The Jack Art Band au Pitchtime

The Jack Art Band au Pitchtime, à Dourdan, le 21 avril 2018
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues

“Personnellement, j’aime que mes dieux vieillissent, qu’ils aient le poil grisonnant et surtout qu’ils ‘soient encore là’. Je suis content d’avoir encore Dylan et les Stones, ces pirates toujours d’attaque. J’aime la puissance en live des Who sur le mode ‘j’espère-vivre-très-vieux-avant-de-crever’. Je préfère toutes ces ‘options’ à la mort. J’aurais voulu voir Mickaël Jackson encore longtemps sur scène, un Elvis de soixante-dix ans se réinventant et savourant son talent. Qu’aurait tenté Jimi Hendrix avec sa guitare? Keith Moon, Janis Joplin, Kurt Cobain et tous ceux qui sont morts trop tôt, tous ceux-là ont volé quelque chose à la musique que j’adore. J’aurais voulu qu’ils vivent, qu’ils profitent du talent qui était le leur et du respect de leur public!” – Bruce Springsteen

En ce soir du 21 avril 2018, nous ne serons pas dans le berceau du Boss, sur les rives de l’Hudson, ni nous ne revivrons l’histoire de Melody Nelson.
Nous ne tournerons pas la page, car le miroir reflète les joyaux du passé, mais dans l’instant présent, la découverte offre des trésors cachés. Faire des comparatifs, je n’en n’ai pas l’habitude, mais parfois lorsque le passé dialogue avec le présent, il y a des similitudes…

Le Pitchtime, à Dourdan, propose toujours une belle programmation, et ce soir, The Jack Art Band est à l’affiche. Jack Art, leader du groupe, multi instrumentiste, chanteur et talentueux songwriter, est le disciple d’artistes tels Bruce Springsteen, John Mellencamp, Neil Young, Lou Reed, Mink de Ville et bien d’autres, ceux qui ont écrit quelques unes des plus belles pages du Rock US. C’est premièrement ce que nous allons intensément revivre durant toute cette soirée, immergés comme si nous étions au coeur des seventies.

Deuxièmement, nous allons découvrir et partager les années folles d’une femme américaine nommée Candy Rose, née dans la banlieue de Philadelphie, à la croisée des années 60/70. Bien que le périple de sa vie soit totalement différent, elle n’en est pas moins une cousine éloignée de l’égérie du grand Serge, cette adorable garçonne, ex fan des sixties.

Fidèles à nos habitudes et en toute quiétude, nous partagerons le repas à la table commune avec Jack Art et ses musiciens, pour quelques moments prisés sur cette terrasse improvisée, instants magiques, face au square Lac-Mégantic.

Habituellement The Jack Art Band se produit en quintet, mais ce soir, blessé, le guitariste Serge Gelli sera absent. Autour de Jack Art, chant et guitares, sont présents Jean-Christophe Pouzet à la basse, Jacques Plier à la batterie et Gérald Daguet au clavier. La majorité des onze compositions de ce superbe album concept “The life and times of Candy Rose” (datant d’octobre 2017), sera jouée. C’est le premier opus du groupe, avec textes écrits en anglais et musiques composées par Jack Art.

D’emblée, dès ce premier titre, ‘When the sun goes down’, la voix chaleureuse et quelque peu éraillée de Jack Art prend possession de nous. Tout comme son jeu de guitare nous envoûte, tant il est fin et racé, sans jamais tomber dans l’excès, conservant l’authenticité de ce ‘classic rock’ de la belle époque. Je vous avouerai tout même, qu’emporté par ses élans de générosité, Jack ne se privera pas de nous dévoiler tout son talent de guitariste, et alors fuseront les riffs acérés. Mais qui s’en plaindra… Pas nous, en tout cas, ni le public. Et tous, nous en redemanderons.

Avec Candy nous faisons connaissance, et ressentons les premières inquiétudes de son enfance: “When the sun goes down ghosts and witches they dance around my bed. When the sun goes down, I pray for you to come and protect me against them.”

‘Candy’s first dance’. La voix de Jack se fait enjouée et la guitare festive, comme une invitation pour une première danse. Monsieur Beaugosse veut l’emmener au bal de fin d’année. Va-t-il frapper à sa porte? Va-t-il vraiment tenir sa main?
“Cause tonight it’s Candy’s first dance. Just for once she’ll be called by her name. Cause tonight it’s Candy’s last chance, finally to be part of the game”.

‘Never more than once’. A l’aube de ses 22 ans, les hauts et les bas… Candy sait ce que c’est, un ange doux dans la robe du diable, le fruit défendu à son apogée.
“But at night in strangers arms, she loses herself ’till dawn. Giving flesh, hiding love, but never more than once. Cheap motel or five star suite, It doesn’t matter as she won’t sleep. Candy Rose will be all yours, but never more than once.”

