ROOTS & ROSES FESTIVAL
Lessines, Belgique, 30 avril et 1er mai 2022
Jean-Christophe Baugé – BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METALLIAN/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK
Après une édition 2021 covid-safe excentrée dans l’espace et le temps, le festival wallon dédié aux formes modernes de folk, de blues et de rock’n’roll reprend sa configuration à deux chapiteaux. 29 groupes venus des deux côtés de l’Atlantique, 1 photobooth aménagé dans un combi Volkswagen, 1 label allemand (Stag-O-Lee) proposant du vinyle sans la marge d’Amazon pendant les changements de plateau… On vous narre par le menu pourquoi il fallait en être.
DIMANCHE 1er MAI
Plus d’une prestation dominicale sera placée sous le signe du saccage du matériel. Deadline, pour lequel l’habit ne fait pas le moine (costards rockabilly coordonnés), se fait fort d’outrager guitare Gretsch, basse Rickenbacker et ampli Hohner entre deux passages incongrus d’un chien sur scène… et devant une poignée de spectateurs matinaux qui n’en demandaient pas tant.
High Jinks Delegation, jugband comme il en pullulait au début du XXème siècle outre-Atlantique, replace le kazoo, les harmonicas en cartouchière et la contrebassine au centre des débats.
Dernier avatar de la mouvance rock psychédélique à chanteuse portée par les Avatarium, Blues Pills et autres Jess And The Ancient Ones, Siena Root, notre coup de cœur de Suède, a vu défiler près d’une trentaine de freaks dans ses rangs au cours d’une première vie discographique chez Root Rock Records. Le désormais quartet, stabilisé autour de l’ensorcelante chanteuse/ organiste Zubaida Solid, propose de larges extraits hors sol de son huitième album studio Revelation, prévu le 19 août 2022 chez Metalville.
C’est naturellement à The Italian Job, supergroupe éphémère de mafiosi rock sévissant en Belgique, qu’échoit la tâche de reprendre “Roots & Roses”, l’hymne du festival composé par Fred Lani en 2014. Marcella Di Troïa, chanteuse des Black Mirrors, et son copain clopant Romano Nervoso prennent la codirection des opérations.
Note: Mario Goossens, batteur de Triggerfinger et de Sloper avec son alter ego Cesar Zuiderlijk (Golden Earring), n’a d’italien que le prénom!
Comment les Lords Of Altamont, seigneurs et saigneurs du rock post-hippie de Los Angeles, ont-ils pu passer à travers les mailles du filet des organisateurs depuis 2010? Jack Cavaliere, ex-Fuzztones, ex-manager des Cramps et claviériste des Sonics, gentiment fâché avec ses retours de scène, déroule le full show en escaladant son Farfisa par la face rock. L’orgue subira les derniers outrages dans le public en rappel.
Le rhythm’n’blues rugueux des Californiens de The BellRays, starring Lisa Kekaula (Basement Jaxx, Crystal Method), est on ne peut mieux résumé par la phrase d’accroche autocollée sur la guitare de Bob Vennum: “Blues is the teacher, punk is the preacher”.
Les Inspector Cluzo, producteurs de foie gras le jour, duo guitare / batterie abrasif la nuit, rappellent en prolégomènes du “Hey Hey My My” de Neil Young que le rock’n’roll prend vie au-delà de 105 dB. S’ils ont refusé d’euthanasier leurs oies lors des dernières vagues de grippe aviaire, ils sont moins regardants sur l’intégrité physique de leur kit de batterie.
Grâce soit rendue au festival de Ronquières qui, pour 2022, a levé l’exclusivité sur les Limiñanas. Dans un maelström psychédélique rythmé sans cymbale par Marie Limiñana, le duo de sept musiciens (!) nous propose une projection d’extraits du cultissime Ne Nous Fâchons Pas de Georges Lautner et la chorégraphie à la chéchia de Foulques De Boixo pour le même tarif.
Les Suisses de The Monsters, propres sur eux avant que ne crache le 4×12 Marshall, flouteront une dernière fois la frontière entre rock dur et larsen pur au cours de l’after de 22h30.