Interview de HUSSAM ALIWAT

Interview de HUSSAM ALIWAT à l’occasion de la sortie de son album “Born Now”
Interview préparée et réalisée par Thierry Docmac (Bayou Blue Radio – Paris-Move)
Photos: © Clara Abi Nader
PARIS-MOVE, September 23rd 2019

L’album “Born Now” de Hussam Aliwat a été chroniqué par les rédactions de Bayou Blue Radio et Paris-Move et a été noté “Coup de coeur”!
Chronique à retrouver et à lire ICI

Thierry Docmac (Bayou Blue Radio – Paris-Move) : Dans le jazz actuel, nombreux sont les grands artistes qui laissent leur empreinte en intégrant leur culture dans leurs œuvres. Par exemple Nguyên Lê nous apprend à apprécier la musique aux influences asiatiques, et pour d’autres ce sera la culture cubaine, japonaise, etc. Alors bonjour Hussam, et lorsque l’on sait que le Oud est arrivé entre tes mains à l’âge de 12 ans, la première question qu’on se pose: c’était où, dans quel pays, et comment as-tu réussi,, en autodidacte, à arriver à une telle maîtrise de ton instrument…?

Hussam Aliwat : Tout simplement, je suis autodidacte un peu par obligation et pas vraiment par choix, parce que j’ai grandi dans un pays très pauvre culturellement, surtout pendant la période à laquelle j’ai commencé a jouer du oud. A l’age de 12 ans j’ai découvert cet instrument, c’était la première fois que je prenais un oud dans les mains… J’étais fasciné et j’ai rapidement commencé a m’entraîner, à travailler très régulièrement, plusieurs heures par jour. Par contre il est difficile pour moi de parler de pays. Comme beaucoup, je ne suis pas né dans mon pays d’origine, et mes parents ont immigré vers un pays qui ne me ressemble pas. C’est pour cela que mon album s’appelle “Born Now”. Je crée ici, en France, mon identité musicale. Mais pour répondre plus précisément à ta question, je suis d’origine palestinienne mais j’ai vécu au Qatar avec ma famille qui avait immigré la-bas avant ma naissance.

Thierry Docmac : Bien entendu, mener à bien un projet d’une telle envergure, c’est aussi s’associer avec une équipe et principalement des musiciens comme ceux qui composent ton groupe. On voit d’ailleurs que tous ont pris une part importante dans les arrangements. Peux-tu nous parler d’eux, et de la façon dont le travail s’est organisé entre vous…?

Hussam Aliwat : Techniquement parlant, je commence par composer la musique, la construire entièrement: j’écris les partitions des violoncelles et la batterie pour faire un premier arrangement qui constitue la trame qui nous guide tous. Mais ensuite, quand on se retrouve, chacun ajoute sa propre identité, qui est forte, et ses idées basées sur mes directions.

Thierry Docmac : Tout au long de l’album “Born Now” il y a comme une dramatisation qui fait penser à un film, avec un début, un milieu et une fin, et il y a aussi de fortes influences rock et jazz. Comme ce sont tes compositions, peux-tu nous parler de tes influences musicales?

Hussam Aliwat : C’est vrai qu’il y a une grande influence cinématographique dans ma musique, car le cinéma fait partie de ma vie aussi. J’ai fait 3 ans d’études de cinéma à Paris, mais ma passion pour la musique était plus forte et elle prenait tout mon temps, donc j’ai dû choisir entre les deux. Mais ça me fait plaisir d’entendre que le cinéma se voit dans ma musique. J’ai aussi l’ambition de donner un vrai spectacle visuel à travers mes clips et lors de mes concerts. On y travaille en ce moment!
Pour répondre un peu plus encore à ta question, mes influences musicales sont très larges et très variées… En ce moment j’écoute beaucoup de rock, de metal. J’écoute pas mal de jazz aussi, et ma rencontre avec Lars Danielsson en 2016 m’a aussi beaucoup marqué et rapproché des compostions jazz. Et bien sûr mes influences sont aussi cinématographiques! J’aime toujours composer ou même écouter la musique qui me fait penser, imaginer, voir des images et créer des histoires dans ma tête.

Thierry Docmac : Tu connais notre point de vue sur ton album, dont les lecteurs peuvent retrouver la chronique ICI sur PARIS-MOVE, mais j’imagine, maintenant que l’album va sortir, que tu es passé de l’état de stress de l’enregistrement, à un certain recul… Alors, qu’as-tu envie de nous apprendre de plus sur ce CD “Born Now”?

Hussam Aliwat : “Born Now” n’est pas un album qu’on peut enregistrer en studio en une seule journée et hop, c’est terminé. “Born Now” est un projet de 5 ans de travail. C’est une histoire de naissance. C’est ma naissance en tant qu’artiste, celle que je visionne et que j’élabore, seul avec mon oud, depuis mes 12 ans. C’est aussi tout un monde intérieur, car je suis d’un naturel réservé, pensif, et le oud exprime ma passion, ma sensualité , mes colères, mes tensions, mes révoltes. Alors “Born Now” est comme ma voix, et je veux que ça soit aussi la voix des spectateurs qui se sentent représentés par ma musique, quelle que soit leur sensibilité, leur histoire, leur origine. “Born Now”, c’est aussi la liberté de casser nos habitudes et suivre nos rêves, pour exprimer notre personnalité unique.

Thierry Docmac : Dans cet album on ressent une belle énergie entre les musiciens, ce qui me laisse penser que l’avenir pour toi est certainement d’être avec eux pour de longues années… As-tu déjà des idées pour un futur projet avec eux, sachant que sur un premier album on se force à faire des choix suivant divers critères. Est-il illusoire d’imaginer un futur avec des créations qui n’ont pas eu de place sur ce CD…?

Hussam Aliwat : Quand j’ai construit ce projet, je ne cherchais pas des “accompagnateurs”. J’ai cherché une équipe avec qui je pourrais construire un son, un son qui dure pour le futur. Un son dont on se souvienne, 50 ans plus tard. Tout a commencé avec Sary Khalifé au début, puis avec Raphaël Jouan, qui a rejoint le quartet en 2016, puis Nicolas Goussot, qui nous a rejoint juste avant l’enregistrement de l’album. Avec eux, je pense que je réussis a construire ce son très spécial que je cherchais pour marquer ma génération et les suivantes. Une grande liberté de styles et d’instrumentations, sans frontières. En même temps, je suis quelqu’un qui cherche toujours de nouvelles idées et je ne souhaite pas rester figé dans un style, et c’est certain que je vais encore évoluer et que les créations qui n’ont pas eu de place sur ce CD trouveront d’autres incarnations. J’ai déjà commencé à travailler sur des idées de développement de ce projet et ce son pour aller encore plus loin.

Thierry Docmac : Merci, Hussam, d’avoir accordé cette interview à Paris-Move. Les rédactions de Bayou Blue Radio et Paris-Move te souhaitent bien entendu tout le succès que tu mérites!

Hussam Aliwat : Merci beaucoup, Thierry. J’ai été très touché par votre chronique et votre compréhension de ma musique. J’espère vous voir, et tous les lecteurs de PARIS-MOVE également, au concert du 29 novembre, au Café de la Danse!

Concert au Café de la Danse – billetterie en ligne ICI

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