ITW de David Linx et de Diederik Wissels

                         ITW de David Linx et de Diederik Wissels

ITW préparée et réalisée par Dominique Boulay
Photos : Anne Marie Calendini

C'est dans les locaux de France Télévision que nous avons interviewé David Linx et son pianiste, Diederik Wissels, avant qu'ils n'enregistrent piano-voix deux chansons pour la session live de l'émission ‘Des mots de minuit’ présentée par Philippe Lefait. Ils étaient également parmi nous pour la promotion de l’album ‘Rock My Boat’ sorti chez NAIVE l’automne dernier.

Bonjour David, vous êtes donc auteur, compositeur et interprète…
David Linx : Moi, je préfère le terme américain de ‘singing songwriter’. J'écris des chansons que je chante, car pour moi, les compositeurs, ce sont plutôt des gens comme Ravel. Disons plutôt que j'écris juste des chansons que je joue comme un jazzman…

Ce soir vous chantez en live, accompagné par votre pianiste, Diederik Wissels, mais vous-même, jouez-vous d'un instrument?
David Linx :
Je pianote un peu, mais avant de chanter, j'étais batteur.

Lorsque vous créez une chanson, par quoi commencez-vous? La musique ou les paroles?
David Linx :
Cela dépend… Je commence parfois par le texte, parfois par la musique, et parfois les deux ensemble, il n'y a pas de règles. Par exemple un petit bout de mélodie peut directement m'évoquer des paroles. Tu sais, l'inspiration est une chose dont je discutais souvent avec mon grand ami Claude Nougaro. L'inspiration ne vous tombe pas dessus, comme ça. Moi j'aime bien ‘invoquer’ l'inspiration. Si je m'assois à une table avec une feuille et un stylo, je sais que l'inspiration viendra si je l'invoque. Cela a presque un petit côté religieux.

Quelle est votre culture musicale, David?
David Linx :
Mon père était compositeur contemporain. Il y avait des musiciens qui vivaient parfois chez nous, et mon parrain était saxophoniste de jazz. C’est lui qui m'a amené chez Kenny Clarke, à Paris, chez qui j'ai habité un moment. Et puis un jour je suis parti vivre chez l'écrivain James Baldwin, qui est devenu une sorte de père adoptif. J'ai baigné très tôt dans la culture afro-américaine. Ma culture va donc de la musique free contemporaine d'Ornette Coleman à des choses plus blues comme Robert Johnson, et de Charlie Mingus jusqu'à la musique classique.

‘A lover's question’ était-il votre premier album ou pas?
David Linx :
Non, c'était mon deuxième, enregistré en 1986, mais c’est vrai que c'était mon premier album en tant que chanteur, bien que je joue encore de la batterie sur cet album. J'avais d’ailleurs fait plusieurs disques en tant que batteur avec des gens comme Horace Parlan ou Slide Hampton. Cet album a donc été enregistré en 86 mais n'est sorti officiellement qu'en 90, puis réédité en 2000.

Peut-on considérer cet album comme un hommage à James Baldwin?
David Linx :
Non, ce n'est pas un album ‘sur’ James Baldwin mais un album ‘avec’ James Baldwin. C'est autant son album que le mien. Je n'aime pas l'idée de ‘rendre hommage’, je n'ai pas le temps pour ça et si on veut ‘rendre hommage’, il faut être dix fois plus connu que moi E puis les gens à qui on ‘rend hommage’ méritent souvent beaucoup plus que ça. Pour moi, ‘rendre hommage’, c'est la plus part du temps se cacher derrière quelqu'un.

James Baldwin était-il aussi musicien?

David Linx : Non, c'était un auteur et non un musicien. Il écrivait des essais, des pièces de théâtre, des romans, et je crois qu'il fut l'un des écrivains américains noirs les plus médiatisés du 20ème siècle. Il était devenu un père spirituel pour des gens comme Martin Luther King ou Malcolm X. C'était un homme fortement engagé dans la cause afro-américaine, mais il se considérait avant tout comme un écrivain.

Vous avez vécu chez lui…
David Linx :
Oui, ça remonte à mon adolescence, et même plus tard, lors d'une soirée un peu alcoolisée, je lui ai demandé de faire un disque!

