Romain Petite au Pitchtime

Romain Petite au Pitchtime

Reportage: Alain AJ-Blues
Photos: © Alain AJ-Blues
Le 5 mars 2016 au Pitchtime, à Dourdan (91)

Ma fidèle compagne étant toujours à mes côtés lors des concerts auxquels j’assiste, voilà pourquoi pour ce nouveau reportage j’emploierai le ‘nous’ pour elle et moi, simplement pour exprimer notre ressenti à tous deux et vous faire partager nos émotions communes. Nous faisons toujours confiance à notre bonne étoile, ainsi qu’à nos fidèles amis.
Certains d’entre eux, étonnés que nous ne connaissions pas encore Romain Petite, nous ont conseillé et même vivement recommandé d’assister à un de ses concerts. Alors, ce 5 mars 2016 l’occasion est trop belle, car Romain Petite est à l’affiche du Pitchtime à Dourdan. Un évènement que nous n’allons bien entendu pas manquer!

Le concert ne débutera qu’à 22 heures, mais impatients de faire connaissance avec les artistes, nous arrivons dès 19 heures. Les musiciens finissent leur balance. Ce soir, Romain Petite est accompagné de grosses pointures: Manu Vergeade à la guitare, Jean-Marie Maynadier à la basse et Thierry le Gall à la batterie. Que du beau monde.
Alain Sabbatier, ‘le Boss du Pitch’, nous offre très souvent un privilège, celui de partager le repas à la table des artistes avant le concert. Ce que nous faisons ce soir, nous permettant ainsi de découvrir à nos côtés des personnages humbles, disponibles, enjoués et adorables, des gens comme vous et nous, en fait, des gens simples qui ne se la pètent pas!

Il est 22 heures, l’heure tant attendue, dirons-nous, car ce soir il y a du monde dans la salle. Beaucoup de monde malgré cette période de vacances scolaires, et c’est très bien, car cela démontre que des salles comme le Pitchtime qui proposent des concerts de qualité peuvent et savent attirer les amateurs de bonne et vraie musique. La majorité du public est venue entre amis ou en famille pour retrouver et écouter ces artistes. Les sourires sur les visages en disent long déjà, même si le meilleur est à venir, pour deux longs sets, et ce, jusqu’au petit matin. Car dans ce genre d’endroit intimiste comme le Pitch, nous savons toujours quand débute un concert, mais impossible de dire quand il prendra fin.


Dès le premier titre, ‘I’m Tore Down’, de Clapton, nous prenons notre première gifle, envoûtés par la voix de Romain Petite et ses premières envolées aux claviers. Le talent de Romain est non seulement indéniable, mais il a ce truc en plus qui vous prend, vous enveloppe, vous submerge.
Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car des claques, magistrales pour certaines, nous allons en prendre toute la soirée!


Même si nous vous avouerons tout de même avoir un faible pour les compositions, nous ne pouvons que reconnaître que Romain Petite possède un don, lorsqu’il s’empare de ces standards intemporels. Il ne se contente pas de les adapter, il va bien au-delà, car tous ces diamants bruts, tel l’orfèvre, il les polit, les façonne, les taille et les cisèle de quelques arêtes vives aux multiples couleurs. C’est sa signature, la griffe de l’artiste. Tout comme son style musical, elle est inclassable. Et ce que nous offre ce soir l’artiste est un voyage initiatique au coeur de la musique américaine: du blues avec ‘Help me’ de Charlie Musselwhite sur lequel Romain nous collera quelques frissons à l’harmo, de la country et du folk avec ‘ Railroad Worksong’ ou d’un swinguant bon vieux Rock’n’Roll des sixties avec ‘You never can tell’ de Chuck Berry, pour notre plus grand bonheur et celui du public.


L’homme aux multiples facettes nous dévoile ses talents de pianiste, d’harmoniciste, et nous surprend, nous étonne avec encore un don, celui de moduler le timbre de sa voix comme par enchantement, en parfaite harmonie avec le thème du répertoire choisi.
Oserions-nous dire que ce qui est inclassable est unique? A n’en pas douter, avec Romain Petite la réponse est oui!
Quand explose la voix de Romain sur ‘Hoochie coochie man’ de Muddy Waters et ‘The key to the Highway’ de Big Bill Broonzy, rejaillissent en nous tous les démons du blues. Larmes aux yeux, nos regards se croisent. Ma compagne me prend la main et la serre fort. Elle me l’a déjà fait, ce coup-là, mais c’était lors de concerts de Calvin Russell, Johnny Winter ou Albert Lee…. C’est vous dire l’émotion et les frissons que provoquent ce grand artiste qu’est Romain Petite!

Parmi tous les titres joués, citons cette composition, ‘You won’t cry anymore’ de Manu Vergeade. Elle sera d’ailleurs jouée une seconde fois pour un ami du groupe arrivé un peu plus tard dans la soirée. En parfaite communion avec le public et en totale symbiose entre eux, les quatre compères pratiquent la magie de l’improvisation, ou l’inverse. Les titres se succèdent, sans suivre une set-list établie à l’avance. Les musiciens jouent totalement au feeling, et cette magie-là est totalement ressentie par le public. Une boutade de Jean-Marie, non dénué d’humour, un sourire de Thierry ou un clin d’oeil entre Romain et Manu décident du prochain titre à jouer.

Déconcertants d’aisance, Jean Marie et Manu se partagent les choeurs tandis que les rondeurs de basses répliquent aux frappes des baguettes et les notes du clavier conversent avec les riffs de la Gibson. Cette totale et extrême complicité, cet intense plaisir de jouer, cette joie de vivre sur scène, nous la ressentons au plus profond de nous même et la vivons avec eux.

Comme il est de coutume au Pitchtme, le ‘boss’ Alain Sabbatier partage un titre avec le groupe et son sourire en dit long sur ce percutant ‘Sweet Home Alabama’ de Lynyrd Skynyrd auquel il est invité pour assurer la batterie.


Nous prendrons encore quelques belles montées d’adrénaline avec frissons en prime sur ‘Knocking on heavens’ door’ de Bob Dylan et un magistral ‘Can’t you see’ du Marshall Tucker Band, sous les ovations du public. Ce dernier, insatiable, en demande et en redemande encore. Mais cette fois encore les artistes ont tout donné, et toute bonne chose ayant une fin, il est temps de vous quitter avec des étoiles plein les yeux.

Ces deux titres précédemment nommés sont présents dans l’album ‘Friend’s Affair’ (album que nous vous conseillons fortement, bien entendu!) dont le nom est souvent associé avec celui de Romain Petite. Sur scène vous pouvez retrouver Romain avec divers artistes suivants les concerts proposés, car avec Romain tout est une affaire de potes, permettant ainsi des prestations toujours différentes et uniques.
C’était notre premier concert en compagnie de Romain Petite et ses musiciens, et comme vous l’aurez compris, ce ne sera pas le dernier. Pour nous, il y en aura bien d’autres, car cette soirée exceptionnelle restera gravée dans nos mémoires.

Je m’adresse à vous, lecteurs de Paris-Move, car désormais considérez-moi comme un ami fidèle. Je vous invite et vous conseille impérativement à découvrir Romain Petite sur scène.
Je m’adresse également à vous, gérants de salles, organisateurs de festivals: sachez que le prochain album de Romain sera un album uniquement de compositions, alors osez, n’hésitez pas à le programmer! Il le mérite amplement. Vous ne serez pas déçus, et votre public aussi, car Romain Petite fait partie des incontournables de la scène française.

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues

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