ITW de Boxon
Interview: Dominique Boulay et Anne Marie Calendini
Réalisée le 22 septembre 2010
Photos: Anne Marie Calendini
Le nom du combo pouvait le laisser à penser, mais l’interview que nous avons faite des frenchies de Boxon dans les locaux de Sony Columbia ne fut pas un sacré boxon, mais un moment de franche convivialité, à l’image de ce que sont ces musiciens dont le nom commence à envahir les carnets des groupes de référence actuels, très sympas.
PM: Première impression, si vous nous le permettez, car ce qui est surprenant, en vous voyant, c'est votre look à tous les trois. Il y a chez vous trois la juxtaposition de différentes générations rock. Pour l’un c’est le look John Lennon des 70's, pour l’autre c’est plutôt le ténébreux façon new-wave anglaise des 80's, et pour le troisième, c’est le style d’une époque bien plus récente…
Boxon: Ouais, exact. Et lui, c’est le style ‘boys band’ des années 90 (rires). En fait, on a pris tout ce qu'il y a de bien dans toutes les époques et on a mélangé tout ça en essayant de pas être trop ringard.
PM: Après le look, le nom du groupe. Pourquoi Boxon?
Boxon: Boxon, à la base, ça désignait un peu le bordel qui régnait dans notre sous-sol quand on faisait du hard rock. Mais maintenant, c'est plus en rapport avec les bars et l'ambiance far-west.
PM: Justement, quel est le thème fédérateur derrière ce nom, car certains termes comme bandit, hors la loi ou gangster reviennent souvent dans vos textes…
Boxon: Oui, et Jesse James également! C’est vrai qu'on est très fan des films de Sergio Leone, et ce qui est marrant, en plus, c’est que le studio où l’on répète est un ancien repère à prostituées. Il parait même que dans les années 30, un chef d’Etat venait pour… heu… ‘se détendre’, disons (rires). C'est un lieu un peu ‘chargé’, si on peut dire…
PM: Et où se trouve donc ce fameux repère?
Boxon: Aux Lilas. C'est le sous-sol de la maison de Valentin, notre chanteur.
PM: Reprenons donc… Votre thème phare serait le western?
Boxon: Oui, mais aussi le tambourin, la love et la diplomatie (sourires).
PM: Encore côté ‘boxon’, pourquoi quatre personnages sur la pochette du CD alors que vous semblez être en trio…
Boxon: Hé oui, c’est encore le boxon (rires). En fait, on n'est ni un trio ni un quatuor. Ce groupe, c'est comme une grande famille dans laquelle il y aurait différents intervenants. Il y a le cousin de l’un de nous, par exemple qui fait des photos, des clips, et qui joue même du tambourin. Boxon, c’est comme un grand groupe dont on est un peu le noyau. Le quatrième sur la pochette, c'est Timothée, le frère de Valentin. Il a d’ailleurs composé une chanson sur l'album.
PM: N’est ce pas indiscret de vous demander votre âge, car il me semble que vous pourriez être mes enfants…
Boxon: Oui, sans doute, car on a tous 19 ans, à part Timo, qui a 14 ans.
PM: Quelles sont vos références dans le rock français? Qui vous a influencé?
Marlon (batteur): On a découvert tout ce qui était Dutronc, Gainsbourg, Ferré, et aussi Renaud. J'adore un autre groupe, qui chante en français également. Il s'appelle les 5 gentlemen. Sinon, j'ai adoré Soan, qui a été un des gagnants de la nouvelle star.
PM: Alors tu aimes Les Têtes Raides également?
Marlon: Oui. Du coup, cela me les a fait découvrir, car je ne connaissais pas avant. Mais la musique que je trouve vraiment stylée, c'est le rock des 60’s, chanté en français avec l'accent des 60's et avec des paroles super simples
Jérôme (bassiste): Comme il a tout dit, j’ai rien à rajouter (rire).
Valentin (chanteur): Moi, j'aime beaucoup Raphaël, Saez et Soan, aussi. Et bien sûr, Jacques Brel, et tous les auteurs à texte.
PM: Et quid du rock des années 80, des années 90, des groupes comme Taxi Girl, Noir Désir?
Boxon: Ah oui, Noir Désir, bien sûr…!
PM: Et vos références anglo-saxonnes?
Marlon: Qui nous ont vraiment marqué? Il y a eu Bob Dylan, comme artiste américain, et les Rolling Stones, pour l'Angleterre. Mais pour les Stones, c’est davantage par rapport à l'image du groupe, en fait, que je te les cite. Pour la façon qu’à Mick Jagger de bouger sur scène. Sinon, il y a un autre groupe qui s'appelle les B.J.M, The Brian Jonestown Massacre, proches des Dandy Warhols. Les B.J.M, on est vraiment fan. Ce sont eux qui nous ont amenés à faire cette musique, en fait.
PM: Et vous, Jérôme et Valentin?
Jérôme: Chacun de nous a des influences un peu différentes, c’est vrai, mais ce qui ressort de notre album se réfère surtout à Bob Dylan, et aux westerns. Après, moi, je suis très branché musique psychédélique du milieu des années 60. Des groupes comme Pink Floyd, par exemple…
Valentin: Moi, c'est plutôt Dylan. Après, dans les choses plus récentes, j'aime bien Placebo, et The Cure, mais évidemment la musique des 60's et les chanteurs actuels plus romantiques, comme Raphaël et Saez.
PM: Les deux dernières chansons, ‘Just a Toy’ et ‘Under fire’ sont coécrites en anglais avec Paul Breslin. Qui est-il, par rapport au groupe?
Boxon: C'est quelqu'un que l’on a rencontré par le biais de notre producteur et qui nous a écrit des textes en anglais. La chanson ‘Under fire’, c'est la traduction de la chanson ‘Baptême du feu’. C'est une chanson qui a été écrite à la demande du producteur.