Justement quelle a été sa contribution, dans ce disque?
David Linx :
Il a choisi ses poèmes et les a récités sur une musique composée par une vingtaine de musiciens. Depuis, j'ai fait une quinzaine d'albums en solo.

Diederik Wissels est également votre compagnon de route…
David Linx :
Oui, cela fait 35 ans qu'on se connait et 25 ans qu'on joue ensemble.

Vous êtes né en Belgique, David, mais vous avez souvent vécu ailleurs…
David Linx :
Oui, chez James Baldwin, comme je vous le disais, mais aussi à New-York, à Amsterdam où j'ai passé plusieurs années, et puis aussi à Paris, où je vis depuis 12 ans.

La scène Jazz de New-York doit être impressionnante pour un artiste européen…
David Linx :
Oui, mais je crois que tout le monde devrait faire son expérience musicale à New-York pour se rendre compte que le premier pays de jazz au monde, c'est la France! Encore aujourd'hui, il y a une approche stylistique très prégnante en France. Et puis le jazz est également une musique présente dans beaucoup de pays, que ce soit en Chine, en Russie, en Israël, et le niveau des artistes est très haut.

Pourtant, malgré ce développement à l'international, le Jazz ne représente qu'une infime partie du marché du disque. Comment expliquez-vous cela?
David Linx :
Je constate qu'aujourd'hui nous vivons dans une époque où on n'a plus le temps de découvrir les choses. Toutes les chaînes de télé sont en concurrence les unes avec les autres. Cette hystérie médiatique cherche à contenter le plus grand nombre et ne fait plus découvrir de nouvelles choses aux gens. Regarde, l'émission que j'enregistre ce soir passera après minuit. Au nom de l'audimat, les médias ne prennent pas le risque de la singularité. Mais le jazz possède un large public, indépendant des médias. Et cela on le voit quand on joue dans des festivals, par exemple. Quand on joue à Vienne ou à Marciac, on peut jouer devant 10.000 personnes…!

Vous avez également travaillé avec Maurane…
David Linx :
Oui, vous savez, la Belgique est petite. Rien n'est cloisonné, on peut se retrouver à la même table avec Arno, Victor Lazlo, Maurane et un groupe de free jazz. Les styles et les gens se croisent, et ça circule bien. Avec Maurane j'ai enregistré des duos, fait des trucs sur disque, de temps en temps, et cet été on a fait une dizaine de concerts ensemble en hommage à Claude Nougaro.

Justement, Claude Nougaro était une référence pour vous…
David Linx :
Moi, j'ai surtout grandi dans un environnement anglophone. Je ne le connaissais donc pas trop, au départ, car je vivais à New-York. Et puis en 1988, mon producteur m'avait demandé d'enregistrer en français ‘Autour de minuit’. Je ne me sentais pas forcément prêt à faire ça, c'est à dire chanter en français, mais je l'ai fait tout de même, et Claude Nougaro m'a appelé quelques mois plus tard, pour me féliciter.

Sur votre dernier album vous avez travaillé avec André Ceccarelli et Rhoda Scott. Comment les avez-vous rencontrés?
David Linx :
Ce sont des amis, je joue avec eux depuis longtemps. J'ai rencontré Rhoda en 2007. Je parrainais la programmation du festival de Jazz de Dinant, en Belgique, et elle est venue jouer à cette occasion. Ca a été une sorte de coup de foudre artistique, et spirituel aussi. Je pense que mon éducation, notamment chez Baldwin, n'y est pas étrangère. On s'est reconnu, voilà. Ca arrive parfois dans les rencontres que l'on fait, et puis cela faisait déjà deux, trois ans que je tournais avec André et j'avais envie de les réunir à nouveau, lui et Rhoda, car ils n'avaient plus joué ensemble depuis 1967. Et puis j'avais envie de capter sur disque ce qui s'était passé sur scène avec Rhoda. Cela donne quelque chose d'assez différent de son jeu habituel. D’ailleurs elle a déclaré avoir eu un grand coup de pied aux fesses en jouant avec moi! Donc, oui, les artistes qui jouent sur le disque sont tous mes amis, que ce soit Julien Lourau ou le chanteur brésilien Lenine, qui est la voix masculine que je préfère au monde. Un jour il m'a laissé un message en me disant qu'il aimait mon travail et nous avons enregistré un duo ensemble à Rio.

