Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 19 Décembre 2015
Après avoir conquis tout dernièrement le public allemand lors du festival blues de Saarbrücken, Yann Lem, notre barde breton du blues, prend à nouveau possession du Pitchtime à Dourdan (91) ce 19 décembre pour son dernier concert de l’année 2015.
Loin du tumulte des grandes salles, le Pitchtime permet la proximité avec les artistes, et c’est dans une ambiance conviviale que nous partageons entre musiciens et amis, avant le concert, le repas autour d’une table commune. La joie de se retrouver, d’échanger des anecdotes, de plaisanter, de conjuguer l’amitié sont toujours de précieux moments à vivre, et ce soir nous n’allons pas nous en priver.
Il est 22 heures, le show peut commencer. C’est parti pour un premier set endiablé de 90 minutes avec aux côtés de Yann, ses Korrigans: Patrick Balbin, son complice de toujours à la gratte électrique, Marco Deotto, souriant et bouillant derrière ses fûts, Jean Paul Marais, imperturbable aux claviers et Nicolas Clinard, talentueux et nouveau bassiste.
Dès les premiers titres du répertoire de Yann, ‘Un blues sur la 12’, ‘Conseil d’ivrogne’ et quelques reprises de son mentor Bill Deraime, ‘C’est dur’ et ‘Babylone’, comme par magie le public entre en communion, la température ambiante s’élève instantanément de quelques degrés et croyez moi, le réchauffement climatique n’est pas à mettre en cause…!
Rien d’étonnant en soi, car Yann Lem est un artiste hors-norme. Avec un coeur énorme, une générosité sans pareil il chante son blues breizh, il nous le fait vivre, nous bluffant tel un mage ouvrant en grand les portes de son univers.
Les titres se succèdent: ‘ Merci M’sieur Bill’, ‘Comptoir blues’, ‘2 amis’. Laissons le frisson nous parcourir, laissons l’oeil s’humidifier car rien n’arrêtera cette petite larme, car de l’émotion à l’ivresse, il n’y a qu’un pas à franchir lorsque l’artiste donne tout le meilleur de lui-même.
Habituellement l’oeil rivé derrière ses objectifs, l’ami Alain Hiot nous réserve une belle surprise ce soir, celle d’accompagner le groupe à la guitare sur ce titre, choix délibéré ou fruit du hasard, allez savoir… ‘J’me sentais mal’.
Bravo Alain, car en plus de jouer de la six cordes il donne la réplique au chant à Yann, et lorsque l’on connait la voix de ce dernier, il fallait oser. Les applaudissements chaleureux du public prouvent d’ailleurs que tu es loin d’avoir démérité, Alain.
Deux prénoms féminins concluent ce premier set: ‘Camille’, le premier succès de Yann, chanté avec toujours autant d’émotion, et ‘Géraldine’, ce standard de Bill Deraime.
Après une pause bien méritée, retrouvons un bon vieux Rock’n’ roll avec ‘Johnny be good’ avant de revisiter quelques reprises comme ‘Sarbacane’ de Cabrel ou ‘Je commence demain’ de Goldman.
Non dénué d’humour, notre barde breton s’en donne à coeur joie avec quelques anecdotes ponctuées du sourire complice de Patrick Balbin et du jeu de Marco Deoto jonglant avec ses baguettes. Les compositions de l’album ‘Entre Blues et Granit’ sont à l’honneur, et citons ce langoureux ‘Blues déprime’ ou encore ce coup de gueule qu’est ‘Totale pollution’, toujours fortement applaudi par le public.
Du Bill Deraime, bien sûr, ‘Plus la peine de frimer’, ‘Faut que j’me tire ailleurs’, car on ne s’en lasse jamais. Yann nous chante sa Bretagne natale ‘Entre Armor et Argoat’, ainsi que ‘Pas de peaux’, avec des textes très forts, à méditer.
Les aiguilles de l’horloge flirtent déjà avec les 1h30 du mat. C’est la fin du p’tit concert, et après on ira boire un dernier verre, on rentrera heureux, mais avant, place au final avec ‘Un dernier blues’ avec Yann, ses Korrigans et Alain Hiot à nouveau sur scène. C’est le bouquet final, l’apogée de cette superbe soirée. Le public reprend en choeur les paroles, esquissant quelques pas de danse. C’est le bonheur.
Que vivent les salles de concerts, que vive la musique, que règnent la joie et la fraternité, ni rien, ni personne n’entravera notre patrimoine culturel…!
Paris-Move