Billy C. Farlow and Rich Kirch : les seigneurs des mangroves

Certains vous diront que le hasard fait bien les choses, d’autres que le hasard n’existe pas. Hasard ou pas, la rencontre de ces deux bluesmen américains va marquer le Blues des années à venir, tant leur premier album, Alligator Crawl, est aussi imposant et puissant que le reptile dont il a emprunté le nom. 

Comment deux musiciens qui vivent à l’opposé du même continent, et qui ne s’étaient jamais rencontrés, ont-ils pu produire un tel opus ? Comment deux personnalités aussi fortes ont-elles fait pour se compléter, s’effacer, et mieux encore, relever celle de l’autre ? Comment deux talents ont-ils pu fusionner pour produire un tel bijou, aux reflets inimitables ? C’est tout simple, vous diront certains, c’est le hasard ; d’autres vous diront que non, qu’il n’y a pas de hasard, et que ces deux-là devaient se rencontrer, un jour où l’autre, pour nous offrir l’un des plus beaux albums de blues de ces douze derniers mois.

Alligator Crawl

Couverture album Alligator CrawlSurnommé le seigneur des mangroves, l’alligator d’Amérique du Nord est une fantastique machine de guerre : ses puissantes mâchoires peuvent venir à bout de n’importe quelle proie et sa carapace le rend quasi invulnérable ; sa queue lui sert à équilibrer sa nage et à renforcer la puissance de ses attaques. Enfin, et le saviez-vous, l’alligator possède la maîtrise de son rythme cardiaque.
Hasard ou pas, Billy Farlow et Rich Kirch sont indiscutablement de la race de ces seigneurs-là, car leur Farlow-Kirch Band est également une fantastique machine de guerre, avec, comme mâchoires d’acier, au chant et à l’harmonica, l’ex-leader de Commander Cody and His Lost Planet Airmen, Billy C. Farlow, et à la six cordes, Rich Kirch, le guitariste et bandleader du groupe qui accompagna John Lee Hooker pendant ses 13 dernières années, jusqu’au bout de la route.

La rencontre entre ces deux figures du Blues a lieu au cours d’une party organisée par Kurt Crowbar Kangus, qu’ils découvrent être également un ami commun. Rich est venu avec sa gratte, Billy avec son harmonica, et, tard dans la soirée, ils se lancent dans un jam, avec ce feeling que quelque chose de fort est entrain de se passer. Hasard ou pas, ils découvrent aussi qu’ils ont tous deux, avec trente années d’écart,  croisé la route du même grand Monsieur du Blues, John Lee Hooker. Cette nuit-là, c’est le déclic, et l’album Alligator Crawl (chronique dans Blues Magazine n° 38) est enregistré peu de temps après, en quelques jours seulement, Billy faisant rappliquer pour l’occasion quelques ex-compères du Commander Cody and His Lost Planet Airmen, dont Austin deLone aux claviers et l’excellent Keith Crossan au saxo.

Quoi de plus normal aussi, pour ces deux grands bluesmen, que de clore cet album par I'm in the Mood, titre-hommage à John Lee Hooker, avec lequel Billy joua dans les années 60, et dans l’ombre duquel Rich assura pendant les 13 dernières années de la vie du maître les rôles de guitariste et de bandleader. Hasard ou pas, trente ans après Billy, Rich avait croisé à son tour la route de JLH, pour l’emprunter jusqu’à son terminus.

Billy C. Farlow : un authentique bluesman pur sud !

Billy C. Farlow a été très tôt plongé dans la musique, attiré aussi bien par le gospel que par Elvis Presley, Buddy Holly, Lightning Hopkins,…et John Lee Hooker. Dans sa famille, tout le monde joue d’un instrument, sauf sa mère, qui chante : le grand-père joue de la guitare, vocation transmise par un arrière grand-père amateur de banjo ; le père joue du piano, et le frère de la guitare. A 8 ans, Billy commence par jouer du ukulélé, à 14 ans, il achète sa première guitare, et un an plus tard, il se paye son premier harmonica.