Mais sur cet album il n’y a pas vraiment d’ambiance latino-jazz…
David Linx :
Oui, et même le duo avec Lenine est accompagné par une ballade jazzy. La seule touche brésilienne, c'est qu'il chante en portugais, mais musicalement, non, je ne me sens pas spécialement influencé par le Brésil. Je ne me sens pas issu de cette culture musicale là, qui possède une identité très forte, d’ailleurs. Maintenant, c'est vrai qu'un musicien comme Egberto Gismonti est un grand musicien, que j'écoute, mais il ne joue pas spécialement de Bossanova. D' ailleurs ce n'est pas le seul genre de musique au Brésil, il y a une vraie richesse musicale dans ce pays. Ici, en Europe, on a tendance à réduire la palette à la Bossanova, mais c'est beaucoup plus vaste que ça.

Pour en revenir à votre discographie, vous avez sorti en 2001 un album intitulé ‘L'instant d'après’. C'est vous qui aviez écrit les chansons?
David Linx :
Oui, pour la plupart, avec quelques textes de Patrice Guirao. Vous savez que chanter du jazz pour un homme, est très différent que pour une femme. Car la voix féminine colle parfaitement à ce genre musical. Je dis souvent que si 70% des chanteuses de jazz étaient des hommes, on ne les ‘verrait’ pas. Nous, on doit juste monter sur scène et bien chanter. Il n'y a pas cette séduction, ce charme qui opère de façon aussi évidente que chez les femmes. On s'étonne toujours qu'il n'y ait pas beaucoup de chanteurs de jazz. Si, il y en a, mais on ne veut pas les ‘voir’, parce qu'un chanteur de jazz peut être parfois vraiment ridicule. Les chanteuses de jazz des années 50 à celles d'aujourd'hui n'ont pas beaucoup changé, alors que les chanteurs de jazz de l'époque étaient plutôt des chanteurs de variété internationale. J'adore Frank Sinatra, mais ce n'est pas un chanteur de jazz, c'est un chanteur qui se sert du langage du jazz pour chanter un style de chansons. Voir un chanteur avec le costume des années 50 transposé aujourd'hui ça peut très vite être ridicule. Un homme qui chante du jazz doit trouver son charme ailleurs pour que cela opère.

Considérez-vous Claude Nougaro comme un chanteur de jazz?
David Linx :
Non, c'était un chanteur français. Il prenait la couleur du jazz, mais il n'était pas chanteur de jazz. D'ailleurs il le disait lui-même. Il chantait de la variété, mais de grande qualité et avec beaucoup d'exigence. Pour être chanteur de jazz, il faut aborder la musique d'une certaine manière, être capable de mêler mélodie, harmonies, rythme et tempo. Dans le jazz, contrairement à la variété, il n'y a pas de couches horizontales, on passe de l'une à l'autre sans arrêt.

Citez-nous deux chanteurs de jazz que vous appréciez tout particulièrement…
David Linx :
En France il y a André Minvielle, qui est un magnifique chanteur de jazz, sinon, de ma génération, il y a Kurt Elling, qui est un chanteur américain formidable.

Votre ami et pianiste Diederick Wissels a joué lui aussi avec de grands noms du jazz. Vous avez accompagnés quelques grands noms du jazz ensemble…
David Linx :
Oui, à l'époque j'étais à la batterie et Diederick déjà au piano. Nous avons eu la chance d'accompagner de grands artistes américains comme Mark Murphy ou Sahib Shihab. Mais Diederick a également accompagné de grand jazzmen, sans moi, comme Chet Baker et beaucoup d'autres.

Peut-on parler d'une scène jazz belge?
David Linx :
Oui, malgré le fait que l'on ne soit pas aidé. En France il y a des statuts qui reconnaissent la condition d'artiste avec la possibilité d'avoir une couverture sociale, alors qu’en Belgique ce n'est pas le cas. C'est la raison pour laquelle je suis parti. Je peux même dire que je me suis enfui, tellement c'était dramatique de ce point de vue là. Et le jazz est une musique exigeante, qui demande du temps pour acquérir de la maturité. Il faut la pratiquer pendant vingt ans, au moins. Il faut donc pouvoir durer pour s'affirmer dans ce genre musical. Aujourd'hui, la jeune génération cherche le succès immédiat, veut gagner le premier prix à 19 ans et ne se rend pas compte à quel point la musique nécessite du temps et du travail.

