Susan Tedeschi au New Morning

Photos: Frankie Bluesy Pfeiffer
 
Après Nice puis Cognac, c’est à Paris que Susan Tedeschi bouclait sa série de concerts en France, assurant avec son éternel sourire la promo de son dernier opus, ‘Back To The River’. C’est face à une salle comble transformée en étuve que ‘la chanteuse blanche à la voix de noire’ débuta par ‘The Feeling Music Brings’, un titre de plus de sept minutes qui figure sur son troisième album, ‘Wait For Me’, avant d’enchaîner sur un premier titre de son dernier CD, ‘People’ et d’aligner une superbe interprétation de ‘Love Will’, coécrit avec son mari, Derek Trucks, chanson qui figure également sur l’album ‘Back To The River’.
 
La température de la salle devenue trop élevée et le plaisir de jouer firent tomber rapidement la veste très classe de Susan, qui en profita pour ranger ses lunettes avant de lancer la machine sur ‘700 Houses’ puis ‘There’s A Break In The Road’ , un titre repris à Allen Toussaint et qui est d’ailleurs le seul cover de ‘Back To The River’.
Tout le talent de Susan et de son groupe fut de proposer un set où se mêlèrent les titres du dernier CD avec ceux de ses premiers albums: de ‘Little By Little’ extrait de son premier album, ‘Just Won’t Burn’, à ‘I Fell in Love’ qui figure sur ‘Wait For Me’, en passant par ‘Love Never Treats Me Right’, sur ‘Better Days’, et bien entendu les incontournables de ‘Back To The River’, comme ‘Can’t Sleep At Night’ et ‘Butterfly’.
 
Fragile petit bout de femme lorsqu’on la croise en dehors de scène, Susan devient furieusement présente et impressionnante dès qu’elle a micro et guitare à sa portée. Chorus bien saignants, voix brûlante qui arrache tout sur son passage, Susan en impose de suite, à en faire oublier qu’elle est l’épouse de l’un des plus géniaux guitaristes actuels, Derek Trucks, et dont les admirateurs présents au New Morning espéraient bien, en secret, voir arriver le gratteux des ABB en invité surprise. Mais la famille Trucks a ses impératifs et les deux enfants du couple passent en priorité dès que l’un des deux peut les rejoindre. Alors, après les retrouvailles sur la scène d’un petit club près de Barcelone où Derek retrouva Susan entre ses concerts de Cognac et Paris pour un set plus qu’intimiste, c’est lui qui décolla pour les States pour y retrouver les enfants, laissant le New Morning à Susan et à ses musiciens. Des musiciens qui furent à la hauteur de l’événement, assurant avec brio et panache, malgré quelques petits soucis de matériel qui privèrent Susan de guitare en fin de concert. Le temps de reprendre la Telecaster dédicacée par John Lee Hooker, Buddy Guy et BB King, entre autres, et d’envoyer ‘Spanish Castle Magic’ avant qu’une longue ovation ne fasse revenir Susan et ses musiciens pour un rappel qu’on aurait voulu plus long encore. Interminable.
 
En bonus, Paris-Move vous propose ci-dessous quelques photos exclusives du sound-check de ce concert auquel Susan n’avait convié qu’un seul et unique spectateur, le fils d’un commerçant voisin du New Morning et dont le jeune âge lui rappelait sans nul doute celui de sa fille.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
 

Susan Tedeschi au New Morning – 29 juillet 2009 (par Dominique Boulay)

 
Elle nous avait honorés de sa présence dans ce même New Morning, le mardi 2 mai 2006, et l’événement était resté comme une tache indélébile dans notre mémoire et dans notre affect. Il faut vous avouer, en plus, que j’avais eu le privilège de la rencontrer le lendemain matin dans son hôtel parisien et qu’elle avait été aussi gentille et disponible qu’elle avait été talentueuse et généreuse la veille. D’ailleurs Gérard Drouot lui-même ne s’était pas trompé lorsqu’il m’avait avoué, en aparté, que cette artiste le scotchait littéralement tant elle débordait de talent. Et depuis, les faits sont venus confirmer nos prémonitions.
 
Au cours de cet été 2009, l’artiste américaine est revenue effectuer trois prestations dans l’hexagone. Trois lieux mythiques: le Festival de jazz de Nice, le Festival de Blues de Cognac et, à nouveau, le New Morning à Paris. C’est là, d’ailleurs, que s’achevait sa tournée européenne, les prochains concerts ayant lieu dans le Colorado, le Wyoming et l’Oregon, courant août.
 
Une foule impressionnante était de sortie, ce 29 juillet, et ce malgré une chaleur étouffante. La seule fois où il m’avait été donné de voir un tel rassemblement humain, rue des Petites Ecuries, en juillet, fut le dernier concert parisien de Kim Wilson et des Fabulous Thunderbirds, il y a deux ans. Avouez que la comparaison n’est pas fortuite en ce qui concerne le talent des artistes en présence!
 
Déjà nominée trois fois aux Grammy Awards, Susan Tedeschi est montée sur scène vers 21h30 pour ne plus nous laisser de répit pendant plus de deux heures. L’occasion pour elle et son formidable band de nous interpréter la quasi-totalité de son superbe opus ‘Back To The River’, glissant entre les titres récents plusieurs chansons de ses précédents albums.
Répéter qu’elle est excellente chanteuse et qu’elle manie la guitare avec dextérité serait vain si je ne mentionnais pas les prouesses musicales des musiciens qui l’accompagnaient: Ron Holloway au saxophone ténor, qui s’est dépensé sans compter, et Dave Yoke, armé de la même SG Gibson que Derek, le mari de Susan, qui allait nous donner à écouter, preuves à l’appui, que le talent de guitariste était partagé par quelques excellents musiciens outre-Atlantique. Lors de la venue précédente de la ravissante Susan, le bassiste était Todd Smallie, membre à part entière du Derek Trucks Band, ‘prêté’ pour l’occasion puisque le DTB jouait un mois plus tard à Paris, mais ce soir, la basse était entre les mains de Ted Pecchio, et sincèrement, nous n’avons pas perdu au change. Particulièrement actif et talentueux, l’artiste s’est livré à une véritable performance musicale, au diapason de Tyler Greenwell aux fûts qui en faisait suffisamment, de son côté, pour que la rythmique soit au top. Quant à Matt Slocum aux claviers, il joue aussi bien du Hammond B3 (hé oui!) que des claviers aux noms japonais.
 
Toute souriante mais très concentrée, la native de Boston nous a charmés pendant plus de cent vingt minutes. On lui a même pardonné le petit bug au démarrage d’un morceau. Un accord qui ne passe pas sur deux heures de présence sur scène est tout à fait pardonnable, surtout quand le reste du temps soli et rythmiques furent impeccables, joués à la D’Angelico six cordes ou sur la Fender Télécaster que Derek lui a customisée. Comme lui, d’ailleurs, elle ne manque plus les occasions de la faire dédicacer par les prestigieux guitaristes qu’elle croise sur son chemin.
Une fabuleuse soirée pour une fin de mois de juillet à Paris qui ne donne pas vraiment envie de prendre des congés tant il se passe d’événements que nous ne souhaiterions manquer pour rien au monde.
 
Dominique Boulay
 
 
A consulter :
Chronique du CD ‘Back To The River’: ICI
Susan Tedeschi sur MySpace: http://www.myspace.com/susantedeschi
Site officiel de Susan Tedeschi: http://www.susantedeschi.com/

Sur Zicazic, Susan Tedeschi à Nice, Cognac et Paris: ICI