Stinger au Pitchtime

Stinger au Pitchtime

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 10 Juin 2016

En ces temps quelques peu troublés où chacun de nous éprouve ce besoin de quiétude, de sérénité et de chaleur humaine, loin de l’effervescence des mouvements de foule, il n’y avait qu’un pas à franchir en ce vendredi 10 juin 2016, celui du seuil de la salle du Pitchtime à Dourdan, pour se laisser parcourir d’ondes positives. Très positives. Car ce soir Stinger est à l’affiche. Ce power trio dont la devise est ‘Maximum Rock and Blues’ est un remède infaillible pour dissiper toutes traces de stress et de morosité, à consommer en Live, sans modération ni contre-indication.

Si, j’allais oublier, une interdiction tout de même. Connaissant la performance explosive et scénique de ces trois lascars chauds et bouillants, une mise en garde s’impose. En effet, pour éviter tout pépin, il ne faut jamais les laisser jouer à proximité d’un iceberg, car très rapidement vous risquez de vous retrouver les pieds dans l’eau. Et si ce ne sont que les pieds, considérez-vous comme chanceux!

Depuis sa création au début des années 2000, Stinger a parcouru son chemin, a tissé sa toile sur de nombreuses scènes un peu partout dans l’hexagone, s’est forgé un nom, marquant désormais de son emprunte chaque endroit où il se produit. Avec tout de même 31 concerts alignés depuis le début de cette année 2016.

La formation actuelle est composée de 3 artistes confirmés et expérimentés: Jack Fevrier (chant et guitares), Bruno Manzini (basse) et Benoist LeMarchand (batterie).

Personnage bien connu et fortement apprécié du public, Jack a joué avec plusieurs formations (Les Elastics, Twinset, For Blues, et dernièrement The Shakin’Mates) et partagé de belles premières parties avec entre autres Raoul Petite et Louis Bertignac. Et comme si cela ne lui suffisait pas, il est présent actuellement en tant que chanteur-guitariste et harmoniciste avec Blues Company, un vraiment bon groupe de Blues Roots.

Il est à noter que les deux autres complices ne sont pas en reste. Benoist, après avoir partagé la scène dans le passé avec Bebop, Noir & Blanc et Blue By, joue actuellement avec deux formations orléanaises, Blues Factory et les Garen’s. Quant à Bruno, après avoir joué dedans étant enfant, on le retrouve avec Bac à sable (désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher…) et les Cinglés, vous pouvez également le retrouver sur scène avec le groupe Mocking Bird.

Il est 22 heures. Les présentations étant faites et le soleil tombé dans les bras de Morphée, place au concert. Il est temps de passer aux réjouissances et d’apprécier le concert à sa mesure. Je ne vous dirai pas à quelle heure avancée de la nuit se termina ce concert, de crainte de faire pâlir ou d’offenser de grosses pointures médiatisées jouant dans de grandes salles et qui, malheureusement, comptent un peu trop souvent leur temps, mais ce fut bien à une heure très avancée…

Ici, au Pitchtime et avec Stinger, la notion du temps est pour les artistes comme pour le public, le moindre des soucis. Un temps qui se figera de lui-même sur l’horloge de la salle, cette dernière, dans un esprit de contestation, ayant mis ses aiguilles en grève. Que voulez-vous, c’est d’actualité!

Durant deux longs, très longs sets et une trentaine de titres au programme, le groupe revisite un large répertoire, passant de Muddy Waters à George Thorogood.

Après un premier titre en acoustique, ‘Don’t think Twice it’s Alright’ de Bob Dylan, vont entres autres se succéder ‘Route 66’ écrit par Bobby Troup, ‘Gimme all your loving’ de ZZ Top, ou encore ‘Bullfrog Blues’ de Rory Gallagher. C’est la montée en puissance, et la température ambiante va grimper en flèche.

Incroyable, ce Jack, lorsque que l’on connait Gentleman Jack dans la vie privée, de le voir se métamorphoser ainsi totalement. Dès qu’il est devant son public, il prend une autre dimension et devient une véritable bête de scène. Mister Jack est survolté et n’a qu’une envie, tout donner à l’assistance, sans retenue ni concession. Ce que le public venu ce soir lui rendra à merveille.

