en accord ouvert et j’ai joué comme ça un bon moment!
En 1968, ma mère acheta un petit pub à la campagne et chaque weekend end elle y organisait des soirées musicales. J’aurais bien aimé y jouer du piano et de l’accordéon avec ces musiciens qui y passaient et qui jouaient le plus souvent de la musique traditionnelle irlandaise. Ma première guitare électrique, je l’ai eue lorsque je devais avoir 14 ans, et je pense que c’était une Zenta. Je n’avais toujours pas plus d’idées à propos des accords mais j’ai commencé à tenir la note et jouer des soli. Je savais bien qu’il me manquait quelque chose et j’ai demandé au fils d’un des musiciens qui jouaient dans le pub de ma mère s’il pouvait me donner quelques leçons. Le weekend end suivant, il me donnait une feuille de papier avec mes trois premiers accords C, F, G7, et je me suis entrainé, entrainé et entrainé encore plus, tous les jours. J’ai même séché l’école (jusqu’à ce que ma mère le découvre et ne manque de me tuer) pour apprendre à jouer de la guitare.

VB: Ton premier groupe?
GL:
Mon premier groupe, je l’ai formé avec quelques amis que j’avais à l’école secondaire Bandon Co Cork. Il s’appelait The Leaves et nous avions l’habitude de jouer dans une salle de danse pour adolescents. Je pense que je devais avoir 15 ou 16 ans.

VB: Tu as eu l’opportunité de jouer avec Noel Redding, l’ex-bassiste de Jimi Hendrix. Quel souvenir en as-tu gardé?
GL:
On s’est bien amusé et ce fut un grand honneur que de jouer avec lui. Noel m’a beaucoup appris. Je devais avoir 16 ou 17 ans quand Noel a quitté Jimi Hendrix pour venir vivre dans notre coin, à West Cork, dans le sud de l’Irlande. Pendant des années, auprès de Noel, j’ai pu jouer avec pas mal de grands musiciens qui venaient nous rendre visite à West Cork. Souvent nous allions, le soir venu, dans plusieurs pubs à Clonakilty, une jolie petite ville au cœur du West Cork, et nous jouions ensemble. Un de ces soirs, ce fut particulièrement impressionnant et nous avons pujouer toute la nuit. A la batterie se trouvait Geoff Britton (du temps où il jouait avec Paul McCartney et les Wings), à la basse on avait Pat ‘Speedy’ King, du groupe Manfred Mann, et puis Manfred Mann en personne aux claviers. Il y avait aussi un grand guitariste appelé Steve Waller, du sud de Londres, qui jouait dans le Earth Band, et puis Noel Redding à la guitare et au chant, et moi qui jouait de la guitare et qui chantait aussi…! Tout cela a été rendu possible car Manfred était en train d’enregistrer son album ‘Angel Station’, l’album de Manor Mobile, à la maison de Noel. J’ai même fait les chœurs sur une des chansons de l’album ‘Resurrection’ avec Carol Appleby, la petite amie de Noel, mais nous n’avons pas été crédités de cela sur la pochette du disque. J’ai encore chez moi les paroles manuscrites que Manfred m’avait données à chanter. Je pense que ce fut aux alentours de 1978… J’ai aussi la cassette audio de ce concert, mais Dieu seul sait où elle se trouve!

VB: Pendant les années 70 tu t’es produit avec tes propres groupes et tu as croisé la route de Rory Gallagher…
GL:
Durant les années 70, pendant un moment, je n’ai pas joué du tout, car j’avais perdu tout intérêt, mais un des gars de The Leave me demanda de l’accompagner dans un autre groupe local qu’il avait formé, Southern Comfort, et Noel Redding venait nous rejoindre de temps à autre. Nous jouions dans tout West Cork et nous avons fait pas mal de concert à Londres, d’autant plus qu’il y avait pas mal d’irlandais qui y vivaient. Vers 1977, je me suis joint à l’un de ces gros groupes irlandais appelé Stage 2, et avec lui j’ai joué à travers toute l’Irlande, tout comme en Angleterre du Nord et au Sud. Mais aux alentours de 1979, j’ai quitté cette formation pour former mon propre groupe, Discovery. Nous avons produits quelques titres très connus en Irlande et nous avons fait quelques apparitions TV, mais je n’étais pas vraiment satisfait avec cette musique pop que nous jouions et j’ai dissous ce groupe pour former mon premier groupe de rock, Driveshaft. A la base, nous jouions des reprises de Whitesnake et de AC/DC, mais je voulais proposer des chansons originales et dès que j’ai pu, j’ai commencé à écrire mes propres compositions. C’est ainsi que Driveshaft fit plusieurs enregistrements hors de l’Irlande et nous avons fait pas mal de TV, aussi. Avec Driveshaft, j’ai fait beaucoup de tournées avec de grands groupes tels Saxon, MSG (Michael Shenker), Def Leppard (juste avant que Pyromania ne soit enregistré, en 1983), ZZ Top, Phil Lynott et Grand Slam, et bien sûr Rory Gallagher. C’était un vrai plaisir de tourner avec Rory! C’était un gentleman, un individu rempli d’humanité et un musicien extraordinaire! Un de mes amis de Cork travaillait aussi sur cette tournée, Joe Herlihy. Il était ingénieur du son pour Rory et il est toujours dans la profession, mais pour U2, maintenant.

