Avec ce nouvel extrait de “Fortune”, la pop sombre et dansante de Ghern prend la forme de rochers. Avant lui, dans le paysage de la scène francophone, Lescop s’est choisi “La Forêt”, Moodoïd a pris “La Montagne” et Olivier Marguerit a préféré “La Rivière”. Mais aujourd’hui, habité par un démon new wave, Ghern promène son flegme et s’offre un duel sous la lune plutôt qu’un “Duel au soleil”.
Avec Les Rochers, Ghern révèle un discours amoureux et emprunte pour l’occasion des images de Murnau, maître incontesté de l’impressionnisme allemand. Comme s’il rêvait de faire tout haut une déclaration. Sa déclaration.
A mi-chemin entre le rock sépulcral de Bashung et la pop salvatrice de Daho, Ghern impose son univers sentimental et tourmenté. Au fil des titres, Ghern se met dans la peau d’un tyran, évoque un récent accident en deux roues, avant de partir en quête de rédemption comme on fuirait la nuit pour faire un tour de périphérique…
La ligne de conduite est lisible: il faut tenter de transposer les effets d’une voix intérieure — et y parvenir.
Pour illustrer la vidéo des Rochers, Ghern s’est choisi le film L’Aurore, de Murnau, qui apporte son reflet lunaire à ce titre le plus new wave du EP.
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Ghern est de retour avec Fortune, son nouvel EP, sorti sur le label Roy Music. Plus acoustiques, plus fragiles et étoffés que les précédents, les nouveaux titres de ce songwriter pourraient bien former les six chapitres d’une même histoire. Celle d’un jeune homme maladroit que la Fortune, qu’on dit aveugle, aura tout de même distingué dans la foule.
En se réfugiant le plus souvent possible dans sa bulle créative, Jerome Ghern continue d’aiguiser son art en solo et partage ses chansons et vidéos sur Youtube, à l’unité. A son rythme. Le fantôme de Bashung et son rock sépulcral, jamais très loin. Daho non plus, tel un antéchrist, avec sa pop salvatrice. Difficile de ne pas les entendre roder dans l’EP Réconcilier qui paraît en 2016 sur son propre label, Phonomagic. Dans ce même élan, il décide de ne plus s’encombrer de son prénom — pour ne garder que son nom: Ghern.
L’EP Fortune s’ouvre avec Sauve qui sauve, une bossa bricolée et inattendue où l’on peut entendre s’accorder tout un orchestre, mais aussi grincer la petite chaise en bois sur laquelle Ghern a enregistré toutes ses guitares. L’espace est intime et l’effet, immersif.
Vient alors une ode à la musique. A ces tubes qu’on écoute à fond dans la bagnole, la vitre baissée et le coude qui dépasse. Fraîche ballade d’un entrain insolent, En finir avec toi, solaire et directe avec ses paroles bien ciselées, résonne comme un hommage au regretté Hubert Mounier.
La route se poursuit avec Hôtel, une chanson andalouse et surréaliste. La guitare est flamenco, le piano est bancal… La basse est free. Ghern se confie, désabusé. Si tout était à refaire? “Je ferais tout, tout, tout, différemment”.
Sur Les Rochers, c’est un démon new-wave qui possède notre personnage. Groove froid. Bass synth et ambiance lunaire. Avant que la tension ne redescende sur Calavera, où quelques mots de l’ordinaire sont habillés d’une folk apaisée.
Puis, comme l’aveu d’une immense désillusion, “Je pensais venir de l’espace”. Morceau final aux allures post-rock. L’histoire d’une rencontre, alors que la mer et le sable se sont jurés de tout recouvrir, et que la Fortune, en un instant, change notre vie de cavalier de naissance — ou de mérite.
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