Les juke joint étant interdits au moins de 21 ans, c’est par les fenêtres de ceux-ci que Billy découvre et observe les musiciens de passage. Chez lui, il écoute en boucle les albums de Slim Harpo, Sonny Boy Williamson II, Howlin’ Wolf, et travaille autant l’harmonica que la guitare. Dans ce sud des States où il grandit, Billy baigne dans un environnement très religieux, et c’est tout naturellement qu’il en arrive à chanter du gospel, influence marquante qui forgera cette voix qui le rendra si célèbre aussi bien au sein du Commander Cody and His Lost Planet Airmen, qu’avec son propre groupe, le Billy C. Farlow Band.

En 1963, le père de Billy fait déménager toute sa famille à Detroit, où il espère faire carrière comme professeur. Le jeune Billy est fasciné par tout ce qu’il découvre dans cette grande ville en plein boum industriel, et particulièrement vivante :

BCF : A cette époque, Detroit attirait pas mal de musiciens, dont des bluesmen du sud, et John Lee Hooker. Tu sais, John était le mec à voir à Detroit. Il était à Detroit ce que Howlin’ Wolf était à Memphis.

Billy fait tout pour le rencontrer, et il y parvient. Nous sommes en 65, et la première rencontre a lieu au Chessmate, un coffeehouse où la vente d’alcool est interdite. Ce soir-là, il y a peu de monde, et John Lee Hooker chante et joue pour les quelques amateurs présents, dont Billy.

BCF : C’était presque comme un concert privé, tu imagines… ! Quand John a fait une pause, je suis allé le voir, je l’ai salué, en lui disant combien j’aimais sa musique. Il s’est mis à rire, et il m’a signé un autographe,….que j’ai toujours. Je suis retourné le voir jouer à plusieurs reprises, et un jour, il m’a invité à jouer de l’harmonica avec lui, pendant toute la moitié d’un set, juste lui à la guitare et moi à l’harmonica. C’était géant.

En 1966, Billy contacte Boot Hamilton (piano) et Larry Welker (guitare) et monte son premier groupe, Billy C. & The Sunshine ; l’année suivante, le band frappe un grand coup en assurant la première partie de Eric Clapton and Cream, au Grande Ballroom de Detroit, le 31 décembre 67. Un an plus tard, le groupe est dissout, suite au départ du batteur, Lance Dickerson. Billy rejoint alors les Mojo Workers, le groupe de Sam Lay, ex-batteur de James Cotton, pour une longue tournée sur la côte Est, car Sam est un batteur dont Billy apprécie le style, les attitudes :

BCF : Sam est un batteur extraordinaire, car il utilise tout son corps quand il joue de la batterie, du tambourin ou des maracas. Il vit chaque frappe, c’est comme s’il fait partie de sa batterie.

Hasard ou pas, après cette tournée, Billy fait la connaissance de deux jeunes étudiants de l’université du Michigan : George Frayne, qui dit toucher sa bille aux claviers et qui s’est affublé d’un surnom étrange, Commander Cody, et John Tichy, guitariste. Billy est agréablement surpris par leur motivation, va voir le groupe, mais constate qu’à part ces deux-là, les autres ne savent pas réellement jouer de leur instrument.

BCF : George jouait sur son Farfisa d’une seule main, et de l’autre il tenait sa bière ; il y avait un batteur incapable de garder le rythme, un bassiste-acrobate tout aussi mauvais, des danseuses, et un hippie, joueur de flûte. C’était vraiment folklo… Bill Kirchen, un pote que j’avais rencontré un an auparavant, lorsqu’il jouait avec Seventh Seal, m’a poussé à aller jammer avec Cody et Tichy, parce que ces deux-là lui avaient assuré qu’ils avaient vraiment envie de monter un bon groupe. J’y suis allé, on a jammé, mais sincèrement, je ne les avais pas pris au sérieux, ett j’ai eu tort…, car Cody, lui, avait pris ma venue très au sérieux et il avait changé une bonne partie de ses musiciens ; c’est Bill Kirchen qui nous a poussé à nous lancer, nous disant que nous serions malades de ne pas le faire, tant il était persuadé qu’il y avait un truc dans ce groupe,… que nous avons finalement appelé Commander Cody and His Lost Planet Airmen (CC & HLPA), en référence à un super film de science-fiction des années 40. On a rejoint Bill en Californie, en 69, et c’est là que le line-up du groupe a changé radicalement : j’ai retrouvé Lance Dickerson et Buffalo Bruce, pour les faire jouer avec nous ; et nous sommes passés d’un assemblage un peu folklo à un groupe de vrais musiciens. Nous avons enchaîné de petits gigs dans des clubs, avant de jouer au Berkeley Folk Festival, puis d’assurer la première partie du Grateful Dead. C’est avec ce line-up que nous avons enregistré notre premier 33 tours, Lost in The Ozone. Une sacrée expérience… !

