Un New Morning pour Lucky Peterson

                          Un New Morning pour Lucky Peterson

Reportage: Dominique Boulay
Photos: © Yann Charles
Le jeudi 5 janvier 2011

Soit en guise de cadeau de noël un peu tardif, soit en petites étrennes plus récentes ou encore en fève de l’épiphanie, la venue de Mr et Mme Peterson dans la première semaine de janvier 2011 présageait d’une nouvelle année à placer sous le signe du Blues.
Et j’écris d’emblée, ne serait-ce que pour faire rager les éternels absents de dernière minute, que le Lucky n’avait que très rarement été aussi bon que ce soir-là! C’est dire. Et pourtant les deux fois précédentes où j’avais eu l’occasion de l’apprécier en live, je ne peux pas dire qu’il avait été mauvais, bien au contraire!
En ce jeudi soir, les spectateurs et autres amateurs de bon Blues ne s’étaient d’ailleurs pas fourvoyés vers d’autres spectacles ou d’autres soirées puisque la salle était pleine à craquer et que les derniers arrivés demeuraient scotchés près des portes de sortie de la mythique salle de la rue des Petites Ecuries. L’attente des connaisseurs n’allait qu’être de courte durée en regard de l’énorme baffe qu’ils allaient prendre! Ce fut un show à l’image de l’immense dernier opus de Lucky. Celui que j’avais eu l’occasion de rencontrer lors de la sortie de son triple album hommage à l’orgue Hammond B3, ‘The Organ Soul Sessions’ (2009), et qui avait, suite à celui-ci, sorti un disque dans lequel il retrouvait les fondamentaux de la gamme pentatonique, ‘Heart of Pain’ (2010), est arrivé en pacifique guerrier conquérant! Maître de son art.
En guise de raccourci, je vous dirais simplement que le concert fut à l’image de la dernière galette, ‘You Can Always Turn Around’ (2010), qui est un pur chef d’œuvre!

Les habituels photographes accrédités qui n’avaient le droit de prendre des photos que pendant les trois premiers morceaux du set, espéraient tous intensément que le show débute par un Lucky Peterson en chanteur-guitariste plutôt que par un chanteur-organiste. Et, signe du destin, ils virent leurs vœux exaucés, car non seulement le Lucky était bien guitariste mais il était aussi slider.

Les morceaux à la gratte abondaient et la nouvelle formation avec laquelle il était arrivé des Etats-Unis le soutint toute la soirée de manière impeccable. Mike Nunno à la guitare basse, Mike Nappi à la batterie et le talentueux guitariste Todd Parsnow assurèrent une rythmique irréprochable. Il faut dire que la présence de la jolie Tamara avait de quoi motiver l’ensemble des musiciens, y compris (et surtout) son mari. Elle reprit des morceaux du CD qu’elle réalisa avec celui qui, dans la vie civile, est son époux, ‘Darling Forever’ (2009).
Lucky et Tamara chantèrent en duo comme ils le font également sur disque et à l’église, le dimanche, à Houston. Lui, chanta, hurla, vociféra le blues comme jamais et il martyrisa les cordes de ses guitares pour notre plus grand plaisir. Sans parler de sa manière de caresser les touches du B3, ce qui le rend comparable aux plus grands maîtres du genre, les Jimmy Mc Duff, Jimmy Smith ou Jimmy Mc Griff. Ceux-là même qu’il admire tant!

Ce soir là, il aurait fallu une tronçonneuse aux retardataires pour pénétrer la masse compacte d’un public ravi. Cela a déménagé très grave et cela a confirmé encore plus à quel point ‘Monsieur’ Peterson est devenu un ‘incontournable’ des genres musicaux en question, jazz comme blues. Lucky Peterson a une voix et un son reconnaissable entre mille, ses riffs sont à lui et identifiables comme tels, et tout comme celles de B.B. King ou de Buddy Guy, les notes que fait jaillir l’artiste n’appartiennent qu’à lui et font partie de ses signes de reconnaissance.

Un concert à noter dans le ‘livre des records’ des meilleures prestations offertes au New Morning.
Le grand Lucky réitéra la prestation le dimanche après midi, en compagnie de son trio de musiciens américains et de Madame, dans une petite salle, ‘Les Lumières’, 12 avenue Clémenceau, à Montmorency, et qu’à ambiances de salles différentes, les prestations des artistes furent de qualité au moins équivalente. En ce moment, le ‘chanceux’ est au mieux de sa forme musicale. Sachez tous profiter pleinement de cette opportunité!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine
Lucky Peterson