PM: Et Delphine Tarnaud, qui a participé à l’écriture de ‘Just a Toy’?
Boxon: Delphine, c'est une amie, une voisine.
PM: ‘Baptême de feu’ ouvre l'album avec la version en français et elle clôture l’album avec des textes en anglais. C’est un clin d'œil (bilingue) au fait que ce soit votre premier disque?
Boxon: Oui, c'est un peu ça. C’était pour dire que ça passe ou ça casse…
PM: Quelle est votre expérience de la scène?
Boxon: En fait, nous avons beaucoup évolué en faisant de la scène. Dés que l’on a commencé Boxon, on a joué sur scène. Jouer en public est quelque chose qui nous a vraiment fait progresser. Cet été, on a fait quelques dates en première partie de Gérald De Palmas, sur de grandes scènes sur des festivals. Ce qui est une expérience encore différente,…et c'est complètement génial…!
PM: Ca fait combien de temps que vous faite de la musique? D’où cela vous est-il venu?
Boxon: Faire de la musique, c'est parti de nous, en fait. On avait 11 ans et on s'est dit tout simplement, «on va faire de la musique». A la base, ce qu'on écoutait, c’était plutôt des groupes de métal français et on était donc plutôt orienté vers ce style de musique, même si c’est vrai que nos parents écoutaient, et écoutent, toujours beaucoup de musique. Ils sont un peu de la génération Hippie, si tu vois ce que je veux dire. C’est donc évident que l’on a été influencé par ce qu'ils écoutaient. Tu sais, on ne s’est pas privé pour leur prendre leurs vinyles et on les a écoutés.
PM: Comment vous êtes-vous rencontrés? Au collège?
Valentin: Avant, même, car avec Marlon, on est né le même jour, dans le même hôpital. On peut donc dire qu'on se connaît depuis qu'on est né.
PM: Vous êtes du neuf trois…
Boxon: On représente le neuf trois!
PM: Mais convenez que vous êtes une représentation plutôt inhabituelle du 93…
Boxon: Nous, notre genre musical n'est pas le rap, mais le neuf trois, on connait, on y habite. On connait les villes des alentours, et on voit ce qui s’y passe, concrètement, même si nous ne sommes pas des gosses à plaindre. On sait ce qui s'y passe, et on connaît les ‘cailleras’ pour les avoir côtoyés. Nous aussi, on a des potes qui ont plus ou moins mal tournés, et c’est un sujet qui peut inspirer des chansons, aussi, mais nos textes n'évoquent pas cet aspect-là de notre vie.
PM: Comment vous êtes-vous fait connaître, par le biais d'internet?
Boxon: Ouais, par le biais d'internet. On a balancé plein de mails aux maisons de disque et un producteur indépendant nous a répondu, nous a signés et nous a permis de faire un premier album. Ensuite, il a fait une tournée chez les majors et on a fini par signer avec Columbia. Celui-là même qui a le logo identique à celui qui se trouve sur les pochettes de Dylan. C’est trop la classe, quand même…! Mais ça nous aura pris trois ans pour en arriver là. Trois ans pour la signature, mais internet nous aura permis pendant ce temps là de faire des concerts, de rencontrer plein de gens, et cela aide vachement, en fait.
PM: Pour en revenir à Dutronc, vous reprenez ‘Et moi et moi et moi’. Pourquoi cette chanson?
Boxon: Un jour, alors qu’on jouait comme ça quelques accords à la batterie, j'ai posé ma voix parce que j'avais reconnu ces accords, et puis ça l'a fait. On s'est dit que ça pourrait bien marcher en live, et en plus, on adore cette chanson. Ce qui est marrant, c'est que les paroles sont toujours d'actualité, même si certaines références ont changé, comme le genre du présentateur télé. Finalement, c'est encore comme ça que cela se passe maintenant… T’imagine le mec qui est dans son bain, tranquille, alors qu'il y a 600 millions de chinois…
PM: Vous l’avez vu, lors de sa tournée?
Boxon: Oui, on est allé le voir au Palais des Sports, Porte de Versailles. C'était génial…!
PM: Votre chanson intitulée ‘Tambourin Tape’ ressemble à un morceau situé entre ‘Les cactus’ et ‘La fille du père Noël’, de Dutronc. Vous ne trouvez pas?
Valentin: Cette chanson a été écrite il y a quelques années, déjà, et quand mon père l'a entendue, il m'a dit: «C'est marrant, ça me fait penser à Jacques Dutronc». Et c'est comme ça que j'ai découvert cet artiste,…mais la composition de la chanson n'a pas été influencée par lui car je ne le connaissais pas encore, à ce moment là.
PM: Qu'aimeriez-vous réaliser, maintenant que vous avez sorti cet album…
Boxon: On aimerait faire comme Dylan, et se lancer dans une tournée sans fin…
PM: Y a t-il une question qu'on ne vous a pas encore posée et à laquelle vous aimeriez répondre?
Boxon: Avez-vous un message particulier à l’attention de nos auditeurs?
PM: Alors avez-vous un message à l’attention de nos auditeurs?
Boxon: (sourire) Oui…! Love et Diplomatie…!
PM: Dernière question indiscrète, vous êtes musiciens à plein temps, maintenant?
Boxon: Oui, bacheliers et musiciens à plein temps, après quelques études d'économie.
PM: Comme Mick Jagger, qui a également fait des études d'économie…
Valentin: Ouais. Et en plus, comme lui, j'ai fait du basket. Ca fait deux points communs!
PM: Et une carrière comme celle des Rolling Stones, c'est tout le mal qu'on peut vous souhaiter!
Boxon: Ce mal là, on en veut bien…!