ROOTS & ROSES FESTIVAL – 30 avril et 1er mai 2022 (premier jour)

ROOTS & ROSES FESTIVAL

ROOTS & ROSES FESTIVAL
Lessines, Belgique, 30 avril et 1er mai 2022
Jean-Christophe Baugé – BLUES MAGAZINEJAZZ NEWSLEGACY (DE)METALLIANPARIS-MOVEROCK & FOLK

Après une édition 2021 covid-safe excentrée dans l’espace et le temps, le festival wallon dédié aux formes modernes de folk, de blues et de rock’n’roll reprend sa configuration à deux chapiteaux. 29 groupes venus des deux côtés de l’Atlantique, 1 photobooth aménagé dans un combi Volkswagen, 1 label allemand (Stag-O-Lee) proposant du vinyle sans la marge d’Amazon pendant les changements de plateau… On vous narre par le menu pourquoi il fallait en être.

SAMEDI 30 AVRIL 2022

Trixie Trainwreck, femme-orchestre du duo country blues (presque) du même nom, se trouve fort dépourvue lorsque cède sa pédale de grosse caisse sur “Commuter Baby” (3 Cheers To Nothing, 2018). Qu’à cela ne tienne: l’harmoniciste Charlie Hangdog, qui a déroulé du câble, part en solo comme si l’incident était scénarisé.

What the fuzz: comment The Black Wizards, nés à l’ère du numérique, peuvent-ils à ce point vénérer le stoner psychédélique? La frontwoman du quatuor-devenu-power-trio Joana Brito en a tellement dans le pantalon que son caméo du “21st Century Schizoid Man” de King Crimson – publicité Paco Rabanne, pour les moins de 20 ans – passe crème.

Acoustique mais costaud, Moonshine Wagon est présenté comme le ZZ Top du bluegrass. On qualifiera pourtant son “hellbilly” d’imbibé à l’écoute de ritournelles comme “Binge Drinking” (beuverie express) ou “My Liver Is Trying To Survive” (mon foie tient comme il peut). Le groupe, qui n’a pas dormi depuis sa date à Bordeaux mais a petit-déjeuné au Jack Daniels, exige un circle-pit comme au Hellfest: folk you!

Nine Pound Hammer, dont le split en 1997 avait conduit le guitariste Blaine Cartwright à fonder Nashville Pussy, se la joue hard rock sudiste, sinon bas-du-front du moins dans-ta-face, jusque dans sa reprise du “Gimme Shelter” des Rolling Stones sans contrechant noir. On prendra plus de plaisir à retrouver le guitariste, avec son groupe principal et donc sa moitié badass Ruyter Suys, la semaine suivante à Wattrelos, dans le ch’Nord.

Jesse Dayton a beau avoir collaboré avec Johnny Cash et Willie Nelson, il reste fortement influencé par AC/DC: entre la lettre (“Whole Lotta Rosie”) et l’esprit (“Hammered”, battu à deux fois deux baguettes pour retrouver la lourdeur du “TNT” de Bon Scott et des frères Young), le Texan n’a pas encore choisi.

Sons, équipe espoir belge du punk garage, fait regretter à l’organisation d’avoir rogné sur le budget “crash barrières”: tous ses molosses sont réquisitionnés pour contenir les premiers rangs derrière les simples barrières en acier galvanisé.

On veut des légendes: Flamin’ Groovies ou ce qu’il en reste – Cyril Jordan, sa perruque et sa guitare en plexiglass (Ampeg Dan Armstrong) – capitalise sur la trilogie cinquantenaire Supersnazz (1969)/ Flamingo (1970)/ Teenage Head (1971) et sa suite power pop peu convaincante.

L’ineffable Arish Ahmad “King” Khan, en formule duo avec Mark “BBQ” Sultan, déconstruit le blues doo-wop quasiment à poil à 8°C sous le chapiteau principal. De tous les happenings – lancer de ballon de foot rempli d’eau, guérison impossible d’une spectatrice à mobilité réduite, distribution de whisky William Lawson’s – c’est le dernier qui restera dans les an(n)ales du festival: un verre à bière de la buvette termine sa course, depuis le public, dans le bide rebondi de son altesse. En route pour correctionner l’importun, celle-ci écourte le set avec un chapelet d’insultes en V.O. qu’on essentialisera en “fuck Belgium”!

Un quart d’heure plus tard, le même roi Kahn, qui a usé et abusé de dame bouteille, fera du gringue à la performeuse/ saxophoniste/ caution sexy Zumi Rosow des Black Lips… sans conclure.