Le CC & HLPA attire les foules et fait les premières parties des groupes les plus réputés, comme les Doors, le Jefferson Airplane, les Eagles. Le groupe enchaîne aussi les albums, dont quelques uns deviennent, et resteront, des incontournables, comme le fameux Hot Rod Lincoln, qui sera classé dans le Top 10 des albums de l’année 72. Le punch dégagé par le groupe est tel que le Billboard Magazine les sacre « meilleur groupe de tournée » en 1974 et 75. Billy se souvient avec émotion de deux concerts :

BCF : Le premier, c’est celui que nous avons donné au Roosevelt Field de New York, où nous avons joué avec Bo Diddley, James Brown et Chuck Berry, avec ceux qui étaient nos idoles,….et le second, puisque tu écris pour un magazine français, (rires)…c’est notre participation en 1973 à la Fête de l’Humanité, près de Paris.

Farlow Kirch en live

En 1976 c’est la fin de l’épopée du CC & HLPA : le groupe est dissout et Billy Farlow monte le Billy C. Farlow Band, regroupant autour de lui une partie des Lost Planet Airmen et des pointures comme le pianiste Billy Philadelphia et le guitariste Tommy Thompson. Ils jouent avec Bo Diddley, Ricky Nelson, Kenny Rodgers, les Byrds, et enchaînent tournée sur tournée sur la Côte Ouest.

BM : De toute cette époque du Commander Cody & His Lost Planet Airmen, quel album recommanderais-tu au lecteur qui veut découvrir ce groupe ?
BCF :
Sans hésiter, le Live From Deep In The Heart of Texas (*). Pendant ce concert on était tous en harmonie, en fusion, avec un feeling sensationnel. Ce concert reste pour moi un des grands moments de toute cette période.

(*) Live From Deep In The Heart of Texas – Paramount Records – PAS 1017. Un album classé par le magazine Rolling Stone comme faisant partie des 100 meilleurs albums de musique de tous les temps.

BM : C’est toi qui a composé le titre Lost in Ozone, qui est la signature et le titre le plus connu de Commander Cody…
BCF :
Oui, et c’est sans doute le meilleur des…quarante titres que j’ai composé pour ce groupe.

En 1980, Billy retourne en Alabama, où il s’engage dans une longue et passionnante aventure avec Fred James, guitariste et producteur de Nashville, avec lequel il va enregistrer cinq albums fortement imprégnés de Blues et de Rockabilly. Des sidemen aussi réputés que D.J. Fontana, batteur de Elvis, Joe B. Mauldin, bassiste de Buddy Holly, Jimmy Gray, bassiste de Waylon Jenning, et slideman Roger Younger vont participer à cette aventure, tout comme Homesick James et Bleu Jackson. 

Arrivent les années 90 : Billy va faire une première apparition sur Gone This Time, le génial CD de référence de Bleu Jackson, avant de signer avec lui deux albums splendides : Blue Highway, puis Good Whiskey. Billy retrouve également son grand pote Sam Lay, et ils enregistrent ensemble trois albums, dont un live enregistré au Boardwalk Café de Nasville, et qui restera dans les annales des albums live.

BCF : De ces trois albums, le titre que je préfère est sans conteste Eight Feet Baby, sur l’album Shuffle Master,…un titre écrit par mon ami Bleu Jackson. Et puisque tu ne me le demandes pas, je vais te dire que le titre que je préfère aujourd’hui, et par-dessus tout, est Southern Moon, qui figure d’ailleurs sur Alligator Crawl. Pourquoi ? Parce que ce titre, c’est exactement qui je suis, qui est Billy Farlow… ! (rires)

C’est un ami de longue date de Billy, Scott Bates, qui fut manager du CC & HLPA pendant plus de dix ans, qui sent que pendant cette soirée chez Kurt Kangus il se passe quelque chose de grand entre Billy et Rich, quelque chose de fort, puissance dix ; il leur propose de passer en studio et d’enregistrer un album. Ce sera Alligator Crawl. Billy plonge dans sa vie perso pour puiser l’inspiration nécessaire pour signer des titres aux teintes profondément blues : Crack in the Wall, par exemple, a été écrit en souvenir de son ami Lance Dickerson, batteur du Commander Cody, et qui s’est suicidé, il y a deux ans maintenant.

