Simple Minds en concert au Bataclan, Paris

                                  Simple Minds au Bataclan

Reportage : Dominique Boulay
Réalisé le 18 juin 2010, au Bataclan
Photos : © Anne-Marie Calendini

Le 28 mai dernier se produisait au très charmant Divan du Monde, 75 rue des Martyrs, au cœur de Paris, une figure et un nom de la pop music sous le pseudo de Lostboy. Pour y jouer son album solo au titre éponyme, ‘Lostboy!’. Mais derrière ce pseudo se cache en fait Jim Kerr, le leader de Simple Minds.
Un an plus tôt, en 2009, le groupe écossais fêtait les 30 ans d’une carrière qui connut son apogée dans les années 80. Pas certain qu’aujourd’hui les moins de vingt ans ans percutent à l’évocation du nom de ce groupe et de ses membres. Et malgré les aléas du succès, Jim Kerr, le chanteur, et Charlie Burchill, le guitariste, tous deux membres fondateurs de la formation, continuent de composer et de se produire sur scène, même si les grandes arènes du passé ont laissé place à des salles bien plus petites…

C’est donc au Bataclan de Paris que les écossais ont déployé leur pop-rock puissante en ce vendredi 18 juin. Pas de première partie prévue et nous entrons dans le vif du sujet, directement. Il nous faudra attendre 20h45 pour voir arriver sur scène Jim Kerr, toujours aussi charismatique, accompagné par ses musiciens et sa sculpturale choriste.
Rançon du succès, les deux premières chansons désarçonnent quelque peu le public avide d’entendre les titres phares de la carrière du groupe. Enfin, la basse énergique introduisant le titre ‘Waterfront’ nous ramène en 1984, époque où la new wave d’outre-manche était le genre musical du moment, puis retour à 2009 avec ‘Stars Will Lead The Way’, issu du dernier album, ‘Graffiti Soul’, dans lequel la voix du chanteur, appuyée par celle de sa superbe choriste, sert une mélodie accrocheuse.
Suit ‘See The Light’, avec son implacable montée en puissance, porté par le phénoménal duo guitare-batterie toujours aussi impérial, avec Charlie Burchill à la guitare et Mel Gaynor à la batterie.

Sur la chanson suivante, ‘This Is It’, Jim Kerr, en communion totale avec son public, donne de la voix et du corps. Son énergie ne s’est pas tarie au fil des décennies.
Le concert se poursuit par l’incontournable et mythique ‘Mandela Day’, véritable hymne à la liberté, composé en 1989 pour la libération de Nelson Mandela. Jim Kerr, tournant son micro face au public, l’engage à reprendre le refrain à tue-tête. La salle est électrisée, fascinée, subjuguée, conquise, tandis que le dernier album reprend la main avec le titre d’ouverture, ‘Moscow Underground’, avec sa mélodie entêtante et ses riffs de guitare cinglants.

L’énergie du concert s’essouffle quelque peu avec les trois titres suivants, mais le coup de fouet attendu arrivera ensuite avec le grand classique ‘Someone Somewhere in Summertime’ tiré de l’album le plus inspiré des Simple Minds, ‘New Gold Dream’, duquel émane une magie classieuse, toujours intacte à ce jour. Dommage qu’en ce 18 juin 2010, Jim Kerr et sa bande n’aient joué qu’un seul titre de cet opus qui aura marqué de son indélébile empreinte la grande nouvelle vague anglaise des années 80!
Sur la scène du Bataclan, ce sont Eddy Duffy qui est à la basse et Andy Gillepsie aux claviers. De la splendide choriste, nous n’aurons jamais le nom et elle restera anonyme…, ce qui ne fera que renforcer l’aura dont elle brille au fond de notre imaginaire.

Quittons maintenant la période expérimentale du groupe pour arriver sur les terres d’un rock plus héroïque, à l’instar de titres comme ‘Once Upon A Time’ ou ‘Don’t You’, parvenant à faire communier le public à l’unisson.
Le groupe quitte la scène sous les clameurs stridentes d’un public pas du tout décidé à quitter les lieux. Après quelques minutes d’un rappel plus que bruyant, un trio inédit de chanteurs se présente sur le devant de la scène, composé de Jim Kerr, sa choriste et Mel Gaynor. Tous trois donnent alors l’occasion au public d’apprécier en solo la voix de la très belle choriste, puis Mel Gaynor se réinstalle derrière sa batterie tandis que la guitare acide de Charlie Burchill annonce le titre suivant, ‘Rockets’, compo au tempo accrocheur dont la puissance instrumentale et mélodique exhorte véritablement à décoller les pieds du sol.
Sur le titre suivant, ‘Alive And Kicking’, Jim Kerr cherche à nouveau à fédérer son public pour qu’il reprenne en chœur tous les refrains. Le concert se termine par la chanson ‘Ghost Dancing’ prolongée par le classique de Van Morisson, ‘Gloria’, repris par les Simple Minds sur leur album ‘Neon Lights’. L’énergie de ce titre mythique se déploie en un crescendo final qui embarque le chanteur, les musiciens et le public jusqu’à la dernière seconde du morceau.
Mel Gaynor quitte sa batterie une dernière fois pour venir saluer le public, faisant voler ses baguettes en direction des fans, bientôt rejoint par le bassiste, Jim et tous les autres. Le groupe au complet salue la salle en délire, rendant aux Simple Minds toute l’énergie qu’elle a reçu durant les 2 sets de cette superbe soirée de juin.

Même si pour ma part je fus un peu déçu de ne pas avoir entendu certains titres comme ‘Speed Your Love To Me’, ‘Up On The Catwalk’, ‘Hunter’ and ‘The Hunted’, ‘Big Sleep’ ou encore ‘New Gold Dream’, je me consolerai avec le DVD à paraître, enregistré lors du concert anniversaire donné par le band au Edinburgh Castle, l’année passée.
Ceci dit, je dois avouer que cette soirée fut pleine d’une énergie généreuse, emmenée par un Jim Kerr et des musiciens qui, en trente ans et dix sept albums studio, ont toujours été soucieux de nous mener sur les rails d’un rock tour à tour expérimental, mélodique ou puissant, mais toujours aussi énorme.
Un grand merci à eux pour ces compositions qui auront marqué les trois dernières décennies et, à nouveau, HAPPY BIRTHDAY, messieurs les ‘simples d’esprit’.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine
Simple Minds