Peter Nathanson & Nina Van Horn au Blues Corner à Versailles

Peter Nathanson & Nina Van Horn au Blues Corner à Versailles
Vendredi 2 février 2018
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues
Montage photo (présentation du concert): Steve W.
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L’évènement était attendu, à ne manquer sous aucun prétexte. Avec empressement, en ce vendredi 2 février 2018, nous suivons la direction indiquée par le Roi Soleil chevauchant sa monture de bronze sur la place d’armes devant le château de Versailles.
A notre époque où malheureusement les lieux pour accueillir artistes et public se font de plus en plus rares, lorsqu’une nouvelle salle de concerts ouvre ses portes, c’est bien d’un évènement qu’il faut parler, ou d’une prophétie accomplie et bénie par Apollon, le Dieu de la musique. Alors réjouissons-nous de l’ouverture de ce Blues Corner….!

Pour cette première soirée concert, nous faisons nos premiers pas dans cette belle salle Delavaud, maison de quartier de Porchefontaine, où nous sommes accueillis par Jean-Philippe Lalande et Jean-Michel Parent, tous deux initiateurs du Blues Corner. Une carte de membre du “Blues Corner Club” nous est offerte, et de suite, au sein de cette ambiance conviviale, nous avons ressenti ce bien-être qui caractérie les salles où l’on aime écouter de la musique. Pour nous, ma compagne et moi, la première impression est très souvent la bonne, celle qui ne trompe pas. Et en ce lieu, qui est pour nous deux une première, nous nous sentons déjà un peu comme chez nous.
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Loin des potins de la Cour du Roi, loin des secrets d’alcôve, ce soir notre Prince ne sera pas Louis-François de Bourbon-Conti, non, il sera Peter Nathanson, ténor de la six cordes, et Prince du Texas Blues. Notre Reine ne sera pas Marie Thérèse d’Autriche, non, elle sera Nina Van Horn, notre grande Dame et Reine incontestée du Blues.
Tous deux, Peter et Nina, dont nous connaissons la générosité du coeur et la noblesse de l’âme, ont accepté de parrainer cette première soirée au Blues Corner.
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Avant concert, nous partagerons quelques instants précieux avec Daniel Léon et son épouse, venus de la région lyonnaise. Daniel nous dédicacera son livre, “Charlie n’est pas mort en vain. Le Blues en héritage”, sélectionné par Paris-Move, et qui vous est présenté ICI.
Sélection Paris-Move de ce début d’année, le livre “Charlie n’est pas mort en vain – Le blues en héritage”, par Daniel Léon, est un roman passionnant que vous aurez plaisir à offrir à tous les amateurs de blues que vous connaissez, mais aussi à tous les amateurs de bons bouquins!

Il est 20 heures. Le public venu nombreux prend place dans la salle, assis autour des tables, car l’heure des réjouissances vient de sonner: c’est la venue sur scène de Peter Nathanson accompagné par la solide rythmique de Los Wackos, avec Bruno Baïdez à la basse et Michel Théodule à la batterie. Instrument indissociable du Blues, l’harmonica est à la fête ce soir, avec la présence de l’excellent Gilles Gabisson.

Une bonne dizaine de titres seront joués, dont quelques vieux standards du Blues, revisités et adaptés, dont ‘I don’t Bellieve’, avec une intro à la Joe Bonamassa, un ‘Poor Boy’ version Jeff Beck/Imelda May ou encore ‘I just want to make’ version Foghat.

Avec humilité, Peter Nathanson dira qu’il est toujours à la recherche d’un son de guitare bien à lui, qu’il ne l’a pas encore trouvé, mais qu’au fil du temps, il s’en approche. Pourtant, lorsque Peter est sur scène, devant vous, jouant avec un onglet au pouce (technique dont il s’est fait une spécialité), avec son style incomparable, précis, racé, subtil, ponctué de riffs envoûtants, il vous bluffe totalement avec sa déconcertante facilité de jouer. Et vous vous dites que même si la perfection n’existe pas, dans notre bas monde, ce guitariste de l’extrême s’en approche de si près qu’il en flirte avec. Peter Nathanson nous en fera d’ailleurs une superbe démonstration sur quelques titres de son dernier album en date, ‘Opium Kiss’.

