The Flash & The Reverend Black Network au New Morning

The Flash & The Reverend Black Network au New Morning

Reportage : Alain Hiot
Photos : © Alain Hiot
Le New Morning, Paris, 16 septembre 2013

Les vieux proverbes sont souvent empreints de bon sens et le légendaire “Les absents ont toujours tord” a définitivement confirmé cette vérité ce 16 septembre au New Morning. Et tant pis pour ceux qui ne se sont pas déplacés. Il faut juste leur souhaiter qu’ils fassent un jour l’effort de venir écouter Lionel Raynal (aka The Reverend) et ses compères sur scène, à moins qu’ils ne préfèrent finalement mourir idiots, totalement imbibés de soupe télévisée.

Mais commençons par le commencement, avec The Flash, originaire de Longwy, qui va nous distiller une première partie pop-rock aux intonations plutôt seventies. Visiblement impressionné par la réputation du lieu, le combo est resté un peu sur la réserve et aurait mérité de se lâcher un peu plus sur scène. Il n’empêche que venus nous présenter leur album, ces musiciens nous ont gratifié d’un set bien carré dont certains titres ont même une fâcheuse tendance à ne plus vous lâcher de la journée si vous les écoutez au saut du lit. C’est le cas notamment de ‘Half a Sad Man Half a Dreamer’, titre mis en scène pour un clip totalisant déjà plus de 10.000 vues sur YouTube en quelques mois seulement et qui vous trotte dans la tête après une seule écoute.

Sur scène, ces jeunes ont encore du travail à faire (prenez en de la graine et regardez ce que The Reverend et ses acolytes envoient, sur scène!), ce qui est tout à fait normal vu l’âge des musiciens, et si par exemple les instrumentistes se mettaient à appuyer plus souvent la chanteuse avec quelques chœurs bien calés, le show en prendrait également plus de consistance. Une formation à suivre, donc, car il y a une vraie originalité dans leurs titres, sans oublier cette reprise du Jefferson Airplane, ‘Somedy To Love’, plutôt bien balancée et sur laquelle Elise, la chanteuse, va faire participer le public pour conclure ce set.

Venons-en à présent à la tête d’affiche, The Reverend Black Network. J’ai été un peu surpris du choix du premier titre que je m’attendais à voir extrait de l’album ‘Hell Or Heaven’ tout juste sorti dans les bacs. Au lieu de ça, Lionel Raynal, Patrick Baldran, Patrice Pillon et Bruno Maurin ont ouvert sur la reprise emblématique de Sam & Dave, ‘Hold On I’m Coming’, version boostée à l’EPO sauce Rock&Roll, déjà présente sur l’album ‘Still Alive and blue’ de 2002. Cerise sur le gâteau, deux talentueuses et bien belles choristes, Eva Suissa et Murielle Lefebvre, vont venir ajouter leurs voix à tous ceux déjà présents sur scène.


Vont suivre ‘Story of My Life’ et ‘Still Alive And Blue’, titre sur lequel Lionel va se déclarer toujours vivant et toujours debout, puis on en vient au premier titre extrait du nouvel album ‘Better Days’. Avec cette voix forgée à la clope et au Jack Daniel’s et l’apport des deux choristes, ce morceau a un sacré goût de Joe Cocker auquel il ne manquerait presque plus que quelques cuivres! Puis Lionel va prendre quelques instants pour nous présenter ‘Fade To Blue’ du regretté Bill Perry qu’il avait eu l’occasion de côtoyer dans ce même New Morning. Et là, les deux grattes vont s’en donner à cœur joie, faisant monter encore un peu plus la température dans une salle totalement acquise à la cause du Révérend. Un petit ‘Bad Time Blues’ en passant et l’on découvre ensuite le second extrait du tout nouveau CD, ‘Just a Shadow’. Dès le début du titre, le rythme est battu, soutenu par le public qui va déclencher une longue salve d’applaudissements pour saluer le groupe qui attaque dans la foulée le titre éponyme de l’album ‘Hell Or Heaven’.


Un rythme lourd et puissant parfaitement soutenu par la rythmique Patrice/Bruno, des grattes saturées magnifiques, les deux choristes au diapason avec ce ‘Set Me Free’ qui va faire vibrer le public, et un Patrick Baldran absolument déchaîné sur le bord de la scène. L’un des grands moments de cette soirée, conclu par Patrick avec la fameuse réplique de Danny Glover ‘On a plus l’âge de ces conneries!’, ce à quoi Lionel répondra avec un large sourire ‘Tu as raison, mais qu’est ce qu’on aime ça!’. Et oui, Messieurs, nous aussi on aime ça et on en redemande, de ces conneries là! Et nous sommes fiers d’avoir partagé ces moments avec ce groupe d’un niveau tel qu’il n’a vraiment rien à envier aux meilleures formations anglo-saxonnes.

On en vient ensuite à ‘Black Door’, un titre à l’ambiance assez envoûtante, dédié à Omar Ben El Mabrouck, batteur un temps du légendaire groupe TRUST, avant un nouvel extrait du nouveau CD, ‘Gardens of Stone’. Sur ce titre aussi le chœur féminin va donner cette saveur Joe Cocker qui rehausse encore plus ces compositions et leur apporte une indéniable plus-value.
On va ensuite également retrouver avec un plaisir intense l’un des plus grands standards du Blues, ‘Every Day I Have The Blues’ de B.B. King, dont c’était justement l’anniversaire, mais revu et corrigé façon Révérend avec une version sur-vitaminée parfaitement rythmée par le public. Et puis viendra un nouvel extrait de l’album, ‘East Side Of The City’, où l’on va de nouveau faire hurler les guitares et sur lequel Lionel va présenter les musiciens et les choristes, car c’était – ce devait être – le dernier titre de la set-list.

Mais la salle entière ne peut se résoudre à en finir là et le public réclame forcément du rab. C’est Patrice Pillon qui va tout d’abord revenir seul sur scène pour un solo de batterie qui va laisser la salle sur les rotules. Certains passages me font penser au cultissime solo de ‘Sweet Smoke’, et je ne suis visiblement pas le seul à fortement apprécier ce moment, si j’en crois les applaudissements et acclamations du public. Retour du groupe au complet pour une ‘Intro’ instrumentale avant d’attaquer un bien bel hommage rendu à Rory Gallagher, ‘Bullfrog Blues’, dans lequel on retrouvera quelques clins d’œil à ‘Roll Over Beethoven’ ou ‘Johnny Be Good’. Une spectatrice enthousiaste qui n’a eu de cesse de danser tout le long du set montera même sur scène, à l’invitation de Patrick, histoire de pimenter encore un peu plus ce morceau d’anthologie et finir cette soirée en beauté.
Finir? Comment cela finir? Le New Morning en veut encore et un autre titre va finalement nous être offert, ‘Rebel Gang’, issu de l’album ‘Superstition’ (2003), avec ce riff si particulier à la ZZ TOP. Un final en trombe sous les hourras de la salle!


Alors à tous ceux, jaloux, envieux ou médisants qui viennent régulièrement nous rabattre les oreilles, pour ne pas dire autre chose, en déclarant haut et fort que le Révérend n’est plus, à tous ceux-là je dis simplement que ce mec là est non seulement un artiste fabuleux, qui vient encore de nous le prouver ce soir, mais aussi un homme exceptionnel doté d’une sensibilité à fleur de peau et d’un talent incroyable. Tout simplement un grand Monsieur, avec un ‘M’ majuscule à qui je dis ‘MERCI’ Lionel, pour tout le plaisir que tu nous donnes!

Reverend Black Network