‘Partners in crime’. Vivant de vols et de rapines, nuit et jour en fuite… à l’extérieur les sirènes hurlent.
“We mixed our blood, we swore we’d always be partners in crime, but the story ends. The story ends tonight…”.

Je ne vous dévoilerai pas tout sur le parcours chaotique de cette femme, libre dans sa tête, libre dans son corps, et je vais simplement me contenter de vous citer ces titres interprétés ce soir: ‘Running for her life’, ‘Better man’, ‘So many questions, far too few answers’, ‘Walking a thin line’, ‘Fighting with Mister A’.

Les textes sont superbement écrits et diaboliquement poignants. Un conseil: c’est en ‘live’ qu’il faut les vivre, au plus près de Jack Art et de ses complices!
Ce soir, nous vibrerons, nous verserons notre petite larme de compassion, une ou plusieurs, au gré de nos sensibilités et de nos émotions, tant Jack Art est au plus proche de Candy, tant il semble être son confident, tant il connait tous ses secrets d’alcôve et les moindres détails de sa vie décousue, tout autant, ai-je presque envie de dire, cette affection qu’il lui porte.
Candy, cette âme soeur, est-elle née de l’imagination de Jack Art, ou a-t-elle réellement existé?
La question reste posée, et je ne vous apporterai aucun élément de réponse…

Fort de sa présence sur scène, et en l’absence de son guitariste, Jack Art va tout nous donner, que ce soit à la guitare électrique sur une majorité des titres, ou en électro acoustique sur d’autres. Jack Art fait son show! Stratocaster et Takamine vont pleurer, pour mieux nous bluffer. Chapeau l’artiste, ai-je envie de te dire. C’est du grand art, Jack!

La complicité sur scène est extrême. Les musiciens, Jean-Christophe Pouzet à la basse, Jacques Plier derrière les fûts, Gérald Daguet au clavier, tous complémentaires, ne font qu’un autour de Jack. Chacun d’eux, offrant quelques soli de leurs instruments respectifs, sera fortement applaudi, tout comme leur performance groupée, avec cette intense générosité pour tout nous donner.

Des compositions plus anciennes seront également jouées, ‘House on The Mountain’, ‘Different Roads’, ‘Heading South’,et ‘Wild Side Of Town’, titres figurant sur un album de 1999, époque entre 1995 et 2007 lorsque Jack Art officiait au sein du power trio Dust. Période où Jack écumait les rades et autres scènes entre Londres et Paris.

Privilège du live, nous aurons droit à deux compostions inédites, ‘Cut Loose’ et ‘The Craftsman’… Veinards que nous sommes! Uniquement deux reprises seront jouées, ‘Because The Night’ de Springsteen et ‘Unchain my Heart’ de Ray Charles, version Joe Cocker.

Ce soir, la salle du Pitchtime aurait méritée d’être pleine à craquer, pour que le public s’ouvre à la découverte, pour que le public jouisse sur des compositions, car cette soirée-concert était exceptionnelle! Mais qu’à cela ne tienne, caractérisés par cette vertu qu’est la générosité de ces artistes, ce n’est pas un titre en rappel mais trois d’affilée que ces vrais artistes nous offriront, sous les ovations du public, avec, en prime, un bonus: ‘Proud Mary’ de Creedence Clearwater Revival, avec Alain Sabatier, le ‘Boss du Pitch’ à la batterie.

Ne le cachons pas, Jack Art ne renie pas ses influences, au contraire… il les encense d’une touche personnelle ponctuée de diverses nuances! Nos amis américains commencent à nous envier The Jack Art Band. A preuve, fin août/début septembre, nos frenchies iront partager la scène new-yorkaise!

Amis lecteurs de Paris-Move, il est indispensable de vous procurer cet album ‘The life and times of Candy Rose’! Et peut-être que comme moi, après l’avoir écouté maintes fois, vous serez pris par cette envie de dépoussiérer quelques vinyles de tous ces artistes dont Jack Art est le digne héritier, pour les écouter à nouveau… avant de réécouter celui de Jack Art.

Un autre conseil: faites connaissance avec Candy Rose, dont voici la vidéo officielle ICI

Et j’en connais qui, comme notre rédacteur en chef, ont vécu les années d’insouciance des 60’s et 70’s, bercés par ces musiques rock, et qui vous diront que ce Jack Art Band fait partie de ces groupes qui prolongeront leur adolescence.

Pour commander cet album, rien de plus simple, rendez-vous sur la page Facebook du groupe, ICI
ainsi que sur le site officiel du Jack Art Band: ICI