Parmi les titres joués ce soir, citons ‘I Want You’, ‘Can’t Find the Reason’, ‘Smokestack Stomp’, ‘The Way that you Dance’ et ‘Opium Kiss’, bien sûr, sur lesquels s’imposent le groove du jeu de basse de Bruno Baïdez et la cadence mesurée de Michel Théodule derrière les fûts.
Quand à Gilles Gabisson, c’est la grande classe, un grand parmi les grands! Complice de tous les instants, son ruine-babines converse diaboliquement avec les riffs de gratte de Peter Nathanson, insuffle son Blues pour indéniablement faire passer le frisson supplémentaire.

Un dernier Blues, ‘All your Love’ signé Otis Rush, clôture la prestation de Peter et de ses complices sous une longue ovation du public.
Ce soir, comme il le fait habituellement, Peter jouait avec sa fidèle guitare, son inséparable Strato. Secret d’alcôve que je vais vous dévoiler, oui, il y en a tout de même, car nous sommes à Versailles… Depuis des lustres, Peter et sa Strato sont liés dans l’intimité, et cette dernière lui a confié tous les petits secrets de sa zone érogène. Vous comprenez pourquoi, ce soir, Peter a fait frissonner et pleurer de plaisir cette guitare pour nous…. jusqu’à la jouissance. De quoi rendre jalouses Henriette d’Angleterre, Louise de la Vallière et Madame de Montespan, favorites de Roi.

Après une petite pause, place au Show, celui de Nina Van Horn, notre noble et grande Dame du Blues.
Les musiciens ont pris place sur scène. Juste une intro pour annoncer l’arrivée de Nina qui, sous les applaudissements du public, entonne, le poing levé et rageur, ces paroles: ‘And now we got a revolution, because I see the face of things to come, yeah, your constitution’. Ce soir, avec ‘Revolution’, ce premier titre de l’album ‘Nina Van Horn sings Nina Simone’, notre Nina rendra un poignant hommage à l’autre Nina, reprenant quelques titres du répertoire de cette autre grande Dame que fut Nina Simone, légende à la peau d’ébène qu’elle considère comme une grande soeur.
Un album noté “Indispensable” par la rédaction de Paris-Move, un album que je vous recommande très vivement, et dont vous trouverez la chronique ICI.

C’est la quatrième fois que nous assistons en live à ce concept ‘Nina sings Nina’, deux fois déjà en formation quintet, comme c’est le cas ce soir, et dernièrement en décembre en formule trio.
Nina Van Horn, show-woman dans l’âme, assure toujours un spectacle de très forte intensité, tant par sa complicité avec ses musiciens que par sa communion totale avec le public. Sur cette belle et grande scène du Blues Corner, elle va totalement s’extérioriser, nous éblouir, dansant, virevoltant, nous captivant avec cette voix qui vous prend aux tripes et qui vous colle au coin des yeux une larme émotionnelle.
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Ce soir, ceux qui découvrent Nina sur scène, tout comme ceux qui la retrouvent, garderont en mémoire cette belle et forte image, lorsque semblable à l’envol majestueux de l’aigle royal, l’ange Nina déploie ses ailes frangées de rouge.

Généreuse, Nina laisse toujours la part belle à ses musiciens, pour que chacun d’eux brille de son talent. Guitariste au jeu très innovant, Masahiro ‘Mar’ Todani, contrairement à ce qu’il envoie lorsque Nina chante dans un répertoire plus blues-rock, joue un peu plus en retenue sur le registre de Nina Simone, mais lorsqu’il se lâche sur ‘House of the Rising Sun’ ou ‘Old Jim Crow’, par exemple, vous ne comptez plus les frissons vous parcourir, tant ils sont légion.

