Interview ENEMY INSIDE – “Opération à cœur ouvert”

Entretien avec Nastassja Giulia (chant) et Evangelos “Evan K” Koukoularis (guitare) par Jean-Christophe Baugé (BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METALLIAN/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK)
Photos: Reigning Phoenix Music GmbH.

Officiellement formé en 2017 à Aschaffenburg, Allemagne, par la chanteuse Nastassja Giulia et le guitariste Evangelos “Evan K” Koukoularis (Exit Eden, Mystic Prophecy, ex-Cypecore), Enemy Inside joue du conformisme honni de la pop et de la violence en réunion du metal depuis son premier album Phoenix (2018). Avec Venom, le groupe fait plus que jamais du contraste le ferment de son unité.

Paris-Move: Nastassja et Evan, comment vous êtes-vous rencontrés?

Nastassja: C’était en 2013, à la Popakademie Baden-Württemberg de Mannheim, en Allemagne. Le courant est très bien passé: on a commencé à écrire de la musique ensemble dès le début du cursus.

Paris-Move: Quels sont les premiers retours sur les singles “Should Have Known Better”, “Sayonara”, “What We Used To Be”, “Fuck That Party” et “Don’t Call Me An Angel”?

Nastassja: Très positifs! Les clips ont été tournés en studio, avec des décors élaborés par mes soins. Je travaille en étroite collaboration avec le producteur Jonas Sommer: j’apporte le concept, écris le script, dirige les acteurs, et il m’aide à concrétiser toutes mes idées.

Paris-Move: Dans quel état d’esprit a été conçu Venom?

Nastassja: Evan et moi écrivons toujours en tandem. On y prend énormément de plaisir car on ne s’interdit aucun style. Les idées progressent naturellement, sans attente ou contrainte particulière. C’est un processus très libérateur.

Paris-Move: Qui de vous deux a eu l’idée de la pochette d’album en 3D?

Nastassja: C’est moi, après m’être arrêtée sur une photo aux effets de contours bleus et rouges sur Pinterest. J’ai pensé que ce serait sympa, et surtout original, de l’appliquer à l’artwork de David (NDLR: Hadarik, guitariste rythmique du groupe).

Paris-Move: On dénombre pas moins de trois invités sur ce nouvel album: Zak Tell (Clawfinger), Mirza Radonjica (Siamese) et Davey Suicide…

Nastassja: On avait gardé contact avec Zak après avoir assuré la première partie de Clawfinger à Papenburg, en Allemagne (NDLR: à l’Alte Kesselschmiede, le 19 novembre 2022). Mirza a piqué notre curiosité sur Spotify: sa voix, incroyable, se devait de figurer sur Venom. On l’a donc appelé en privé. Quant à Davey Suicide, dont j’adore la musique depuis longtemps, c’est un de nos fans communs qui a joué les entremetteurs.

Paris-Move: Quels sont les nouveaux textes que tu juges les plus forts?

Nastassja: Je suis assez fière des paroles de “Don’t Call Me An Angel” car je m’y montre plus vulnérable qu’à l’accoutumée. Ce n’est pas facile de s’ouvrir autant, mais un artiste se doit de partager ses émotions. De nombreux fans m’ont avoué que la chanson les avait aidés dans des moments douloureux: ça veut dire beaucoup pour moi.

Paris-Move: “Should Have Known Better” coche toutes les cases pour devenir votre signature sonore en 2025…

Nastassja: Ce titre représente, en effet, l’équilibre parfait entre nos faces hard et soft. On y trouve des lignes mélodiques, un feeling pop, de la profondeur émotionnelle.

Paris-Move: Evan, n’est-ce pas frustrant de ne jouer que deux soli (“Fuck That Party”, “I’d Rather Be Dead”), voire trois avec “Let Me Go” au son très synthétique?

Evan: Non, car notre ambition est d’écrire de bonnes chansons, pas de faire étalage de nos capacités techniques. Je ne place un solo que s’il enrichit réellement la composition. Et je te confirme que celui de “Let Me Go” est bien joué à la guitare.

Paris-Move: Combien d’accordages utilises-tu?

Evan: Sur cet album: six différents. Cela permet, à la fois, de booster notre processus créatif et d’éviter une impression de redite pour l’auditeur.

Paris-Move: Nastassja, le flow rapide de “Sayonara” t’a-t-il demandé beaucoup de préparation?

Nastassja: Oui, dans la mesure où on expérimente beaucoup, en studio, sur les sons et les phrasés. Celui de “Sayonara” correspond à un optimum.

Paris-Move: Quels nouveaux titres représentent un challenge à jouer sur scène?

Nastassja: A priori, puisque la nouvelle tournée n’a pas commencé, je dirais “Sayonara” et “Fuck That Party”, dont le débit de paroles laisse peu de place à la respiration… “Venom”, également, qui requiert beaucoup d’énergie pour un rendu comme sur album.

Paris-Move: Lequel de vos deux premiers albums studio a rencontré le plus de succès?

Nastassja: Statistiquement, c’est Phoenix (2018), qui a généré le plus de streams: 25,6 millions. Mais comparaison n’est pas raison: Seven (2021) est sorti en pleine crise COVID, sans bénéficier des retombées d’une tournée ou d’une promotion digne de ce nom.

Paris-Move: Votre performance au Wacken Open Air 2023, documentée sur YouTube, semble être la première apogée de votre jeune carrière.

Nastassja: L’énergie du public était communicative, et on a pris notre pied sur scène. Notre accoutrement blanc, raccord avec l’esthétique de notre second album, tranchait vraiment avec celui des autres groupes. Nous serons tout de même de retour en noir cette année: back in black!

Paris-Move: Peux-tu nous dévoiler l’identité du prochain batteur officiel d’Enemy Inside?

Nastassja: Ah, ah, ah! Bien essayé.

Paris-Move: Que s’est-il donc passé avec Felix Keith (batteur de 2017 à 2021) et Fabian Dührssen (de 2022 à 2023)?

Nastassja: Les éternelles divergences musicales et inversions de priorités! Mais il n’y a aucune animosité entre nous. On est encore en contact: on leur souhaite le meilleur. (NDLR: Fabian est désormais professeur de batterie à Francfort)

Paris-Move: Seuls Evan et toi êtes musiciens à plein temps. Que font David et Dominik (Stotzem, basse) en off?

Nastassja: David est graphiste et Dominik travaille dans l’évènementiel.

Paris-Move: Quel est ton moteur dans ce métier?

Nastassja: Voir et entendre, depuis la scène, le public chanter nos chansons. Les fans qui vibrent au rythme de ta musique, c’est l’ultime retour sur investissement.

“LES FANS QUI VIBRENT AU RYTHME DE TA MUSIQUE, C’EST L’ULTIME RETOUR SUR INVESTISSEMENT” [NASTASSJA GIULIA, ENEMY INSIDE]

Paris-Move: Quels autres groupes allemands trouvent grâce à tes yeux?

Nastassja: Ghostkid (NDLR: originaire de Gelsenkirchen), Caliban (Hattingen), From Fall To Spring (Neunkirchen) et Samurai Pizza Cats (Castrop-Rauxel).

Paris-Move: Comment est la vie à Aschaffenburg?

Nastassja: Relax. La nature y est encore bien présente, et on est suffisamment proche de Francfort pour sortir. Sa position centrale facilite les trajets vers les grandes métropoles européennes dans le cadre de nos tournées.

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Clip de “Should Have Known Better”:

Clip de “Sayonara”:

Clip de “What We Used To Be”:

Clip de “Fuck That Party”:

Clip de “Don’t Call Me An Angel”: