Interview de Paul Cox

Interview préparée et réalisée par Frankie Bluesy Pfeiffer
Retranscription et traduction : Nathalie Harrap
Photos : Frankie Bluesy Pfeiffer et Blake Powell

Un coffre et une présence sur scène à la Joe Cocker de la grande époque, une poignée de main style bûcheron qui sait vous faire comprendre combien il vous apprécie, un sourire qui vous fait intégrer de suite le clan des potes musicos, une disponibilité de tous les instants, tel est Paul Cox. Sur scène il en impose, il est le boss ; et quand les blues lents succèdent aux titres taillés dans un blues-rock bien râpeux et diablement efficace, la gorge du lascar se fait brasier et les yeux des femmes deviennent pluies d’étincelles.

BM : Paul, pour les Français qui ne te connaissent pas encore, dis-nous combien de disques as-tu déjà enregistré sous ton nom, et sur combien de disques as-tu chanté ?
Paul Cox
: Je ne sais plus…. (rires). Il y ceux enregistrés avec le John Slaughter Blues Band et produits par Timeless Records, et pas mal d’autres encore…. (rires). Par contre, pour ceux enregistrés sous mon nom, c’est plus facile : en fait j’ai rencontré Blake en 1998 (NDLR : Blake Powell, Manager de Note-Music) et j’ai fait 3 disques avec lui, des disques de pur blues,… et ça a été vraiment très bien pour moi car je pense que j’aurais dû chanter du blues beaucoup plus tôt. J’ai toujours aimé le blues, mais je n’ai vraiment chanté le blues qu’à partir de moment où je suis rentré dans le John Slaughter Blues Band, en 1989.

BM : Quand as-tu commencé à chanter ? Tu as pris des cours de chants ?
PC :
Non, pas du tout…. ! (rires) J’ai commencé à chanter à l’école, dans des chorales ; tu vois, ce genre de truc où on est nombreux à chanter ensemble et où les bons couvrent la voix des plus mauvais (rires). En fait, j’ai commencé par chanter du rock. Mes idoles, c’étaient Robert Plant, Ian Gillan, Joe Cocker, des mecs avec un coffre comme ça…! Ce que je voulais,  c’était chanter comme eux. J’étais persuadé que ma vie de chanteur serait toujours dans un groupe de rock ; et puis j’ai découvert John Mayall. J’en suis resté ébahi. Je me suis dit : Voilà, c’est ça que je veux faire !…Etre un chanteur de blues, avec un groupe qui joue dans ce style là. Et c’est pour cette raison que je suis parti pour Londres. J’ai participé à des festivals de blues au Royaume-Uni puis on est allé en Europe, au festival de jazz de Montreux, et j’ai fait aussi l’ouverture de Ray Charles, deux fois.

BM : Comment a débuté ta collaboration avec Blake ?
BC :
Tout simplement…. (rires) Un jour, j’ai rencontré Blake et je lui ai dit : « Et si on faisait un album ensemble ? ». Il a été d’accord tout de suite et c’est comme ça qu’on a sorti mon premier album (rires).

BM : Satisfait de ce premier album sous ton nom ?
PC :
(large sourire) Oui,…et je dois t’avouer que je suis assez fier de ce disque,…parce qu’il a bien résisté au passage du temps. Il m’a donné la possibilité de prouver ce que j’étais capable de faire dans un autre registre que le rock et aussi parce que nous avons reçu d’excellentes critiques pour ce premier album. Même s’il est un peu trop ‘accompli’…

BM : Que veux-tu dire par trop ‘accompli’ ?
PC :
Ce que je veux dire c’est qu’un chroniqueur connu nous a dit que l’album ne lui avait pas plu parce qu’il était trop ‘accompli’, trop ‘soigné’, et qu’il aurait préféré un truc plus spontané, moins travaillé. On en a beaucoup parlé entre nous, avec Blake et les musiciens, et puis plusieurs stations de radio ont commencé à passer des titres de l’album,…et à dire pleine de choses positives sur nous. Cela m’a redonné confiance et m’a conforté, dans le sens que j’étais capable d’interpréter cette musique, que je pouvais le faire sous mon propre nom, et avoir une certaine crédibilité. Tu sais, je chante avec mon cœur, avec mon âme, et je suis persuadé que les gens qui m’écoutent le ressentent. Pour moi, tout ce que tu interprètes doit venir de toi, du plus profond de toi. Je veux que les gens comprennent que Ok, j’aime bien vendre des disques, mais que ça, en fait,  je m’en fiche un peu. Ce qui est important pour moi, c’est que les gens ressentent ce que je chante, et que ce que je chante vient du cœur. Et ça, c’est super important…!

 

Paul & Gary

BM : Des trois CD sortis sous ton nom, quel est le plus important pour toi ?
PC :
C’est encore et toujours le premier. Ceci dit, je pense qu’ils sont tous bons et je suis très fier de ces trois albums. Pourquoi le premier, alors ? Comme je te le disais, je crois que les chansons de cet album ont bien résisté au passage du temps. Dans les deux autres albums, il y a, je pense, 6 ou 7 chansons dont je suis très fier, mais je suis fier de toutes les chansons du premier album,….et de la deuxième chanson en particulier. Ce deuxième titre, “Is Anybody There”, je l’ai emprunté à John Hiatt et je me suis donné corps et âme à cette chanson. Je pense que je lui ai donné ma propre marque, et c’est ce qu’il faut faire quand on interprète une chanson d’un grand artiste. Tu vois, c’est comme Eric Burdon ou Joe Cocker : lorsqu’ils reprennent une chanson, ils y mettent tout d’eux-mêmes, tout, et c’est ça qui rend la reprise aussi belle que la version originale. Je dois l’avouer, et je suis le premier à l’admettre, je ne suis pas le meilleur auteur compositeur du monde et ne le serais sans doute jamais, mais si quelqu’un me donne un texte, une chanson dans laquelle je me retrouve, ce que je peux faire, et ce que je vais faire, c’est tout donner, pour qu’elle fasse partie de moi, pour mieux ressortir ensuite du plus profond moi.

BM : Avec la voix et la personnalité que tu as, pourquoi ne penses-tu pas à réaliser un album avec uniquement des reprises ?
PC :
Absolument, c’est ce que j’aimerais faire,…et j’y travaille. Faire ce que Tim Hain a fait avec son interprétation de ‘Wind Cries Mary’, de Jimi Hendrix, c'est-à-dire apporter sa propre personnalité à un morceau connu. Tu sais, j’ai beaucoup de chansons dans la tête ; j’entends une chanson et je sais déjà comment je pourrais la chanter. Je fais ça tout le temps ; j’écoute et je chante ma version, avant de la garder en mémoire. Roger Cotton, qui a produit mon album, pense comme moi, et je suis persuadé que l’on arrivera à faire un super album de reprises.

BM : Faire des reprises, c’est une chose,…mais n’est-ce pas plus motivant, plus excitant d’écrire tes propres chansons ?
PC :
Ma vie est celle d’un chanteur et c’est cette vie là qui me passionne. J’ai écrit et je peux écrire de belles chansons, mais ce n’est pas mon truc, tu vois… Tu connais comme moi de nombreux auteurs compositeurs dont les chansons sont très vite oubliées, car même si elles sont bonnes elles n’ont pas ce truc, cette étincelle qui en fait une grande chanson. Moi, ce qui me fait vibrer, c’est de chanter, et si les plus belles chansons que je peux chanter sont celles d’autres auteurs, alors je suis très heureux de les interpréter.

BM : Alors le prochain album contiendra uniquement des reprises ?
PC :
Oui, je pense que dans le prochain album il y aura beaucoup plus de reprises que de chansons signées Paul Cox…. (rires). C’est ce que je souhaite vraiment faire, et c’est ce que mon public attend, aussi.

BM : Et cet album est prévu pour quand ?
PC :
Pour la fin de l’année, je pense. J’ai juste besoin de Blake….(rires)

BM : Avec les mêmes musiciens ? Avec Alan Glenn ?
PC :
Oui, car j’adore ce mec. D’ailleurs j’adorerais faire tout un album avec les Barcodes, mais c’est une autre histoire… J’aime travailler avec eux, ensemble ou séparément, parce qu’ils sont tellement doués et tellement relax !

BM : Et le Best of…, c’est pour quand ? Ce serait peut être pour toi le meilleur moyen de pénétrer le marché du blues d’autres pays, comme la France, par exemple….
PC :
(large sourire) Pourquoi pas…. Mais je ne te raconte pas les problèmes que je vais avoir pour choisir les titres…(rire). De toute façon, il y en aura un, c’est sûr, qui sera ‘le’ titre de l’album, c’est ‘Dangerous Mood’, un titre qui figure dans mon dernier CD. C’est sans doute la chanson dans laquelle je me suis le plus dévoilé, le plus donné. Elle fait partie de moi, elle est en moi. Je l’ai entendue une fois puis je l’ai chantée, en duo ; je l’aime beaucoup aussi parce que ma version est très différente de la version originale. Le plus beau compliment, je l’ai reçu de la personne qui a collaboré à la composition de cette chanson, une fille qui s’appelle Candy Parton. Elle a entendu ma version à la radio, aux Etats-Unis, et elle m’a appelé tout de suite pour me dire : « C’est la plus belle version que j’ai jamais entendue. ». Ca m’a touché, là, au cœur, comme un gamin à qui tu fais un très beau cadeau. Et si je devais, un jour, faire une compilation de mes meilleurs titres, cette chanson en serait le premier titre, c’est sûr.

Lire l'interview dans son intégralité, dans le numéro 46 de Blues Magazine

Frankie Bluesy Pfeiffer
Octobre 2007
BLUES MAGAZINE©
http://www.bluesmagazine.net

Paul Cox