Disparition de Roy Loney, fondateur des Flamin’ Groovies

Roy Loney

La news était tombée brutalement, sur Facebook: “Roy Loney, founding frontman of influential garage rock band the Flamin’ Groovies, has died aged 73. The band announced the news on Facebook, saying they were “deeply saddened and stunned”. His girlfriend told the San Francisco Chronicle that he died of organ failure at the city’s California Pacific Medical Center. “Roy was born on a Friday the 13th and he died on a Friday the 13th,” she said.”

Comme chaque Américain alors en âge d’écouter la radio se souvient précisément de ce qu’il faisait au moment où JFK s’est fait dessouder, chaque fan des Flamin’ Groovies de par le monde peut encore narrer son dépucelage aural par cette légende vernaculaire du demi-siècle écoulé (demandez donc à Robin Wills). Dans mon cas, je me trouvais en août 76 à camper sur les rivages de la Mer du Nord. Parmi les brumes qui masquaient l’horizon à l’approche du couchant, le chalutier de Radio Caroline émettait depuis la lisière des eaux territoriales. Et tandis que je réchauffais mes pâtes sur mon Butagaz de fortune, une intro de caisse claire me signifia en quinze secondes chrono à quel point Genesis, Peter Frampton et les Eagles avaient choisi la mauvaise voie (sur le plan artistique seulement). Il s’agissait de l’emblématique “Yesterday’s Numbers”, et la vénérable station pirate venait de rallier un nouveau disciple à la cause des Frimeurs Flamboyants.

Plus de quarante ans après, une rumeur diffusée par les réseaux sociaux indiquait que l’une des dernières moutures en date du groupe récemment rabiboché devait se produire à Bruxelles. Le visuel de ce concert présentait même trois membres historiques (dont Chris Wilson et George Alexander), tout en annonçant la présence de Roy Loney. Comment rater pareille occasion ?

Le soir même, bien entendu, fidèle à leur tradition de foirage et d’arnaque mêlés, seul l’inamovible Cyril Jordan répondait à l’appel, et l’on s’apprêtait à se faire rembourser quand ils entamèrent leur set par une digne version de “Shake Some Action”. Pas mal, pour une tournée censée célébrer “Teenage Head”, ne pus-je alors m’empêcher de ricaner dans ma barbe, mais tant que j’y étais…

Les Groovies, comme les Kinks, Inmates, Wilko Johnson ou les Replacements, représentent pour leurs exégètes des pans entiers de leur vie, presque des membres de leurs familles à part entière. Alors, quand on nous annonce coup sur coup le décès de Roy Loney (à 73 piges ce vendredi 13 décembre, suite à une blessure à la tête: “Teenage Head” forever), et l’appel au secours d’un Chris Wilson récemment sorti de désintox à 67 balais, renversé par un véhicule (comme Stiv Bators), et à présent menacé de finir clochard, on se remémore la sentence des Chacals de Béthune: “il n’y a pas de sursis pour les rockers” (“Albert et Sa Fanfare Poliorcétique, La Malédiction des Rockers”, 1972).

Les dons pour ce brave Chris peuvent être adressés via Lori Christian sur le site Music Corner. Pour les condoléances aux proches de Roy, se référer à la page Facebook des Groovies. En ce qui me concerne, j’écoute “Slow Death” (*) et “Shake Some Action”, mais vous faîtes comme bon vous semble.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 31st 2019

(*) The Flamin Groovies with Roy Loney – Slow Death – Donostia 16 abril 2016, with:
Roy Loney : vocal
Cyril Jordan : guitar / vocal
Chris Wilson : guitar / vocal
George Alexander : bass / vocal
Victor Penalosa : drums