Bassekou Kouyaté: aux racines du blues africain.

Taj Mahal le décrit comme "Un génie, la preuve vivante que le Blues vient de la région de Ségou". Joueur de n'goni reconnu comme l’un des maîtres de cet instrument, Bassekou Kouyaté a collaboré avec de nombreux musiciens du Mali et d’ailleurs: il a joué dans le ‘Symmetric Trio’ de Toumani Diabaté, avec Toumani (kora) et Keletigui Diabaté (balafon), il a fait partie du projet ‘Kulanjan’ enregistré avec Taj Mahal tout comme il fut l'un des musiciens présents sur l’album posthume d’Ali Farka Touré, ‘Savane’, sorti en juillet 2006 et chroniqué ici… 

Des racines jusqu’à Ségou

Bassekou Kouyaté est né dans le village de Garana, à environ 60 kilomètres de Ségou, dans la campagne qui borde le fleuve Niger. Le n’goni, le jeune Bassekou y est initié dès le plus jeune âge car sa famille baigne dans la musique traditionnelle, avec une mère chanteuse griot et un père et des frères joueurs de n'goni. A 19 ans, il part pour Bamako où il rencontre le jeune Toumani Diabaté dont il intègre le trio à la fin des années 80 et participe à l’enregistrement des albums ‘Songhai’ et ‘Djelika’. Son talent, déjà salué par de nombreux artistes, est unanimement reconnu.

Bassekou épousera ensuite la chanteuse Amy Sacko, surnommée la ‘Tina Turner du Mali’, et que l’on retrouve notamment sur ‘Segu Blue’. Ils seront alors très sollicités pour des mariages traditionnels du dimanche qui se déroulent dans les rues de Bamako. Bassekou Kouyaté crée également son propre groupe, ‘N'goni ba’ (« le grand n'goni »), premier quartet au Mali de musiciens jouant du n'goni, avec lequel il sort en 2007 ‘Segu Blue’, un chef d’œuvre indispensable à tout amateur de musique africaine, de blues bien roots et de world music, un album que vous trouverez chez Nocturne… ici.

Du n’goni au blues

Le n'goni demeure encore l'un de ces trésors africains qui reste à découvrir et à faire découvrir au plus grand nombre. Le n’goni est l'instrument clé de la culture griot qui remonte à l’époque de l’empereur malien Soundiata Keita (13ème siècle), alors que la kora daterait, elle, de la fin du 18ème siècle. Le n’goni ne serait-il donc pas tout simplement l’un des tous premiers instruments du blues…?

Le répertoire de Bassekou Kouyaté provient de la région de Ségou, au cœur de la culture du Bambara. Contrairement à la musique griot Malinké, la musique Bambara est pentatonique et dans toute l’Afrique, c’est celle qui se rapproche le plus du Blues.

Virtuose du n'goni, Bassekou Kouyaté a acquis une incontestable notoriété et c’est lui que la grande Dee Dee Bridgewater a choisi pour l’accompagner sur son dernier album, ‘Red Earth – A Malian Journey’ et qui en parle ainsi :

« La première fois que j’ai rencontré Bassekou Kouyaté c’était lors de mon premier voyage à Bamako, au Mali, en août 2004. Il jouait dans un club restaurant. Son jeu était tellement entraînant que, sans même m’en apercevoir, je me suis retrouvée assise à ses côtés en train d’improviser un blues. Aujourd’hui, deux ans plus tard, Bassekou et son groupe ‘N’goni ba’ participent à mon dernier album. Bassekou n’est pas seulement un Maître de n’goni, mais il est un catalyseur pour la modernisation des instruments. Il a porté cet instrument traditionnel malien à un nouveau stade et a réussi un mélange parfait des sons africains avec l’échelle chromatique du jazz et du blues occidentaux. Le groupe ‘N’goni ba’ n’est rien moins qu’extraordinaire ! Ce qu’arrivent à créer ces musiciens est une bénédiction pour les sens. Leur musique est une potion magique nécessaire dans un monde insipide de musique commerciale. Je suis fière de faire partie de l’histoire musicale de ce groupe fascinant, grâce à notre collaboration, et j’en attends d’autres ! ‘Segu Blue’ est un must pour quiconque cherche de nouvelles aventures musicales.»

Paroles d’artistes

« Au commencement il y a eu la musique tribale africaine qui a évolué à travers les chansons des esclaves, puis est devenue le blues, pour enfin donner naissance au funk. Bassekou et son groupe racontent ce périple en un chapitre. Un mélange délicieux des ingrédients musicaux les plus raffinés et qui donnent un ragoût qui réchauffe le cœur et secoue les hanches. Faites-moi confiance, c’est divin!»
Fatboy Slim (Mali, 2006)

« Un fantastique exemple qui montre comment la musique peut soulever l’esprit et l’âme en même temps. La preuve absolue que la musique africaine est une source d’inspiration, qu’elle peut toucher tant de gens à des niveaux si différents. »
Damon Albarn (Mali, 2006)

Un talent récompensé par BBC 3 en 2008

Cette année, Bassekou Kouyaté aura vu son immense talent récompensé par nos confrères anglais, le virtuose et son groupe, ‘N’goni ba’, se voyant nommé dans trois catégories aux BBC 3 Awards à Londres et décrochant deux prix: celui d’album de l’année pour ‘Segu Blue’, et celui de meilleur artiste africain.
Info sur ces BBC 3 Awards…ici.

Gageons que son passage au festival ‘Aulnay All Blues’ marquera à son tour le public français.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move & Blues Magazine

Bassekou Kouyaté sur le Net:

www.myspace.com/bassekoukouyate
Album ‘Segu Blue’: http://www.nocturne.fr/produit.cfm?id_produit=6494

Bassekou Kouyaté