Modulant ses cordes vocales avec brio, il vous transmet, vous balance de l’émotion pure, amenant à la jouissance ses Fender. Mister Jack force l’admiration, ponctuant de gestuelles et mimiques fascinantes ses déplacements sur scène, avec ce look évoquant (il faut le dire et regarder les photos pour comprendre le charisme que dégage le bonhomme) une certaine et sacrée ressemblance avec notre regretté et irremplaçable Calvin Russell.

Le rythme dingue de la soirée nous emporte comme un tsunami. Comment fait Mister Jack pour tenir cette cadence infernale durant toute la durée d’un concert?

La réponse me semble évidente: c’est inné et inscrit dans l’ADN du Showman. Un Jack qui en donne et en redonne encore à son public, alignant ‘Roll over Beethoven’ de Chuck Berry, ‘It’s all over now’ de Bobby et Shirley Womack, ‘Pride and Joy’ de S.R. Vaughan ou encore ‘San Francisco Bay Blues’ de Jesse Fuller.

Sur ces titres, comme sur tous les autres joués ce soir, d’ailleurs, impressionnante est également la prestation de Bruno. Complice de tous les instants, il imprime la cadence avec les rondeurs de sa basse, reprenant en choeur certains refrains et assurant aussi le spectacle. Non pas dans l’ombre, mais sous les lights. Tantôt face à son compère guitariste, tantôt à ses côtés, ou même en quittant la scène avec lui pour se mêler au public.

Imperturbable et redoutable d’efficacité derrière ses fûts et cymbales, Benoist a ce regard pétillant qui en dit long sur cette complicité fusionnelle qui assure le brio du trio, devinant avec un sourire taquin la prochaine improvisation de l’un de ses deux compères.

Avec Stinger, la part belle est également donnée aux amis. Aux vrais, aux fidèles. Trois harmonicistes présents, Bnopi Harmojito, Didier Etienne et Funny-Gonzo Django, viendront chacun leur tour partager un titre, gorgeant de blues leurs ruine-babines respectifs. Car Stinger a ce côté magique qui fait que très vite les musiciens présents font partie de la fête, et le public aussi.

En cette soirée d’ouverture de l’Euro de foot, bien sûr le public aurait pu être plus nombreux, mais respectons le choix de chacun, libre de vivre ses passions et de supporter ses couleurs. Les nôtres ce soir sont teintées de bleu et de rouge, de Maximum Rock and Blues. Nous avons vibré, intensément, et nos applaudissements nourris en témoignent.

En fin de deuxième mi-temps – pardon, de deuxième set -, Mister Jack quitte son maillot – pardon, il fait tomber la chemise -, et après plusieurs rappels, Stinger joue les prolongations. Non pas pour un, mais pour quatre tirs au but, dont ce sublime ‘ Walk on the Wild Side’ de Lou Reed, tel un baroud d’honneur!

Info de dernière minute et cerise sur le gâteau, j’apprends quelques jours après ce concert, la sortie de ‘Bad, Juicy and Blue’, le CD 12 titres de Stinger. Un album que je vous conseille de vous procurer, car en l’écoutant vous comprendrez pourquoi cette formation au talent indéniable mérite le qualificatif de ‘magic trio’.

Autre info capitale, cher lecteurs de Paris-Move: Stinger jouera le 2 Juillet en première partie des Fatals Picards dans le cadre du festival Rock in Rebrech’ à Rebréchien dans le Loiret. Deux dates sont notamment prévues en Septembre à Nürnberg, en Allemagne.

Retrouvez toutes leurs dates et procurez vous leur CD sur leur page Facebook. N’hésitez pas à ‘liker’ au passage. Stinger monte en puissance et prochainement, immanquablement, ils seront près de chez vous, alors découvrez les et allez les applaudir en concert!

https://www.facebook.com/StingerPowerTrio/?fref=ts

Reportage : Alain AJ-Blues

Photos : © Alain AJ-Blues

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