Philip Sayce en concert à la Boule Noire

Philip Sayce en concert à la Boule Noire

Reportage: Dominique Boulay
Photos : © Bruno ‘Nono’ Migliano

Il avait tiré à boulets rouges lors de son mémorable passage au Réservoir, en 2010, et les habitants de la rue de La Forge Royale ne s’en sont toujours pas remis. Puis il avait sillonné la France avec ‘Deep Purple’, histoire de submerger l’hexagone de ses envolées guitaristiques et ne voilà t’il pas qu’il nous fait l’immense plaisir de venir nous en remettre une bonne dose en ce mois électoral bien frisquet. Et comble de l’humour, c’est à la Boule Noire qu’il a posé ses guitares, d’ailleurs chargées à fond, car le show à peine commencé il faisait feu de toutes ses cordes!

La première partie, car il y en avait une, était assurée par Olivier Gotti. Un français méridional qui joue le Blues à la guitare Weissenborn avec slide. Courageuse et excellente mise en bouche, à vrai dire. Courageuse, parce qu’il ne faut pas se poser de questions pour passer en première partie du canadien d’adoption. De l’acoustique avant le déluge de décibels, c’est un peu comme une bière sans alcool avant un Woodford Reserve ou un Jim Bean bouchon noir! Mais le frenchie l’a pourtant fait. Et bien, en plus. Des reprises de blues classiques de Robert Johnson ou Blind Willie Johnson, des compositions personnelles et une excellente interprétation du ‘Billie Jean’ de Mickael Jackson ont conquis l’assistance. Avec, il faut le souligner, un excellent timing: les portes avaient été ouvertes à 19h, Olivier Gotti avait démarré à 20h, et le héros de la soirée envoyait son premier riff à 21h.

Celui qui fut le guitariste de Jeff Healey, enregistra avec Uncle Kracker et accompagna longtemps Melissa Etheridge vole désormais de ses propres ailes, et sous son nom, depuis déjà quelques temps. Il nous a gratifiés de quatre superbes albums et le dernier mérite parfaitement son titre puisqu’il s’intitule ‘le rouleau compresseur'(*). Et c’est exactement comme si nous étions passés dessous, lorsque l’on ressort d’un show du jeune homme!

C’est à un déluge de notes lumineuses que nous sommes exposés. Car le jeune homme est créatif, inventif, prolixe et généreux. Doté d’une gentillesse extraordinaire, c’est même en français (approximatif, il est vrai, mais en français, s’il vous plait) qu’il nous remerciera même d’être venus le voir. L’exploit, selon lui, résidant davantage dans le fait d’avoir bravé les aléas des transports en commun et des embouteillages pour venir l’écouter plutôt que dans la prestation à laquelle il s’est livré.
En cette période où pronostics et pourcentages vont bon train, je vais vous donner quelques informations sur les albums du garçon qui ont été joués ce soir: le grand gagnant est le dernier album, qui a eu plus de la moitié de ses titres joués, puis c’est aussi l’avant dernier qui a été passablement revisité. Ce qui a permis aux aficionados présents lors du concert précédent de bénéficier d’un set renouvelé en grande partie. Avec toutefois à nouveau, et pour notre plus grand plaisir, cette exceptionnelle relecture du ‘Cinnamon Girl’ de Neil Young!

Une seule erreur dans l’emploi du temps de cette soirée qui devait se terminer à 22h30: nous avons eu droit à un petit bonus d’une quinzaine de minutes supplémentaires…pour notre plus grande satisfaction! Vivement son prochain passage. On l’espèrerait bien à l’Olympia ou dans une salle plus grande, avec d’autres artistes, car il mérite bien de jouer dans des endroits proportionnels à son talent. Walter Trout me disait dernièrement, lorsque je l’ai rencontré pour l’interviewer sur son dernier opus, ‘Blues for the Modern Daze’, qu’il connait Philip depuis que le garçon a 17 ans et qu’il le trouvait déjà très doué pour la guitare. Vingt ans plus tard, on se dit que le Walter avait bel et bien raison!

(*) Albums de Philip Sayce:
Silver Wheel of Stars (2007)
Peace Machine (2009)
Innerevolution (2010)
Ruby Electric (2011)
Steamroller (2012)