Rich Kirch : la consécration dans l’ombre du grand JHL

RichImmergé dès son plus jeune âge dans l’un des pôles majeurs du Blues des années 60, Chicago, Rich Kirch rêve de se voir tout d’abord en star de baseball, avant de craquer pour son instrument fétiche, la guitare. A 10 ans, il gratte ses premiers accords, allant même jusqu’à faire semblant d’être malade pour ne pas aller à l’école et rester à la maison pour jouer de la guitare. Comme de nombreux jeunes de l’époque, il est plus attiré par le rock que par le blues :

RK :
Mes premières influences furent les Stones, Savoy Brown, Canned Heat, et Fleetwood Mac, avec Peter Green. J’étais totalement plongé dans le rock des années 60, et pas du tout dans le Blues, même si j’aimais des gars comme John Lee Hooker, Howlin’ Wolf, Jimmy Reed, Oris Rush et Muddy Waters.

A 18 ans, le jeune Rich passe tout son temps dehors, à traîner, hermétique à l’idée même de chercher du travail. Et puis, un jour, alors qu’il est à la cherche du magazine Living Blues, un inconnu le conduit chez Delmark Records, là où il sera sûr de trouver la revue. L’inconnu s’appelle Rick Kreher, est un passionné de Blues, et entraîne Rich dans les clubs où jouent les plus grands : Jimmy Reed, Hound Dog Taylor, Muddy Waters,…
Hasard de la vie, ou pas, Rick Kreher intègrera quelques années plus tard le band de Muddy Waters. C’est en jouant avec différents groupes et dans de nombreux clubs de Chicago que Rich va croiser Jimmy Rodgers, Sam Lay, Charlie Musselwhite et Jimmy Dawkins :

RK : Un soir d’hiver, je suis rentré dans un club situé dans Chicago ouest, The Rat Strap. C’était le genre d’endroit où tu avais les yeux qui te brûlaient dès que tu y mettais les pieds. Il y avait là un groupe de Blues qui jouait, et Hip Linkchain en était le leader. A la pause, il est venu vers moi et m’a proposé de jouer avec eux. On a sympathisé, échangé nos numéros de téléphone,….et quelques semaines plus tard je recevais un coup de fil de Jimmy Dawkins, qui cherchait un guitariste parce que Jimmy Johnson venait de quitter son groupe.

En 1976, à San Francisco, tandis qu’il joue dans le Jimmy Dawkins Band, où l’on retrouve Sylvester Boineson à la basse et Tyrone Century aux fûts, Michael Bloomfield et Nick Gravenites viennent les voir et leur proposent de faire quelques gigs ensemble. Ils joueront un bon mois dans des clubs de San Francisco, avant que Jimmy Dawkins ne fasse remonter son groupe à Chicago, pour y enregistrer son nouvel album. Hasard ou pas, c’est alors qu’il est à Chicago que Rich Kirch va rencontrer John Lee Hooker, installé, lui, dans la San Francisco Bay Area depuis plusieurs années.

RK : Nous étions entrain d’enregistrer cet album avec le Jimmy Dawkins Band quand j’ai appris que John Lee Hooker était aussi à Chicago, et qu’il jouait au Wise Fools Pub. Je voulais absolument aller le voir, car ne l’avais jamais vu jouer ; du coup j’ai été très excité pendant nos sessions d’enregistrement,…intenable. Tyrone, notre batteur, et moi, avons filé au Club dès que nous avons pu. John Lee Hooker était là, assis, prêt à jouer. Quelqu’un m’a présenté, et John m’a dit « Je dois jouer, maintenant. Tiens, je te laisse ma chaise… ». Ce fut ma première rencontre avec JLH. (sourire) Le premier gig que j’ai fait avec John, c’était au Omni, à Oakland, mais très rapidement après, j’ai du remonter à Chicago, pour m’occuper de mon grand-père,…

