Un grand Bashung


10 juin, Paris, 9ème arrondissement, salle de l’Olympia, la salle où tous les grands chanteurs français ont fait vibrer les cœurs : costume sombre, lunettes noires et chapeau, Bashung débute son tour de chant par ‘Comme un Lego’, titre que lui a offert l’immense et discret Gérard Manset pour son dernier opus, ‘Bleu Pétrole’. La salle est saisie par l’émotion, par l’éternelle magie qui émane de celui qui a traversé les décennies et les styles en étant toujours fidèle à lui-même, que ce soit pendant les années de succès ou celles, plus dures, de semi-galère.

Mais Bashung s’est toujours battu pour la chanson qui vient de là, du cœur, et pour les belles paroles. Son répertoire le démontre, quitte à offrir au public des titres peu connus alors que d’autres artistes se seraient facilités la vie en alignant tube après tube.

La vie, justement, pour laquelle Bashung se bat, et qui donne un éclat particulier à des titres comme ‘Légère éclaircie’, extrait de l’excellent ‘Novice’, sorti en 89. Presque vingt ans déjà… Presque vingt ans et toujours cette même voix, cette même façon de chanter et d’emporter la salle avec lui, car Bashung ne fait pas que ‘donner’ à son public, il partage, et reçoit en retour. Tout est dans ce partage. D’ailleurs la scène donne dans la simplicité et le spontané, comme le bonhomme : pas de décor et peu d’effets de lumières. Tout est dans la relation qui s’établit entre le chanteur et le public, une relation-communion qui fait frissonner; j’en ai même vu qui chialaient.

Côté musiciens, c’est un quatuor composé d’une guitare, d’une basse, d’une batterie et d’un violoncelle qui apporte les notes magiques qui viennent se coller aux paroles. Pas d’effets superflus : musicalement, Bashung a atteint une maturité qui vous prend aux tripes, vous touche à l’âme, comme dans ce ‘Malaxe’ à l’ambiance crépusculaire et enfumée ou dans cette superbe reprise de l’immense ‘Nights In White Satin’ à faire frémir illico les vieilles peaux tannées des rockers des années ‘boum’ et slows qui tuent.

Debout dans la nuit, après avoir mis un bon moment à sortir de cette salle mythique, je n’ai pu m’empêcher de siffloter encore et encore ‘Vertige de l’amour’, offert en fin de concert, en remerciement sans doute à ce public qui le suit depuis…., depuis…, depuis toujours. C’est ça la fidélité, et c’est pourquoi je resterai fidèle à Bashung.

Franky Bluesy Pfeiffer
Paris on the Move
Alain Bashung