Ten Years After à Paris

Ten Years After à Paris

Reportage : Jacky Moutaillier
Photos : © Jacky Moutaillier
Le Trianon, Paris, le 21 Mai 2016

C’est avec peu de conviction que je me suis décidé d’aller voir et écouter la troisième mouture de Ten Years After, mais comme le concert est un 21 mai, jour d’anniversaire de Frankie, le Boss de Paris-Move, et que ce même Frankie a joué avec son groupe de rock des titres du TYA, il y a quatre décennies maintenant (hé oui, le temps passe…), dont le mythique ‘Love like a Man’, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas y aller. Alors direction Paris et la salle du Trianon.

Sur la route, les souvenirs me reviennent en mémoire… Un guitariste qui a crevé l’écran et la scène à Woodstock, un titre devenu légendaire, ‘I’m Going Home’, des paroles que des salles entières reprenaient en choeur (Goin’ home, my baby / Goin’ home, my baby,…), la Gibson rouge avec le signe Peace, le flot d’images se mélange au déluge de sons dans ma tête. Car pour moi, Ten Years After c’est de la musique mais aussi des images, des photos.

Pour ceux qui ne le savent peut-être plus, ou pas, la formation d’origine a été quelque peu chahutée par son leader Alvin Lee, car après une carrière fulgurante boostée par leur prestation à Woodstock, la situation devint intenable pour Alvin qui décida de se retirer en pleine gloire, lassé par des tournées interminables pour lui. Il faut dire que Ten Years After réalisa 28 tournées aux États-Unis en sept ans, plus que n’importe quel autre groupe britannique!

Celui que l’on surnommait « l’homme à la Gibson rouge », ou « celui qui jouait plus vite que la lumière » avait aussi l’impression d’avoir du mal à bénéficier de la même reconnaissance que les surdoués de l’époque (Clapton, Jeff Beck,…).

Alvin Lee se lancera alors dans une carrière solo musicalement plus ou moins intéressante. Les albums se succèdent mais manquent de vraie source d’inspiration pour un guitariste-chanteur qui se cherche toujours. Puis, la force de persuasion de ses agents, producteurs et amis poussent Alvin à se laisse tenter par une reformation de Ten Years After dans son line up original. Il se reformera sporadiquement en 1983 pour une tournée britannique puis en 1988 pour un nouvel album, ‘About Time’, et une longue tournée essentiellement axée vers la nostalgie et la reprise des vieux succès de la fin des années 1960. Une tournée gigantesque qui va vite tourner en eau de boudin et sera stoppée par Alvin une nouvelle fois. C’en est trop pour le groupe!

Alvin Lee sera remplacé par Joe Gooch, un excellent jeune guitariste qui va injecter une nouvelle fraîcheur a la formation. Mais Joe est jeune ; il a envie de créer sa propre formation et composer ses chansons sans être sous influence permanente du TYA. Avec Leo Lyons, le mythique bassiste de TYA, et un super batteur du nom de Damon Sawyer, Joe sort un premier album pour le nom de Hundred Seventy Split. Ce qui ne pouvait laisser les autres musiciens de TYA indifférent. Joe et Leo durent quitter le navire TYA.

Quelques semaines plus tard, le batteur Ric Lee annonce que Ten Years After survivra au départ du guitariste-chanteur et du bassiste, et qu’ils ont déjà leurs remplaçants…! C’est donc cette troisième version de Ten Years After que je vais rencontrer aujourd’hui.

J’ai toujours été très proche des musiciens du Ten Years After, et tous ces évènements, je les ai vécus en temps réel, avec eux. Je dois aussi admettre que pour moi, TYA sans Alvin Lee c’était chose impossible à mes yeux et que l’on ne pouvait concevoir TYA sans Alvin et sa Gibson rouge. Pourtant, Joe Gooch m’a démontré le contraire et ce soir, Marcus Bonfanti va me donner une sacrée gifle.