Vous qui parlez si bien le français, pourquoi n'écrivez-vous pas dans cette langue? Tous les titres de votre dernier album sont en anglais…
David Linx :
Parce que je suis plutôt anglophone dans ma façon d'écrire et de chanter. Sur ce dernier album il n'y a pas de titre en français, mais il m'est arrivé de chanter en français, notamment sur ‘L'instant d'après’, où j'ai même écrit en français. Mais l'anglais reste ma langue quasi naturelle.

Aviez-vous travaillé avec Claude Nougaro?
David Linx :
Oui, oui. Nous avons travaillé ensemble. J'ai chanté sur son dernier disque en duo et également un morceau en solo. Et quand il m'arrivait d'aller chez lui, je me mettais au piano et lui, il chantait…

Quel est votre instrument préféré ?
David Linx :
Ma voix (sourire)… ! Le chant est ma raison d'être. Quand je me réveille, ma voix est la première chose que je teste.

L'idée de la perdre vous angoisse-t-elle?
David Linx :
Non, j'ai l'angoisse de ne pas être à la hauteur de ce que je voudrais donner quand je monte sur scène, de ne pas avoir rassemblé les bonnes énergies quand je suis sur scène. Mais j'ai plutôt de la chance, beaucoup de chanteurs me le disent, j'ai des cordes vocales en métal. Même si je dors peu, je garde ma voix intacte. Avec l'âge, mes capacités vocales changent, étonnamment. Je peux aller plus haut et plus bas qu'avant. Ma voix est mon compagnon de route. Chaque matin, c'est à elle que je dis bonjour en premier. Si vous restez sain et en accord avec vous même et que vous traitez bien votre voix, elle vous le rend. Pour ce qui me concerne, ce métier m'a rendu meilleur sur le plan humain, car si vous ne travaillez pas sur vous même, ça peut vite devenir un précipice, avec les problèmes d'ego, de drogues, d'excès…

Avez-vous exercé une autre activité avant d'être musicien-chanteur?
David Linx :
Oui, mais je ne vais pas vous dire quoi (rires). Ma principale envie était de faire de la musique et surtout de chanter. Et encore une fois, dans le jazz un chanteur homme doit s'imposer pour se faire reconnaître, car le métier préfère entendre une voix féminine, et les organisateurs, les journalistes préfèrent rencontrer des chanteuses. Hé oui… Et mon oreille, elle est également plus sensible aux chanteuses de jazz, c'est sans doute une question de fréquence. Comme je vous l’ai déjà dit, un chanteur homme doit proposer autre chose et incarner un autre type de charme. Moi je serais plus de l'école de Caetano Veloso, célèbre chanteur brésilien, ou Abdel Halim Hafez, chanteur égyptien. Il faut travailler son charme, sa façon de communiquer sa musique, mais Miles Davis, que j'ai connu chez Baldwin, reste un de mes plus grands exemples dans l'attitude, dans le son, dans la manière de communiquer son art.

Diederik, vous êtes le pianiste et ami de David Linx depuis plusieurs décennies. Comment l'avez vous connu?
Diederik Wissels :
Oh, cela remonte à loin, en fait. On habitait le même village et je prenais des cours au conservatoire régional où son père enseignait. Il était mon professeur et parfois j'allais chez lui. C’est comme cela que nous sommes devenus amis. Et une dizaine d'années plus tard, on a commencé à travailler ensemble et c'est parti comme ça.

Nous vous avons écouté répéter, tout à l'heure, et on sent effectivement une vraie symbiose entre vous deux.
Diederik Wissels :
Oui, ça fait tellement longtemps que l’on se connait, sur le plan personnel et professionnel, que nous n'avons pas besoin de discuter des heures pour se comprendre! On sait ce qu'on veut faire et où on veut aller.

Vous avez travaillé avec de grands noms du jazz, dont Chet Baker.
Diederik Wissels :
Oui, il venait souvent en Belgique et il connaissait beaucoup de musiciens belges. Je l'ai d’ailleurs rencontré comme ça.

