Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le 23 Janvier 2016 à Montigny le Bretonneux (78)
Belle soirée découverte en perspective ce 23 janvier 2016, car le Secteur Musiques Amplifiées (SMA) de Montigny le Bretonneux (78) organise son troisième Tremplin Rock ‘The Choice’.
Le SMA regroupe différents espaces dédiés à l’univers musical et a pour mission de promouvoir et d’accompagner dans leur création artistique des groupes amateurs ou en voie de professionnalisation, mettant à leur disposition deux studios de répétitions, un studio d’enregistrement ainsi que deux salles de concert.
Les portes de la belle petite salle Paul Gauguin s’ouvrent aux festivités de cette soirée pour quatre heures de concert avec deux groupes invités hors concours et les quatre formations en lice, prétendantes pour remporter ce tremplin. L’enjeu est important car il permettra au vainqueur de jouer en première partie d’un groupe de notoriété dans la grande salle Jacques Brel de Montigny, comme ce fut le cas pour Red Bowling Ball, lauréat de la précédente édition, qui partagea la scène avec le groupe Hyphen Hyphen.
Place aux premiers guests. Et pour une surprise, c’en est une de taille, une sacrée découverte. C’est ‘chaud bouillant’, pour reprendre cette expression consacrée. Les cinq garçons de Red Bowling Ball (aka RBB) explosent sur scène avec leur premier titre, ‘What is yet to come’, sans complexe et avec déjà une maturité déconcertante.
Néanmoins, RBB est encore un jeune groupe, formé en septembre 2014, et pour qui l’aventure débute sur les bancs de l’école avec un trio de passionnés, Raphaël et Pierre-Yves aux guitares et Jean-Baptiste à la batterie. Dès le premier mois d’existence, RBB s’étoffe avec John au chant et six mois plus tard avec Maxime à la basse. Malgré de nombreuses influences variées, de Pink Floyd à Artic Monkeys ou encore de Metallica à Jack White, le groupe revendique sa propre identité, cette envie commune de mélanger les genres et de créer un rock tantôt lancinant, tantôt pêchu. Il suffit d’ailleurs des deux titres suivants, ‘Virgin Valley’ et ‘Phoenix’, pour en être totalement convaincu.
La classe, ce groupe ! Retenez bien ces trois initiales: RBB pour Red Bowling Ball. Le groupe est à suivre de près, de très près, avec prochainement la sortie d’un EP. Le grand livre du rock reste ouvert, car de jeunes formations comme RBB ont encore de belles pages à y écrire!
Nous sommes des privilégiés ce soir, ASAP, deuxième groupe invité, nous immerge dans un univers créatif et fascinant, une palette de couleurs musicales teintée de rock et de pop british.
Formé en 2009 par Jérôme, auteur-compositeur-interprète franco-anglais, ASAP participe en 2014 au tremplin international Emergenza, jusqu’à cette finale nationale au Bataclan en passant par le Gibus et le New Morning.
Chantés en français et en anglais, les titres se succèdent: ‘ Encore’, ‘Strange Hotel’, ‘It’s not enough’, ‘L’aventure’, sublimés par les voix de Jérôme et d’Emilie en parfaite complicité. Côté show, les deux guitaristes, Davide et Philippe, ne sont pas en reste et s’en donnent à coeur joie, accompagnés par Thierry à la basse et François derrière les fûts et cymbales.
ASAP est un groupe à découvrir ou/et à retrouver en concert, avec six artistes débordant d’énergie communicative. Et je vous assure que la voie envoûtante d’Emilie vous collera quelques frissons!
Le temps passe toujours trop vite en si bonne compagnie. Une heure était consacrée aux deux groupes précédemment cités, et les jeunes loups s’impatientent, prêts à en découdre sur scène dans un esprit de fraternité et de générosité. Place une nouvelle fois à la découverte de quatre formations aux influences diverses, qui dévoileront au public une part de leur propre identité avec pour chacune d’elles quatre compositions.
Premiers à monter sur scène, les quatre garçons de Zéphyr, groupe formé en 2013, avec pour chacun la passion profonde de jouer, créer et rencontrer le public. Ce sont Aurélien, le batteur, et Johann, chanteur/guitariste, qui ont fondé les bases de ce projet, rejoints ensuite par Valentin, lead guitare, et Thomas à la basse. Le groupe grandit dans les Yvelines, forge ses premières expériences de scène sur ce territoire avant ensuite de se produire sur des scènes parisiennes comme le Batofar ou la Boule Noire, pour ne pas toutes les citer ici.
Zéphyr est une invitation au voyage. Les titres chantés en français, ‘Batailles’, ‘Chamade’, sont ciselés, riches en rime, collent à des images, portés par la voix chaude de Johann, les riffs de Valentin et la belle rythmique basse/batterie. Le Rock, le Blues, la World musique…de Pink Floyd à Blankass, font partie de leurs influences. Du coup, chez Zéphyr, l’harmonie est une composante de la musique et le rêve à portée de tous.
Oserais-je comparer nos ‘petits français’ à Dire Straits…?
Peut-être pas, quand même, quoi que… En écoutant ce titre, ‘En Vol’, un frisson irréel fait pousser les ailes!