Et puis inutile d’avoir le moindre regret sur cette nouvelle mouture du TYA puisqu’Alvin est parti rejoindre les étoiles il y a 3 ans maintenant, un mercredi 6 mars. Il avait 68 ans…seulement. Mon coeur saigne encore d’avoir perdu un ami, un vrai, mais aussi et surtout un excellent compositeur-chanteur-guitariste. Mais « the show must go on », et bonne route à TYA.

La page Alvin Lee étant définitivement tournée, j’ai décidé ce soir d’être le plus objectif possible et de ne pas juger le groupe en le comparant à telle ou telle version du TYA.

Premier contact avec Marcus Bonfanti, le donc nouveau guitariste-chanteur, et Colin Hodgkinson, le nouveau bassiste. Deux mecs très chaleureux et très sympas. Ric Lee me dit d’ailleurs qu’il y a une bien meilleure ambiance à présent, dans le groupe, et je peux vous dire que cela se ressent. Le groupe se prête très aimablement à une mini-session photos, préalablement prévue avec Ric et son agent, et l’ambiance est véritablement très détendue.

L’heure est venue de monter sur scène. La salle du Trianon correspond parfaitement aux exigences du groupe: belle scène, très bon son, éclairage parfait, et décors assez kitsch. Ce soir le premier balcon sera ouvert car on prévoit environ 700 entrées. Le public est très diversifié mais une belle poignée d’irréductibles fans est bien présente. Les fidèles de TYA. Même si dans les couloirs quelques spectateurs osent quelques commentaires peu flatteurs sur la disparition d’Alvin et le départ de Leo, le public est venu pour écouter du TYA, et il veut entendre du TYA! Et je peux vous dire que le public ne sera pas déçu ce soir, car le groupe a décidé de jouer quelques précieux mythiques joyaux de TYA qui seront interprétés avec une énergie et une force spectaculaire.

Dailleurs dès les premiers accords de Sugar the Road, j’ai la chair de poule…! Ce titre est un must de l’album Cricklewood Green! Marcus est plus qu’à la hauteur. Le chant est parfait, collant tout à fait aux compositions du groupe, et le jeu guitare est stupéfiant. Je suis conquis dès les premiers titres.

Je dois admettre que le choix de Marcus Bonfanti pour assurer chant et guitare est une réussite. Je reste plus réservé par le jeu de basse de Colin, qui est un excellent musicien mais plutôt trop jazzy a mon goût, ce qui amène parfois une certaine rudesse sur certains titres, comme Good Morning Little Schoolgirl, qui reste un véritable défi pour n’importe quel bassiste. Même si Leo Lyons reste la seule référence en la matière, Colin va nous offrir un solo de basse d’une qualité incontestable. J’ai ressenti également une bien belle énergie de la part de Chick Churchill, resté bien trop longtemps en arrière du groupe du temps d’Alvin. Ric, lui, reste fidèle à lui-même, avec cette classe de batteur hors catégorie qui vous colle à la peau.

Le show fut parfait, oui, parfait, et ce fut un réel beau succès pour TYA à Paris.

Le public parti, la salle vidée, le concert fini, j’ai ressenti à nouveau cette angoisse et surtout cette tristesse de ne plus jamais revoir mon ami Alvin sur une scène. Heureusement, je vais bientôt revoir Leo Lyons et Hundred Seventy Split, et bien sûr que je retournerai voir Ten Years After!

Certains d’entre vous trouveront mes photos de ce soir peut être un peu banales, d’autres les trouveront belles, mais il y a des soirs comme cela où l’émotion était derrière le boîtier car mes sentiments étaient plus forts que l’oeil du photographe.

Merci à Ric Lee, a l’équipe prod, à Roland et à la fabuleuse équipe du Trianon, sans oublier David Wolf qui est venu me conseiller pour une prise de vue backstage.

Et puis surtout n’hésitez pas un instant et prenez vos places pour la prochaine tournée française de TYA qui sera accompagnée d’un nouvel album.

La set list de ce soir :

Photos et reportage : © Jacky Moutaillier

Important : Toutes les photos sont protégées par un copyright et ne peuvent être ni copiées ni utilisées sans l’accord préalable de Jacky Moutaillier.

Ten Years After