VB: Phil Lynott, Gary Moore, Cozy Powell et Neil Murray, qu’est-ce que ces noms te font revenir comme souvenirs?
GL:
Après que Thin Lizzy ait mis le frein, Phil Lynott avait formé un autre groupe, Grand Slam. Nous avons fait une tournée en Irlande avec eux et lors d’un de ces concerts, à Derry, dans le nord de l’Irlande, Phil Lynott, moi et mon batteur avons eu un gros différent car Phil nous accusait de saboter son concert. C’est une longue histoire… Mais après cet incident, je ne lui ai plus jamais reparlé et il est mort peu de temps après cela.
Cozy, lui, je l’ai rencontré alors qu’il travaillait à Londres. La manager de mon groupe était l’éditrice de Cozy. C’est elle qui lui a demandé de produire l’album que nous venions juste d’enregistrer, et il accepta! Nous avons passé beaucoup de temps ensemble dans les studios RAK, à Londres, et il est une des rares personnes intéressantes que j’ai rencontrées dans le monde de la musique. Il me présenta à Neil Murray avec lequel il avait travaillé dur pour Whitesnake et les groupes de Gary Moore et de Brian May. Cozy et Neil avaient un impressionnant jeu de rythmique, une vraie puissance! Lorsque je vivais à Londres, dans les années 80, j’ai eu un coup de téléphone d’un dénommé Steve Barnett. Il s’est présenté comme le manager de Gary Moore car ce dernier cherchait un chanteur pour le groupe. Je les ai donc rencontrés et ça s’est très bien passé. Gary avait entendu parler de moi via mon ancien manager à Dublin, Denis Desmond, qui était un bon tourneur pour nos concerts en Irlande. Le tout premier enregistrement fut réalisé dans un immense entrepôt de l’ouest de Londres. Quand nous sommes arrivés, nous avons entendu un son de batterie incroyable s’échapper de ce hangar! Je me suis approché pour admirer les amplis Marshall Amps et les équipements PA ainsi que ce gigantesque kit de batteries derrière lequel se trouvait Ted McKenna qui passait également l’audition pour accompagner Gary. Ted, faut le dire, a joué avec Rory Gallagher, Alex Harvey Band, Ian Gillan, MSG. Nous passâmes toute la journée, Gary, Ted et moi, sans bassiste, à jouer différentes chansons. La première chanson sur laquelle nous avons joué était une de mes chansons, ‘Take a chance of me’, et Gary savait exactement où cette chanson commençait et où elle finissait. C’était un professionnel vraiment impressionnant! Nous avons travaillé ensemble pendant un bon mois ma voix sur d’anciennes chansons de Gary comme ‘End of the World’, ‘Shapes of things’, ‘Wishing Well’, juste pour voir comment ça sonnait, car Gary était un perfectionniste! Pendant le premier enregistrement avec Ted McKenna, Gary a eu l’idée d’une nouvelle chanson. Il avait la musique mais que les paroles pour un seul couplet. Il a mis en route un petit walkman enregistreur et il a chanté le couplet, jouant également le rif de guitare, puis il me le donna pour que je l’apprenne (j’ai encore la cassette). Quelques jours plus tard, quand il eut terminé l’écriture des paroles, nous retournâmes au studio et nous fîmes une démo de cette chanson, qui sonnait plutôt bien. La chanson, ‘Nothing to lose’, se trouve sur son album ‘Run for cover’, mais Glen Hughes la chante aussi.

