ROOTS & ROSES Festival 2015

ROOTS & ROSES Festival 2015

Reportage : Jean-Christophe Baugé
Photos : © Jean-Christophe Baugé (https://myspace.com/deadlypix)

ROOTS & ROSES
Lessines (B), 01/05/2015
6ème édition
12 groupes
2 scènes
Tête d’affiche: Mudhoney
2 500 entrées

Le petit festival dédié aux formes modernes de la musique roots anglo-saxonne s’installe dans une confortable routine en proposant une affiche néo-vintage, éclectique, et du même calibre que celles des années précédentes. Pour sa seconde date belge, Louis Barabbas & The Bedlam Six – en référence à l’établissement psychiatrique ‘Bethlem Royal Hospital’ – entend bien botter le maximum de culs avec son Folk/ Rock/ Soul très second degré.

Louis l’hyperactif est une bête de scène (sauts et jetés de jambe ‘french cancan’) et de fosse (il s’éclate contre le crash barrière avant son bain de foule) qui chante l’amour de façon caustique (‘Let Me Down Slow’, ‘Matilda & The Screw’, ‘Mary’…).

Mais où puise-t-il autant d’énergie? Sans doute dans sa flasque de Whisky ‘The Famous Grouse’.

Le trio de Brooklyn Daddy Long Legs, vu dans l’Emission d’Antoine sur Canal+ (26/02/2016), est l’archétype du groupe post-Blues abrasif pour lequel ce festival semble avoir été créé.

Le line-up est celui qui a mis en boîte ‘Evil Eye On You’ (2012) et ‘Blood From A Stone’ (2014), deux secrets encore trop bien gardés de Norton Records: Brian ‘Daddy Long Legs’ Hurd, chanteur sans micro pour harmonica, Murat Aktürk, guitariste ersatz de Johnny Thunders avant sa descente aux enfers, et Josh Styles, batteur visiblement allergique aux cymbales. Les moments de bravoure à l’avant-scène auraient mérité un bel éclairage de façade et un arrière-plan plus glamour que celui d’un chapiteau de foire au vin.

Seule sur scène, calée sur sa chaise, les ‘black shades’ sur le nez, Rory Block commence par tordre le cou à certaines rumeurs: non, elle ne prend pas sa retraite, elle déteste juste prendre l’avion en tournée. Son tour de chant est consacré au Blues du delta: Robert Johnson (‘Crossroad’) dont elle a décortiqué le style dans deux DVD pédagogiques, Son House (‘Preachin’ Blues’), Mississippi John Hurt (‘Frankie’)…

Il y a quelque chose de surréaliste à voir cette sexagénaire très amaigrie exceller en fingerpicking, maîtriser le maniement du bottleneck et changer en un temps record les open-tunings de son unique guitare Martin entre deux morceaux. Ce n’est qu’en fin de parcours qu’elle s’autorise à jouer une composition personnelle, ‘From The Dust’ (du CD à la pochette sexy du même nom, 2005), écrite après visionné un reportage sur le peuplement de la planète.

Après l’insoutenable forfait de 2014 (décès de la mère de la chanteuse Koko Jean Davis), dire que The Excitements est attendu est un euphémisme. Le septet Soul barcelonais, fraîchement débarqué d’avion, éclipse toutes les autres formations. Pourtant, dès l’intro instrumentale, Koko trébuche et choit à cause d’un retour de scène mal placé. L’instant, fugace, est bien vite oublié car la mini panthère noire se donne à 200%, stimulant parfois le guitariste soliste Albert Greenlight sous l’oeil plus paternaliste que jaloux du rythmique Adrià Gual…

Un show à la Tina Turner parfaitement maîtrisé, et une voix au diapason, sur tempi rapides (‘Keep Your Hands Off‘) et lents (‘I’ve Bet And I Lost Again’). Le duo d’anches, starring le sax baryton de Nico Rodriguez Jauregui qui taquine le ‘La’ grave, parfait le son old school. Koko profite de ‘That’s What You Got’ pour réajuster son soutien-gorge en coulisses avant de balancer la première série de rappels du jour.

L’organisation, consciente de l’émoi que provoque une performeuse black sur son public, entend bien réitérer l’exploit en 2016 avec The BellRays… et le gros King Khan en cadeau bonux.

Reportage et Photos : Jean-Christophe Baugé

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