Nous sommes au début des années 80. Rich rencontre Jimmy Rodgers, intègre le Jimmy Rodgers Blues Band et joue avec de nombreux grands bluesmen, comme Charlie Musselwhite ; mais pendant toute cette période, John Lee Hooker garde le contact avec Rich. Arrive l’année charnière pour Rich, l’année 88 :

RK : ….et un jour, il m’a simplement dit « Pourquoi ne viendrais-tu pas me rejoindre, ici ? Tu pourrais rester avec moi, et je te prendrais dans mon groupe. »

La proposition est d’autant plus alléchante que Rich voit les clubs de Blues à Chicago fermer les uns après les autres, dont le fameux T. Jeresso, réputé pour avoir été l’un des tous meilleurs clubs de Blues au monde. Rich est décidé, il part rejoindre JLH dans la Bay Area. C’est l’époque où John Lee Hooker retrouve succès et reconnaissance, après des années de galère. C’est l’époque de l’album The Healer, qui lui apporte un Grammy Award et devient un succès planétaire. John Lee Hooker se prend d’affection pour Rich, qui a conscience qu’il occupe une place importante auprès de John, non seulement comme ami, mais aussi comme guitariste et comme bandleader, rôle qu’il tiendra pendant les 13 années qu’il partagera avec son ami et mentor, jusqu’au décès du maître, en 2001.

RK : (très ému) Ce fut mon meilleur ami…Il m’a ouvert les portes de chez lui comme à un fils, et j’ai vécu trois ans dans sa maison. Quand j’y repense,…je jouais encore avec lui, trois jours avant qu’il ne nous quitte…. (long silence)

BM : Ton meilleur souvenir de scène avec JLH ?
RK :
Sans hésiter, c’est le concert au Costa Mesa amphithéâtre, quelques mois avant que Stevie Ray Vaughn ne disparaisse. Avec John, nous avons joué avec Albert Collins, BB King, Joe Cocker, Dr John et Stevie Ray Vaughn. Quel concert ç’était…. !

Rich va également croiser le fer avec de grands noms de la six cordes, comme Carlos Santana ; il joue avec Tom Petty and The Heartbreakers pendant sept soirs de suite, à guichets fermés, au Fillmore, en 1997.

RK : J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer avec tous ces musiciens, mais le plus grand honneur qui m’a été fait, a été de pouvoir jouer avec John Lee Hooker.

En 1999, Rich Kirch enregistre son premier album solo, Augusta Boulevard Blues, sur lequel on retrouve de nombreux amis de Rich : John Lee Hooker, bien sûr, mais aussi Big Walter Horton, Sam Lay, Charlie Musselwhite, Freddie Roulette, Pete Sears et Deacon Jones. L’un des titres de cet album, 62 Powder Blues, est co-signé Rich Kirch et Keith Richards (le Keith des Rolling Stones). L’histoire raconte que c’est lors d’une soirée organisée chez John, pendant l’enregistrement de Crawlin’ Kingsnake, titre sur lequel Keith joue de la guitare avec John, que Rich propose à Keith de jouer avec la Epiphone Zephyr de JLH ; il branche aussi sa guitare et voilà les deux compères qui jamment. Plus tard dans la soirée, Rich montre à Keith une guitare qu’il possède, une Stratocaster Powder de 1962, de couleur bleu, et qui était celle de Magic Sam. Keith lui répond en riant que 62 Power Blues pourrait faire un très bon titre de chanson. Rich prend le stylo de JLH et une enveloppe vide, le premier papier qui lui tombe sous la main, et commence à écrire,…puis il tend le stylo à Keith, qui rédige les premiers couplets de ce qui sera 62 Powder Blues, avant de rendre l’enveloppe à Rich et de lui dire « Bon Anniversaire »,…car c’était une party organisée par JLH pour l’anniversaire de Rich !

BM : Un regret ?
RK :
Oui,…ne pas avoir pu récupérer après la mort de John sa guitare Epiphone, celle qu’il appelait Blondie, et sur laquelle il m’avait laissé jouer à plusieurs reprises.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Septembre 2005
BLUES MAGAZINE©
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Billy C. Farlow & Rich Kirch