Nina se produit souvent en Chine et elle nous expliquera que même si, pour des raisons historiques, les chinois n’apprécient pas trop les japonais, lorsque Masahiro l’accompagne lors de ses tournées sur les scènes chinoises, ces derniers sont totalement bluffés par l’énorme talent de ce guitariste né au pays du soleil levant, lui en redemandant toujours et l’applaudissant très longuement, reconnaissants qu’ils sont de sa juste valeur.
Le public du Blues Corner lui fera également une ovation méritée.

Denis Aigret, dont la jovialité n’a d’égal que son toucher et sa dextérité à la basse, se la joue un peu félin, toujours à l’affût de la moindre facétie pour que soit extrême la complicité sur scène et dans la salle. De quelques douceurs il nous fait ronronner sa basse, de quelques véhémences il nous la fait gronder, mais sans jamais la contrarier, pour toujours mieux l’apprivoiser et la faire jouer.

Spécialiste des rythmiques africaines, Mathias Bernheim est un batteur d’exception, tant il excelle dans son art. Il faut non seulement l’écouter, mais le regarder jouer! Ce maître du beat jongle avec ses baguettes, esquissant un sourire en caressant les fûts avec désinvolture ou se parant d’un rictus en augmentant la cadence pour quelques élans effrénés. Sa maîtrise est impressionnante et saluée comme il se doit par le public du Blues Corner.

Impressionnant, ce Mathias, tout comme l’est Léandro Aconcha, Premier Prix de conservatoire au piano. Imperturbable devant son clavier, Léandro, doigts d’or sur les touches, nous fera succomber de ses envolées magiques, soul et jazzy, comme sur ‘ Mississipi Goddam’ et ‘Love me or leave me’.

Avec à ses côtés Masahiro, Denis, Mathias et Léandro, Nina est entourée d’une élite de musiciens, dont l’énergie déployée et débordante est contagieuse. Citons quelques titres joués, comme ‘Be my Husband’, ‘My Baby just cares for Me’, ‘Save Me’, ‘Feeling good’ et ‘Backlash Blues.
Avec ce charisme et cette émotion forte dans la voix qui lui sont propres, Nina Van Horn nous conte quelques anectotes de la vie de Nina Simone et des pénibilités de son époque. Les intonations de sa voix se modulent au gré des titres pour mieux nous faire ressentir la force des textes, comme sur ce poignant ‘Ain’t got no’. Tout comme elle fera rejaillir en nous les joies, les peines et les révoltes exprimées dans cette musique, comme avec ce titre, ‘Sinnerman’, dont le public reprendra en choeur ‘Power, Power….’!

En fin de concert, Nina nous présente ses musiciens, et chacun d’eux nous offrira un solo dont il détient le secret. Masahiro descend de la scène pour faire le tour de la salle et se mêler au public, totalement dans son trip de guitariste, improvisant et jouant tout au feeling, fisant intensément vibrer toute l’assistance.

Pour offrir au Blues Corner un final en apothéose, Peter Nathanson et Gilles Gabisson se joignent à Nina et ses musiciens pour un dernier titre, sous les ovations du public qui clôturent une soirée exceptionnelle, qui a tenu toutes ses promesses.
C’était une première soirée concert au Blues Corner, et ce furent les premières touches de magie dans cette salle versaillaise. Une totale réussite, une organisation sans faille, une sonorisation et des jeux de lumières à la hauteur de l’évènement, un public venu nombreux, c’était un première qui en attend d’autres, beaucoup d’autres, pour que vive le Blues et que vibre le public!

Paris-Move étant partenaire du Blues Corner, amis lecteurs et vous tous, passionnés de Blues, nous ne manquerons de vous informer de la prochaine date de concert au Blues Corner.
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Retrouvez l’interview de Peter Nathanson sur le site PARIS-MOVE: ICI
Retrouvez l’interview de Nina Van Horn sur le site PARIS-MOVE: ICI
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Site officiel de Nina Van Horn: ICI

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CR du concert de Peter Nathanson & Nina Van Horn au Blues Corner à Versailles, vendredi 2 février 2018.
Reportage & Photos: © Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)