Ensuite, place à un autre quatuor, celui de Deuville avec une présence féminine, Amélie à la batterie. Cette dernière ne va pas s’en laisser compter pour accompagner ses complices: Vincent, chant et guitare, Olivier, guitare et choeurs, et François-Xavier à la basse. Influencé par Pink Floyd (qui ne le serait pas?), mais aussi de Oasis à Sundays Drivers, le groupe surprend d’emblée avec les titres ‘Goodbye Angel’ et ‘Live your soul’. C’est du rock sans concession, carré et millimétré dans la pure tradition de leurs aînés.
L’aisance de Vincent (également bassiste du groupe Kandy) est jubilatoire, la voix épouse ce choix de chanter en anglais, les riffs de gratte sont incisifs avec un jeu de scène expressif. Réjouissons nous du binôme Vincent/Olivier aux guitares sur ce titre, ‘The Story of the Day’, et finissons en beauté avec ‘Hey Oh!’ et un public conquis frappant dans ses mains.
Changement de style avec Pint’Atomic. Les quatre garçons ne manquent pas d’humour, c’est pourquoi je les laisse se présenter à vous, lecteurs de Paris-Move:
« Formé en 2012, le savant mélange de la bière et du nucléaire, servi par ses quatre cavaliers de l’apocalypse saura atomiser votre soirée. Ses notes Rock et Punk ainsi que son flot de becquerels sont les expressions de sa fraîcheur et de sa vivacité. Pint’Atomic, le groupe qui se boit comme du thé, le petit doigt et l’index levé. »
Le premier titre, ‘Je comprends et je t’attends’, confirme leurs dires, ils savent atomiser une soirée et avec eux il faut s’attendre au meilleur. Leurs maîtres à penser sont Indochine, Placébo ou encore Noir Désir, mais ces quatre passionnés, Reynald (chant et guitare), les deux Julien, respectivement à la guitare et à la basse, ainsi que Aurélien à la batterie, trouvent leur propre identité et leur originalité avec des textes superbement écrits et une musique enjouée et endiablée.
Les titres suivants, ‘ Prisonnier du temps’, ‘Ici ou là’, démontrent la soif de jouer et la détermination d’un groupe très prometteur. Quant au dernier titre de leur set, ‘On est libre’, il sonne comme une invitation à la fête.
Pour clôturer ce tremplin, le trio Elastix revendique son rock festif, le rock de Gaulle comme il le nomme, pêchu à souhait, faisant chauffer ‘Gosse Marcelle’ une nouvelle composition de Richard Braun, chanteur et guitariste, avec à ses côtés sur scène David Morel à la basse et Rémy Boulogne derrière les fûts.
Formé en 2008 et avec déjà un album à son actif, ‘Tout autour de la terre’, Elastix fait un peu figure de vétéran ce soir, mais attention, ne nous fions pas aux apparences, car avec leur look d’irréductibles fêtards, bérets et cravates rouges, ces trois lascars sont de tout premier ordre!
Quand Richard fait pleurer sa guitare (c’est inné chez lui !) sur ‘Hasta la vista’ ou ‘La demoiselle de La Rochelle’, il y a de l’électricité dans l’air, et donc rien d’étonnant de voir les spots de la scène virer subitement au rouge.
On le sait bien, les formations en trio sont le challenge le plus délicat, car les trois compères se doivent d’être parfaitement complémentaires tout en faisant preuve d’une belle individualité…, musicale autant que scénique. Et de ce côté-là, Elastix a de quoi en montrer, avec le look en prime.
Quelle belle complicité lorsque David se place aux côtés de Richard, ou lui fait face, pour quelques explosifs échanges basse/batterie, soutenus par la puissance de frappe de Rémy. Et ce n’est pas leur dernier titre, ‘Je reste cool’, qui calme le jeu, et c’est tant mieux. Ils ne sont que trois et ont fait forte impression. La classe, tout simplement la classe.
Il est temps maintenant de laisser le jury délibérer, le public voter, et aller prendre un rafraîchissement avant de retrouver les artistes pour échanges et discussions, car leur talent à tous égale leur totale disponibilité et sympathie. Un exemple pour ces formations qui ne vont plus trop à la rencontre de leur public une fois le concert terminé ou qui pensent qu’une petite notoriété leur autorise ce détachement qui frise même chez certains le melon bien gonflé.
Sous les applaudissements nourris, le verdict tombe et c’est le groupe Zéphyr qui aura l’honneur de partager la scène en première partie d’un groupe de référence dans la grande salle Jacques Brel de Montigny. Félicitations donc à Zéphyr, mais aussi un énorme bravo aux trois autres formations… !!!
Je rappellerai enfin que ce tremplin était initialement programmé le14 novembre, le lendemain des atroces attentats qui ont endeuillé de Paris, et que pour les organisateurs il était inconcevable de maintenir cette date.
Partageons aussi la victoire de Zéphyr avec tout un collectif: les artistes présents, l’accueil des organisateurs, la compétence et la disponibilité du staff technique, la chaleur du public, et tous ces sourires sur le visage des personnes qui ont contribué à faire de cette soirée un évènement marquant, chaleureux, superbe comme on les aime.
Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