VB: Tu as également rencontré Steve Lukather, pour participer à un album avec lui?
GL:
Non, je n’ai jamais rencontré Steve Lukather en personne. Effectivement nous avons joué ensemble sur l’album de Cosy Powell, ‘The Drums are back’, mais j’ai enregistré mes parties à Londres et lui, les siennes, aux USA. Se retrouver sur cet album a été une grande expérience, c’est sûr. Etre sur le même album que Cozy Powell, Steve Lukather, Brian May, Jon Lord et Billy Sheehan, c’est un grand honneur!

VB: C’est depuis Gran Canaria, aux Iles Canaries, que tu composes. Pourquoi ce choix? Tu as retrouvé l’inspiration là bas?
GL:
Non, j’avais écrit et enregistré de nouveaux titres il y a quelques années déjà, et pas seulement à Gran Canaria.

VB: Ton album ‘Meloneras Blues’ était, comme son nom l’indique, très blues. Un style que tu affectionnes?
GL:
Oui le blues est une musique très naturelle et intègre. Tu peux retrouver du blues dans toutes sortes d’autres styles musicaux: le rock, le hard rock, la country. Elvis Presley a bien enregistré pas mal de chansons de blues.

VB: Pour ce nouvel album, ‘Till the end of the line’, tu t’es entouré d’artistes locaux ou internationaux? Comment t’étais-tu organisé ? As-tu un studio à Gran Canaria?
GL:
Le groupe, ce que tu entends sur le CD en fait, ce n’est…que moi! J’ai tout fait moi-même. J’enregistre la plupart des choses dans mon propre studio, à la maison. Par contre, comme il m’est impossible d’enregistrer les batteries en live, car je n’ai pas assez d’espace pour cela, j’utilise des boucles de batteries préenregistrées par de nombreux et très talentueux batteurs. La plupart des parties de batterie sur ‘Meloneras Blues’ sont jouées par un américain, Frank Bazile, qui possède un site web très intéressant pour ses batteries et son studio. Toutes les parties de batterie du nouvel album sont réalisées par l’incroyable Simon Philippe, qui a joué avec Toto et Mick Jagger, dont j’ai acheté l’entière collection des samples de batteries, il y a quelques années. Je joue toutes les parties de guitare, de basse et de claviers, et bien sûr les voix! De temps en temps, des invités viennent jouer sur mes morceaux. Par exemple sur ‘Hip Grinding Blues’, qui figure sur le CD ‘Meloneras Blues’, mon très bon et talentueux ami de Paris, Eric Larmier, joue avec brio de la slide guitare. Il a aussi posé sa touche sur trois chansons de mon nouveau CD, récemment sorti. Comme quoi, par le biais d’internet, nous pouvons faire beaucoup de belles choses! C’est d’ailleurs incroyable ce qui se passe dans nos studios grâce à internet. Quand tu penses qu’Eric et moi ne nous sommes jamais rencontrés personnellement, encore! Internet a vraiment changé beaucoup de choses dans la façon d’enregistrer la musique. Comme je le disais, Eric et moi avons collaboré sur de nombreuses chansons, ces deux dernières années, et sans s’être jamais rencontrés, physiquement. Nous allons essayer de conjurer cela, l’année prochaine, peut être. Eric est un impressionnant joueur de slide et son nouveau groupe, Slideaway, détonne au niveau rock.

VB: Ton nouvel album, ‘Till the end of line’, sera donc orienté plus rock!
GL:
Effectivement, il est rock, rock et rock. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas enregistré un album rock. J’espère que les gens apprécieront.

VB: Quels sont les thèmes que tu as voulu y privilégier?
GL:
Il y a pas mal de thèmes différents sur cet album. J’ai d’ailleurs réalisé une page spécialement dédiée à cela sur mon site web www.gerrylane.net

VB: Avec toujours une touche de blues dans tes chansons…
GL:
Oui, le blues est toujours présent dans mes compositions, dans le chant comme dans mon jeu de guitare. C’est ce qui cimente le tout!

VB: Songes-tu à une tournée promotionnelle de cet album en Europe?
GL:
Je ne voulais pas particulièrement faire de tournée pour cet album, mais je vais jouer certaines de mes chansons lors de mes shows au 19th Hole, le club où je joue régulièrement à Gran Canaria. L’année prochaine, peut être que je ferai quelques concerts avec Eric et Slideaway, ce pourrait être amusant!

Gerry Lane