ANGE: comme un parfum de jubilé…
Interview de Christian Décamps (ANGE)
Réalisée par Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder
Si vous n’êtes pas superstitieux, la formation pionnière du rock progressif hexagonal se produira le 13 octobre au Splendid de Lille… Un vendredi.
Patrick Dallongeville: Bonjour, Christian Décamps. Ça me fait tout drôle de vous parler, car je vous ai vu et entendu le 6 mai 1975 à la Salle de La Rotonde à Faches-Thumesnil (devenue ensuite la Salle Jacques Brel), à l’époque de votre album Émile Jacotey, avec Guénolé Biger à la batterie…
Christian Décamps: Je me souviens de ce concert, en effet…
Patrick Dallongeville: À l’époque, vous étiez le groupe leader sur la scène française…
Christian Décamps: Toute une époque, oui.
Patrick Dallongeville: Un temps où Jean-Bernard Hébey, lors de son émission quotidienne sur RTL (Poste Restante), faisait gagner des 33 Tours à ses auditeurs sur concours téléphonique. J’y avais remporté votre double album live, “La Fantastique Épopée Du Général Machin”. Que pouvez-vous encore nous dire de cette époque pionnière?
Christian Décamps: Cet album que vous évoquez était paru à l’époque sans notre accord. C’était notre manager d’alors qui en avait permis la publication. Nous étions partants pour que cela paraisse en tirage limité, en tant que document pour les fans, mais pas dans le circuit des disquaires. Nous avons donc demandé à ce que nos royalties soient reversées à une association caritative.
Patrick Dallongeville: Le son n’en était pas exceptionnel, en effet. Désormais, Ange, c’est une quarantaine de disques (dont une douzaine de lives), six disques d’or et un Grand Prix de l’Académie Charles Cros en 1976 pour “Par Les Fils de Mandrin”, et pas moins de 35 membres recensés, au fil des formations successives…
Christian Décamps: Cela me semble un bon calcul (rire). Un groupe qui dure, c’est ça, ça a été la même chose pour Genesis et Pink Floyd, on est tous à la merci de changements. Il y a des gens qui sont plus impatients que d’autres. Les musiciens qui embarquaient sur le vaisseau Ange ont toujours été libres de s’en aller quand ils le souhaitaient… J’ai fondé le groupe en 1969, puisque j’avais écrit “La Fantastique Épopée Du Général Machin” au printemps et en été de cette année là, et j’ai donc battu le rappel de musiciens pour l’interpréter sur scène. C’était bien, cette époque, parce qu’on y avait l’envie d’inventer. On était fascinés par le rock british d’alors, qui nous a largement inspirés, et on a voulu transposer en français ce qu’ils faisaient, mais à notre façon.
Patrick Dallongeville: À l’époque, vous étiez la seule formation française à vous produire sur scène avec deux claviers qui jouaient simultanément, c’était la marque des frères Décamps, vous et Francis.
Christian Décamps: Oui, et à présent, c’est tout à fait autre chose, puisqu’on est en train d’achever notre tournée des 50 ans, qui a été retardée à cause du confinement. Et par ailleurs, nous sommes également en train de peaufiner un nouvel album qui va sortir d’ici la fin de l’année, et qui s’intitulera “Cunégonde”. Ca paraîtra chez ArtDisto, un label indépendant diffusé par l’Autre Distribution. C’est une autoproduction, comme nous en publions depuis pas mal d’années maintenant.
Patrick Dallongeville: À Tourcoing, nous comptons un de vos plus fidèles et ardents fans, Jean-Michel Ledent…
Christian Décamps: Bien sûr, l’ancien patron-gérant du P’tit Quinquin! Je m’y suis produit en solo et c’est vraiment un ami.
Patrick Dallongeville: Et votre public aujourd’hui, c’est qui? Essentiellement des vieux de la vieille, ou des nouveaux venus?
Christian Décamps: Oh, c’est un peu la même tranche d’âge que ceux qui viennent voir Peter Gabriel. Des jeunes, il y en a, mais les plus nombreux se situent entre 30 et 60 ans, comme pour beaucoup d’artistes ayant débuté à peu près à la même époque que nous.
Patrick Dallongeville: Vous même, sans trop d’impertinence, vous approchez de l’âge fatidique à partir duquel on n’a plus le droit de lire le Journal de Tintin…
Christian Décamps: (Rire) Oui, en effet!
Patrick Dallongeville: En ce qui vous concerne personnellement, ce sera réellement votre dernière tournée?
Christian Décamps: Pour ce qui me concerne, en effet. J’ai prévu de quitter la scène le 31 janvier 2025, à l’Olympia – si je suis encore vivant (rire)! Pour des raisons de santé, avant tout, car je commence à souffrir pas mal de rhumatismes, mais cela n’a rien d’exceptionnel à 77 ans.
Patrick Dallongeville: Mais si j’ai bien compris, cela ne signifiera pas la fin de Ange pour autant? Le groupe continuera bien d’exister après votre départ?
Christian Décamps: C’est ce qui est prévu.
Patrick Dallongeville: C’est votre fils Tristan qui reprend l’enseigne?
Christian Décamps: C’est du moins ce que je souhaite!.. Nous avons eu une carrière incroyable. Ange, c’est le groupe français le plus célèbre à être passé inaperçu (rire).
Patrick Dallongeville: Pas tout à fait. Vous avez un point commun avec Little Bob, celui de la persévérance dans la longévité.
Christian Décamps: Certes, mais comme lui aussi, nous n’avons quasiment jamais fait la une des média.
Patrick Dallongeville: Ah, c’est sûr qu’à vos débuts, on ne vous voyait pas dans “Salut Les Copains”…
Christian Décamps: Je sais bien, mais en toute modestie, je trouve que la carrière du groupe méritait davantage d’attention, ne serait-ce que quand nous fêtons nos 50 ans d’existence… Mais dans le fond, je m’en fiche! Je suis né pour raconter des histoires, et Ange est le meilleur boulot que j’aie jamais eu!
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Au Splendid, Lille, vendredi 13 octobre 2023, 20h
Billetterie en ligne ICI
LE SPLENDID – 1 Place du Mont de Terre, 59000 LILLE, FRANCE
Site web
Infos pratiques
Toutes les dates du “Cunégonde Tour” ICI