Hormis David, avec quels autres musiciens belges avez-vous travaillé?
Diederik Wissels :
J'ai travaillé avec Toots Thielemans, Philippe Katerine, Steve Houben. J'ai également travaillé pour un label belge qui s'appelle Igloo. Et j'ai aussi travaillé avec des français comme Olivier Louvel et Eric Truffaz.

Nous avons vu Eric Truffaz accompagner récemment Rodolphe Burger lors d'un concert dessiné où les chansons étaient illustrées en ‘live’ par deux dessinateurs de BD, Dupuy et Berberian.
Diederik Wissels :
Ah oui? Moi j'ai déjà accompagné un musicien italien qui avait invité un peintre qui peignait sur scène pendant le concert. C'était très beau. On a fait ça aussi avec des vidéastes. C’était très bien mais ça déconcentre aussi parfois, car tu es au piano mais tu as toujours un œil un peu tourné vers le fond de la scène pour voir les images, et parfois tu n'écoutes plus ce que tu fais (rires)…!

Le jazz induit-il de nouvelles choses et finit-il par se réinventer?
Diederik Wissels :
Oui, mais je pense que cela dépend du musicien et de sa personnalité. Certains osent et apportent des choses innovantes, d'autres restent dans la tradition en faisant le choix d'approfondir. Pour moi, une approche n'est pas mieux qu'une autre. Néanmoins, je trouve que le choix d'approfondir est très courageux, car nous sommes dans une époque où tout va très vite. Les arts se mêlent pour déboucher sur des nouveautés et, du coup, approfondir une tradition musicale, une technique, un son, semble moins à la mode. Moi j'aime les deux, en fait, allier tradition et modernité. Par exemple j'aime l'apport de l'électronique, mais pas de n'importe quelle manière. Dans les musiques de films ou pour le théâtre, j'aime utiliser ces sonorités. Mais sur scène, c'est au piano que je suis le plus à l'aise.

Quelles musiques de films avez-vous signé?
Diederik Wissels :
Oh, pas énormément. En Italie, j'ai du faire la musique de quatre ou cinq films, mais ne me demandez pas les titres…(rires).

Comment procédez-vous pour écrire la musique d'un film ?
Diederik Wissels :
Hé bien cela dépend. Par exemple nous allons entrer en studio pour finaliser la musique d'un film portugo–angolais. Pour ce projet j'ai les images depuis un ou deux mois et du coup, j'ai pu prendre le temps de trouver des idées et de travailler. Mais très souvent on me dit que ‘bon, écoute, dans dix jours il faudrait que tu fasses quelque chose, on ne peut pas te donner d'images mais on va t'envoyer le storyboard’. Là, l'urgence fait qu'on improvise en studio.

Vous qui êtes pianiste, jouez-vous de l'orgue Hammond, l'instrument fétiche de Rhoda Scott, qui a collaboré au dernier album de David Linx?
Diederik Wissels :
C'est très difficile de maîtriser et donc de jouer de cet instrument. Cela ne s'apprend pas en cinq ou dix minutes. Dans mon ordinateur j'ai des sons de B3 qui sont magnifiques, et donc j’en joue à partir d'un clavier normal. D'ailleurs, pour une scène de striptease, dans un film, j'ai utilisé le son de l'orgue Hammond. Et David pensait que j'avais trouvé un vieil enregistrement (rires)! Tu vois donc que je peux tricher un petit peu, mais très franchement, non, je ne sais pas jouer de l'orgue Hammond.

Enseignez-vous la musique?
Diederik Wissels :
Oui, je suis professeur au Conservatoire de Bruxelles. J’y donne des cours de piano. Vous savez, cet instrument est central dans ma vie. Je commence ma journée en travaillant Jean Sébastien Bach et ça me nettoie le cerveau. Pour moi, c'est comme un refuge. Je suis seul face à mon piano, je ne m'occupe de personne, ça me met dans de bonnes dispositions pour répondre aux sollicitations musicales. Bach, c'est une vraie bulle. Ses partitions me déconnectent du réel et puis c'est une musique toujours inspirante, vraiment toujours inspirante…

 

David LINX