Toots and the Maytals au Forum de Vauréal

Reportage : Jacky Moutaillier
Photos : © Jacky Moutaillier
Le Forum, Vauréal, le 7 Mai 2017
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Toots and the Maytals, initialement appelé The Maytals, est l’un des groupes vocaux de ska et de reggae les plus connus au monde et il était donc impensable que Paris-Move ne soit présent à ce concert au Forum de Vauréal, la plus grande des petites salles!
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The Maytals s’est formé au début des années 1960 et a été une figure importante dans la popularisation de la musique reggae. Leur son est une combinaison unique et originale de musique gospel, ska, soul, reggae et de rock. Le style vocal du leader, Toots Hibbert, a même été comparé à Otis Redding et lui a permis d’être nommé un des 100 plus grands chanteurs de tous les temps par le magazine Rolling Stone, c’est dire…
Cela vous surprendra peut-être, mais c’est leur titre de 1968, “Do the Reggay”, qui a été la première chanson à utiliser le mot “reggae”, donnant un nom à ce genre musical dans lequel se sont retrouvés de nombreux musiciens jamaïcains et le présentant ainsi au grand public.

Nous sommes le 7 Mai, et pour un soir de résultat d’élection présidentielle je pensais qu’il n’y aurait pas eu foule, ce soir au Forum. Bonne et agréable surprise pour les organisateurs, car le public est tout de même au rendez-vous pour ce concert exceptionnel de Toots and the Maytals et la soirée sera même annoncée à guichet fermé, “sold out” !

En première partie, c’est le groupe Po’ Boy qui entre en scène. Drôle de nom de groupe, me dis-je, quand on sait qu’un Po’ Boy est sandwich traditionnel de Louisianne avec soit du boeuf rôti soit des fruits de mer frîts (crevettes, huitres, crabe…) dans un pain qui ressemble à une baguette française. Mais Po’ Boy est également un dérivé de “poor boy”, pauvre garçon. Ce qui a sans aucun doute été le choix du nom pour cette formation.

Le guitariste-chanteur, Mathieu Insa, assisté de deux superbes chanteuses pour les cœurs et d’un batteur, nous présente un show dans un style afro-punk teinté de pop-rock très agréable. C’est bien joué et bien chanté, accompagné d’un jeu de danse très entraînant, et le public adhère immédiatement. Et même pour un vieux routard comme moi, je dois bien reconnaître que Po’ Boy c’est plutôt sympa ! Merci le Forum pour cette découverte.

The Maytals envahissent la scène et le concert commence sur un long titre d’intro avant l’entrée en scène du Maître de cérémonie, le grand Toots Hibbert qui, à 74 ans, possède toujours une énergie incroyable !
Toots and the Maytals avait plus ou moins déserté la scène ces dernières années, suite a des soucis de santé de Toots , et une ovation exceptionnelle monte de la salle dès son arrivée sur scène.

Permettez que je rappelle ici que Toots and the Maytals sont à l’origine de certains des plus grands tubes dans l’histoire du reggae, parmi lesquels “Pressure Drop”, “Sweet and Dandy” et “54-46 (That’s My Number)”, gagnant du concours de chanson populaire du Festival de l’Indépendance de la Jamaïque en 1969. Un titre que Frederick “Toots” Hibbert composa en référence à son passage en prison, fin ’66 lorsque Hibbert fut emprisonné pendant 18 mois pour possession de marijuana. Car déjà à cette époque on ne plaisantait pas avec les substances ‘interdites’. Pour corriger son image, Toots déclara ensuite qu’il avait été arrêté non pas pour possession de cannabis mais alors qu’il payait la caution d’un ami.
Beaucoup en doutent, bien sûr, mais n’oublons pas ce que Chris Blackwell, le fameux fondateur du label Island Records, et qui a entretenu un fort engagement envers Toots and the Maytals, a dit : “Toots est un des êtres humains les plus purs que j’ai rencontré dans ma vie, pur presque à l’excès.” 
À sa libération de prison, Toots and the Maytals commencent à travailler avec le producteur sino-jamaïcain Leslie Kong, une collaboration qui donna lieu à une série de tubes entre la fin des années 1960 et le début des années 1970. Ces tubes incluent “Do the Reggay”, sorti en 1968.

Une anecdote marquera l’histoire de cette formation : le 29 septembre 1980 le groupe enregistra, pressa et distribua un nouvel album, “Toots Live”, aux marchands de disques en l’espace de 24 heures dans l’espoir de rentrer dans le Livre Guinness des Records. Un concert en Live fut enregistré sur des bobines de 50 millimètres et une cassette analogique de 24 pistes puis amené en vitesse en camionette à des ingénieurs du son. Après avoir décidé du nombre de disques à presser, la pochette du disque fut rapidement créée et envoyée aux imprimeurs. Les masters, les étiquettes et les couvertures extérieures de l’album furent ensuite envoyées au plus vite à l’usine Gedmel, près de Leicester, et le produit fini fut assemblé et livré à Coventry, où le groupe jouait le lendemain, réussissant ainsi avec succès son incroyable pari de produire et distribuer un disque en 24 heures. Mais à cause d’une erreur du label Island Records le record ne fut pas enregistré dans le Livre Guinness des Records.
Rob Bell, de Island Records, reconnut honteusement d’ailleurs que “malheureusement le record ne fut pas inclus dans le Livre Guinness des Records car il est règlementaire de les prévenir que l’événement va avoir lieu et personne à Island ne les avait informés du projet…”

Les titres s’enchaînent et la salle est à fond avec le groupe. Ca joue grave, le public est déchaîné. Et il y a de quoi, car Toots and the Maytals savent aligner les titres qu’il faut, au moment où il faut. Ce soir nous aurons droit à une bonne douzaine de titres et environ 1h40 de show. Une jolie performance, lorsque l’on sait que Toots a ses 74 ans bien tassés et qu’il se donne à fond pendant tout le concert. L’ovation qui clôture le show est à l’image du concert, énorme !
Maintenant le groupe va sillonner la France jusqu’au 19 mai puis ils seront à nouveau dans l’hexagone en juin pour 3 jours de festival. Alors dépêchez-vous d’aller prendre vos places, car un concert de Toots and the Maytals vaut toutes les doses de sur-vitamines possibles.

Un grand, un très grand merci à toute l’équipe du Forum et à Hervé pour cette date fantastique de Toots and the Maytals.
Reportage et photos pour Paris-Move : © Jacky Moutaillier